Le 15 août 1944 et ses implications

débarquement

Commémorer les 80 ans des débarquements - normand et provençal - n'a rien d'anodin. Les conséquences politiques et diplomatiques de la Libération ont été déterminantes.

La fin de la seconde guerre mondiale est marquée par la concertation diplomatique entre les puissances alliées. Dans les relations interalliées, le contraste entre les excellents rapports de Roosevelt et de Churchill et la méfiance permanente entre les Anglo-Saxons et l'URSS est frappant. Lors de la conférence d'"Arcadie", ou de Washington, le 1er janvier 1942, le principe est admis de diviser le monde en zones d'opérations, chacune étant soumise à un commandement unique interallié. Dès cette date, les Américains ont en tête d'organiser le transport d'un million d'hommes vers l'Angleterre, d'établir une tête de pont en Normandie en 1943 et de mener un grand débarquement en Europe en 1943. Les Anglais estiment alors préférable de préparer un débarquement en Afrique du Nord. À la conférence Trident, de mai 1943, le débarquement en Europe occidentale (opération Overlord) est fixé au 1er mai 1944.

L'événement le plus spectaculaire de la fin de la guerre est le débarquement sur les côtes de Normandie, que vient compléter, le 15 août 1944, le débarquement en Provence. L'entrée des forces alliées, américaines notamment, sur le sol de ces deux régions françaises résonne encore fortement aujourd'hui dans l'imaginaire collectif. Symboliquement, affectivement, la Normandie et la Provence sont marquées par le débarquement. Les conséquences militaires ont en effet été décisives : la libération de Paris le 25 août ; de Strasbourg le 25 novembre ; de la Belgique, en quelques jours, début septembre.

Le débarquement en Provence s'est déroulé de manière très orchestrée : la 7e armée américaine du général Patch, qui comprend les forces françaises commandées par le général de Lattre de Tassigny, arrive en vue des côtes dans la nuit du 14 au 15 août. La flotte alliée, venue de ports aussi éloignés qu'Oran, Naples ou Tarente, s'est d'abord dirigée vers Gênes, pour tromper l'adversaire. Mais, le 14 au soir, la flotte met le cap sur la côte provençale.

Peu après minuit, les Rangers américains arrivent dans les îles du Levant, les premiers commandos français s'emparent du Cap Nègre et conquièrent une tête de pont autour du Lavandou. Dans la nuit, plus de 5 000 parachutistes alliés sont largués au-dessus de la vallée de l'Argens pour verrouiller les voies d'accès aux zones de débarquement. Ils vont y trouver l'appui des FFI. 

À l'aube, un bombardement aérien et naval écrase les forces allemandes. À 8h, les 3e, 36e et 45e divisions d'infanterie américaines (D.I.U.S.) débarquent sur les plages côtières, entre Cavalaire et Saint-Raphaël.

C'est avec enthousiasme que le général de Gaulle est ensuite accueilli à Paris. Le 8 septembre, un gouvernement provisoire est composé de personnalités venues d'Alger, de chefs de la Résistance. Depuis le 9 septembre, le centriste Georges Bidault, président du Conseil national de la Résistance, était ministre des Affaires étrangères. Le 12 septembre, le général promet que le pays sera appelé dès que possible à élire une Assemblée nationale. On le voit, ce gouvernement provisoire repose alors sur de solides bases populaires. C'est dans cet élan de libération et d'espérance dans l'union nationale que le M.R.P. (Mouvement républicain populaire) se formera, le 25 novembre 1944. Parti démocrate-chrétien non confessionnel, le MRP entend proposer, dans l'espace central, une vision politique pondérée, soucieuse de justice sociale.

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