"Pour désengorger les urgences à Paris, créons des maisons de santé adossées aux hôpitaux"
Marielle de Sarnez a répondu aux questions des internautes de Évous. Pour la candidate à la mairie de Paris, qui salue "la qualité des urgences parisiennes" tout en proposant des solutions contre "l'embouteillage que l'on y constate", la santé doit être l'un des thèmes forts de cette campagne.
Internaute - Comment pouvons-nous améliorer les urgences aux hôpitaux de Paris ?
Marielle de Sarnez - Les urgences des hôpitaux parisiens sont de grande qualité. Mais il y a un problème que tout le monde connaît bien, c’est “l’embouteillage" que l’on y constate, certains patients venant pour de vraies urgences, et d’autres, souvent nombreux, venant pour des affections sans gravité, ce que les médecins appellent la “bobologie", parce qu’ils n’ont pas d’autre endroit où aller. Ma proposition depuis longtemps c’est que l’on crée des maisons de santé adossées aux hôpitaux où les Parisiens qui ont un problème de santé ne relevant pas de l’urgence puissent être pris en charge par des équipes mixtes, comprenant des médecins de ville.
Évous - Cela ressemble à ce qui va être mis en place à l’Hôtel Dieu (lire nos explications), cette fois à la place des urgences et pas à côté…
Le problème des urgences à l’Hôtel Dieu, c’est que les services indispensables à la prise en charge des patients, réanimation, imagerie, chirurgie, n’y sont plus assurés. Donc la sécurité des patients en demande lourde n’est plus garantie. Il faut donc une organisation hospitalière nouvelle, une consultation sans rendez-vous 24h/24, en liaison avec les universités de médecine.
Internaute - Vous êtes élue dans l’arrondissement, que pensez-vous du projet de Tour Triangle ?
En fait, je suis voisine de cet arrondissement (ndlr : le 15e). Mais je trouve que ce n’est pas un bon projet. Je suis heureuse que Jean-François Martins, conseiller de Paris du Modem, ait mené ce combat depuis le début, avec les écologistes, rejoint depuis par l’UDI et l’UMP. Un projet qui concerne tous les habitants du sud de la métropole, et qui de surcroît crée une polémique importante, ne peut pas être imposé ainsi à la fin d’une mandature. Je trouverais raisonnable qu’il y ait un moratoire jusqu’à l’installation de la prochaine équipe municipale.
Internaute - Vous proposez un « plan Marshall » du logement, en quoi cela consisterait-il exactement ?
Internaute - Je réside à Paris depuis 2 ans maintenant et j’ai pu constater dès mon arrivée à quel point il était difficile de trouver un logement : les prix sont exorbitants, et les exigences des agences immobilières de plus en plus strictes (documents à fournir, conditions financières requises, caution à déposer etc…). Que proposez-vous pour faciliter l’accès au logement pour tous les habitants de Paris ?
Pour moi, c’est la priorité des priorités ! On a aujourd’hui une crise du logement comparable à celle des années 1950. Dans les années 1960, on construisait 16.000 à 18.000 logements par an. Aujourd’hui, nous sommes péniblement à 2.500 logements. Il faut mobiliser non seulement la Ville mais l’ensemble des pouvoirs publics sur la question du logement. Donc, oui, je veux un “plan Marshall" du logement. Et construire 5.000 logements neufs par an à Paris. Pour cela, il faudra mobiliser tous les terrains disponibles, trouver de nouveaux espaces en recouvrant les voies ferrées, là où c’est possible, et les parties enterrées du périphérique. On gagnera ainsi 50 hectares, ce qui permettra d’y construire 20.000 logements sur 10 ans, tout en préservant des espaces pour des promenades, des jardins, des pistes cyclables…
Seconde proposition : il faudra distinguer le prix du foncier du prix du bâti, pour que le foncier ne pèse plus sur les acheteurs, et que les prix du logement soient revus à la baisse. De même, il faudra créer les conditions d’un retour des investisseurs institutionnels, comme les assurances, pour refaire du logement intermédiaire. Enfin, il faut rendre plus transparent les critères d’attributions aux logements sociaux, par exemple avec un système par points. Et lancer un plan pour le logement des étudiants.
Internaute - Etes-vous ouverte à une alliance avec Hidalgo ? Et avec NKM ?
Internaute - Quelles sont les mesures majeures que vous souhaitez faire passer en cas d’alliance avec Hidalgo ?
Internaute - Vous allez vous mettre avec la droite ou la gauche cette fois ci ?
Je trouve réducteur de poser la question de l’avenir d’une ville uniquement en terme de partis, droite et gauche. Je pense au contraire que les Parisiens auraient tout à gagner à voir la ville dirigée dans un tout autre état d’esprit que celui qui règne depuis des années, plus rassembleur, et moins partisan. Je crois à la constitution d’équipes réunissant des sensibilités diverses autours de projets de changement pour la ville. Je ferai tout pour favoriser ce changement d’état d’esprit. Par exemple, j’ai trouvé positif que l’autre jour, à propos du logement, Nathalie Kosciusko-Morizet n’ait pas craint de dire : “Je valide les propositions de Marielle de Sarnez sur ce sujet". Cela me paraît de nature à rassurer les Parisiens sur la manière dont la ville sera gérée. C’est comme cela que l’on pourra faire régner ce nouvel état d’esprit à Paris. Quant au rapport des forces politiques, de nombreux observateurs estiment que l’élection se jouera au centre. Alors il faut que le centre s’organise, se rassemble, pèse le plus fort et le plus lourd possible dans cette campagne pour que pèsent aussi ses valeurs et ses idées.
Évous - Ce que, je pense, veulent aussi demander les lecteurs, c’est : aura-t-on Marielle de Sarnez dans l’équipe municipale quel que soit le résultat du vote ?
Je suis pour la constitution de l’équipe la plus large, et la plus ouverte possible.