Geneviève Darrieussecq : « Nous avons besoin d'un système de santé qui se base plus sur la prévention »
Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé et de l'Accès aux soins, a répondu aux questions de France info ce mercredi 13 novembre.
Santé : « Il faut travailler sur la qualité de vie au travail »
Médecin allergologue de profession, Geneviève Darrieussecq possède une expertise approfondie des enjeux de santé publique et de leurs défis. À ce titre, elle plaide en faveur d’un système de santé davantage axé sur la prévention, soulignant également l’importance de « travailler sur la qualité de vie au travail. »
Au sein du Mouvement Démocrate, nous nous engageons particulièrement en faveur de la santé des travailleurs et de l'amélioration de leurs conditions professionnelles. C'est pourquoi, lorsque le ministre de la Fonction publique évoque un taux d’absentéisme plus élevé dans celle-ci que dans le secteur privé, en prônant l’alignement des jours de carence, nous préférons nous concentrer sur l’analyse des causes profondes de cette situation.
Il ne faut pas mettre au banc les personnes malades [...] mais il faut aussi que nous trouvions des voies et des moyens pour arriver à un équilibre qui soit un équilibre qui ne désorganise pas le travail.
Nous prônons en effet une approche globale, loin de toute stigmatisation, en ce qui concerne les arrêts maladie. D'une part, il est essentiel d'anticiper davantage les troubles psychiques, tels que la dépression ou le burn-out. D'autre part, il convient de renforcer le contrôle de la délivrance des arrêts de travail. La raison principale de cette démarche est claire : nous devons instaurer des conditions de travail favorables à l'épanouissement mental des fonctionnaires comme des salariés du secteur privé, tout en évitant de pénaliser les entreprises dans leur organisation.
Être en bonne santé, c'est aussi adopter une alimentation équilibrée. C'est pourquoi notre vice-présidente soutient l'idée de taxer les sucres ajoutés dans les boissons sucrées. Cette mesure vise à agir à la fois sur la composition de ces produits et sur leur consommation, qui reste majoritairement assurée par les jeunes. Interrogée sur la pertinence d'une telle initiative pour atteindre les objectifs fixés, Geneviève Darrieussecq en défend avec conviction l'efficacité.
Il y a certains sodas qui n'ont pas la même composition en France que dans d'autres pays étrangers qui n'ont pas ce type de taxe.
Dans la même lignée, l'ancienne maire de Mont-de-Marsan, dans les Landes, explique que « pour le sucre ajouté dans l'agroalimentaire, nous avons fait le choix [...] de travailler avec les industriels pour se donner des objectifs », soulignant que la méthode incitative doit toujours primer dans un premier temps. Sans faire preuve de naïveté, Geneviève Darrieussecq confirme que si le « contrat de confiance » conclu entre l'État et les industriels de l'agroalimentaire n'est pas respecté, des mesures contraignantes peuvent être mises en place.
Hôpital : « Désengorger les urgences, c'est une obligation »
L'engorgement des urgences représente un problème complexe à plusieurs niveaux. D'une part, il génère une surcharge de travail considérable pour les professionnels de santé tout en imposant un coût financier et administratif important aux hôpitaux. En conséquence, cette situation nuit à la qualité de la prise en charge des patients, qui se retrouvent trop nombreux aux urgences pour des problématiques de santé qui ne justifient pas cette prise en charge.
Notre vice-présidente met particulièrement l'accent sur ce point en soulignant que « beaucoup de personnes n'avaient rien à faire aux urgences, puisqu'elles avaient des problèmes de médecine générale ». Cela a conduit à « la création des services d'accès aux soins (SAS), une organisation qui est entre l'hôpital et la médecine libérale », afin de mieux orienter les patients et désengorger les urgences.
La question de la psychiatrie a également été abordée au cours de cet entretien, en particulier à la lumière des chiffres inquiétants concernant la santé mentale de la société, notamment chez les jeunes et les seniors. Face à ce fléau, plusieurs leviers existent, mais un défi majeur persiste : combler le manque de professionnels en psychiatrie. La ministre de la Santé et de l'Accès aux soins souligne que « nous avons un vrai sujet de manque de professionnels. Ce ne sont pas les lits qui manquent, mais les professionnels autour de ces lits. » En effet, trop peu d’étudiants choisissent de s’orienter vers cette spécialité, ce qui entraîne des disparités territoriales, comme c’est également le cas dans d'autres secteurs médicaux.
Je trouve ça intéressant de demander à de jeunes médecins, pendant 1 ou 2 ans, de s'installer dans des zones en difficulté.
L'une des priorités majeures est d'aider les citoyens à adopter des comportements favorisant leur bien-être mental afin de prévenir l'apparition de troubles psychiques ou psychiatriques, et de renforcer les actions de prévention et de détection de ces troubles. Si l'État joue un rôle essentiel dans la prise en charge des soins et l'accompagnement des personnes affectées, il est également crucial que chacun, à titre individuel, contribue à la protection de sa santé mentale, en particulier chez les jeunes, en adoptant des comportements responsables et bienveillants.
Il faut aider ces jeunes à essayer d'adopter des mesures de qualité de vie différente : pour les enfants, être moins sur les écrans, dormir davantage, faire de l'exercice physique.