Sarah El Haïry : "Je veux briser le tabou de la prostitution des mineurs"

Florian Anselme pour le JDD
Sarah_El_Haïry-SEH

La nouvelle ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, Sarah El Haïry, part en croisade contre la prostitution des mineurs. Lire son entretien dans le JDD.

Le JDD. Sur quels éléments se fonde votre offensive contre la prostitution des mineurs ?

Sarah El Haïry : D’abord sur un constat. La prostitution des mineurs est plurielle. Il en existe de plusieurs sortes, qui ont chacune leurs spécificités. Pour les combattre, il convient donc de bien les identifier afin de pouvoir s’y adapter.

Quelles sont-elles ?

Il y a d’abord ces enfants venus de l’étranger, particulièrement d’Europe de l’Est, d’Afrique du Nord et de l’ouest et d’Asie, victimes de traites humaines extrêmement bien organisées. Pour les pousser à se prostituer, les passeurs et les trafiquants n’hésitent pas à menacer leurs familles sur place. Ce sont ces réseaux que nous devons remonter grâce à l’action de l’Ofmin (Office mineurs), qui lutte contre les violences faites aux enfants.

Ensuite, il y a cette prostitution qui se développe via le numérique. Par les réseaux sociaux classiques, les sites de rencontre, mais surtout par des plateformes comme OnlyFans et MYM, qui encouragent une hypersexualisation des corps et qui dérivent souvent vers des relations tarifées. Il y a aussi tous ceux qui sont issus de la protection de l’enfance, souvent très vulnérables, et même des étudiants qui se prostituent, presque comme si c’était un « job », pour financer leurs études !

Mais j’aimerais aussi parler d’un phénomène nouveau et grandissant, celui des « loverboys ». De simples « petits copains » au départ qui, par leur emprise mentale, voire physique, vont se transformer en proxénètes.

Pouvez-vous nous expliquer votre plan ?

Je veux briser le tabou de la prostitution des mineurs. Et ce, en articulation avec le plan de lutte contre le système prostitutionnel et grâce à la poursuite du premier plan national dédié, mis en place en 2021 sous le gouvernement Jean Castex – je rappelle d’ailleurs que la loi du 21 avril 2021, visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste, punit de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 euros d’amende le fait pour un majeur de solliciter auprès d’un mineur la diffusion ou la transmission d’images, vidéos ou représentations du mineur à caractère pornographique.

Aujourd’hui, la prostitution touche surtout des jeunes filles âgées de 15 à 17 ans, avec un point d’entrée de plus en plus jeune, entre 14 et 15 ans pour la moitié d’entre elles, mais qui démarre parfois dès l’âge de 12 ans !

Ma priorité est donc d’alerter et de responsabiliser les parents qui sont souvent à mille lieues d’imaginer que leurs enfants se prostituent.

En ce sens, multiplier des actions d’information comme la campagne « Je gère », diffusée sur le web et à la télévision, qui vise une sensibilisation aux dangers liés à la prostitution des mineurs, est essentiel. Ensuite, je souhaite toucher au maximum le grand public.

Par quels moyens ?

En lançant notamment de nouveaux appels à projets pour développer des maraudes numériques. L’idée étant de développer la prise de contact en ligne avec les mineurs en situation prostitutionnelle. Et bien sûr, déployer de nouvelles structures spécialisées pour accueillir ces publics.

Enfin, il faut mettre en place une véritable chaîne de protection autour de nos jeunes enfants où chacun doit jouer son rôle. Entre autres, grâce aux mallettes numériques pédagogiques à destination des professionnels, qui contiennent toute la documentation et les « outils » essentiels pour pouvoir repérer les premiers signes de prostitution.

C’est souvent derrière les écrans des smartphones et des ordinateurs de nos enfants que tout démarre.

Nous nous appuierons plus généralement sur tous les travaux en cours au sein du gouvernement sur les sujets numériques, du rapport de la commission « écrans » lancée par le président de la République au projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique. Car c’est souvent derrière les écrans des smartphones et des ordinateurs de nos enfants que tout démarre…

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📰 Lire l'entretien complet dans le JDD

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