🎙 Discours de François Bayrou au Campus des Territoires
Retrouvez ci-dessous, le discours de François Bayrou prononcé au Campus des Territoires, ce dimanche 8 septembre, à Bordeaux.
Cliquez sur ce lien pour revoir le discours de François Bayrou.
Bonjour à tous,
J’ai des choses extrêmement simples à vous dire. Et je le dis en pensant naturellement au Premier ministre Edouard Philippe, au gouvernement qui l’entoure, aux parlementaires qui font la vie de la majorité et à tous les animateurs d’En Marche, et aussi de ce grand courant central du pays que nous formons tous ensemble. Courant qui vient de loin et qui va relever les défis immenses qui sont aujourd’hui devant nous. C’est de ces défis dont je voudrais vous dire un mot.
Nous sommes en train de vivre aujourd’hui quelque chose qui ne s’était pas produit dans l’histoire de France, d’Europe et du monde depuis la Deuxième Guerre mondiale. Il y avait, depuis celle-ci, le sentiment partagé, généralisé, qu’au fond, la démocratie était le mouvement naturel des sociétés, et que cette démocratie allait peu à peu s’enraciner dans toutes les nations du monde et d’abord de l’Europe.
Et la démocratie, qu’est-ce que c’était ? Deux choses très simples qui sont en elles-mêmes des défis : la première, c’est que les peuples peuvent avoir la lucidité, la force et la volonté de choisir leur destin en choisissant leurs dirigeants, de choisir leur modèle de société en choisissant leurs dirigeants ; et la deuxième chose, c’était qu’il était mieux de rassembler que de séparer, il était mieux de choisir la compréhension mutuelle que de cultiver les rancunes, les rancoeurs et les détestations.
C’était sur ces principes et ces valeurs que l’Europe avait choisi de vivre.
Il se trouve - nous en avons l’illustration, notamment en Grande-Bretagne - que se sont développés parmi les peuples, des sentiments extrêmement puissants qui pour la première fois depuis 75 ans, vont en sens inverse des idéaux que nous croyions acquis.
Et ceci présente devant chacun de nous, un défi à l’échelle du siècle.
Un très grand nombre de peuples vivent désormais sous une autre loi qui est extrêmement simple : il n’est plus accepté partout que ce soient les peuples qui choisissent leurs dirigeants, et il n’est plus accepté partout que les sentiments de compréhension, de reconnaissance mutuelle, sont ceux qui vont régir les relations à l’intérieur des sociétés et entre les peuples.
Vous voyez ce qui se passe aux Etats-Unis, au Brésil, dans l’immense Chine, et chez nous, avec la remise en cause de ce projet qui était le projet-même de notre société : le projet européen.
Nous sommes devant un événement qui était il y a encore trois ans, totalement inattendu. C’est grâce à l’élection d’un homme jeune, différent, original et volontaire, qui est Emmanuel Macron, que la France allait envoyer au monde, un signal inattendu. Nous sommes nombreux dans cette salle à pouvoir attester que ce mouvement de renaissance, de résurgence, de vitalité du pays, a été entendu et regardé et partout ailleurs, au delà de nos frontières.
Nous avons ce mouvement en charge car ce n’est pas sans raisons que la démocratie recule.
Elle recule pour deux raisons principales.
La première est que ce doit être une loi de la sociologie : les passions sont plus fortes que la raison. On le vérifie dans nos vies à tous. Les passions négatives sont plus fortes que les passions positives. Il faut donc mobiliser beaucoup plus de forces pour reconstruire cela.
La deuxième raison, qui est pour nous un programme de travail, c’est que les sociétés que nous avons construites ont laissé se développer des fractures inédites et extrêmement difficiles à combattre entre le sommet - ou ceux qui se croient tels - et la base de la société - ceux qui travaillent, ceux qui sont à la retraite, ceux qui sont au chômage.
Et on a vu en France-même, au moment des Gilets jaunes, apparaître, s’exprimer, flamber des sentiments négatifs nés de cette fracture-là. Il n’y a pas de défi plus important à relever que celui de réunir l’unité du pays en permettant à tous les citoyens de participer aux grands choix qui sont ceux de la nation.
J’ai été extrêmement fier du G7. Non pas seulement parce qu’il se déroulait dans les Pyrénées-Atlantiques ! J’en profite pour vous apporter le salut de ces départements, de cette région et des grandes villes, à commencer par Pau, Bayonne, Biarritz, Mont-de-Marsan, Agen, que nous avons entraînées autour de ce grand mouvement central.
Aux yeux de tous les Français qui croyaient que cette rencontre allait être seulement un événement à grand spectacle, qui comme d’habitude, n’allait pas servir à grand-chose, sauf faire des photos souvenirs, on a vu grâce au président de la République, et grâce à la séquence inédite, qu’il a assumée : « Je viens vous dire ce que je vais essayer de faire. Je ne suis pas sûr d’y arriver. Je multiplie les événements, pour que cela apparaisse aux yeux de tous, dans le monde. Et je viens après vous rendre compte. » Grâce à cette séquence inédite-là, alors les Français ont vu que la volonté politique pouvait changer les choses, y compris à la surface de la planète et à l’échelle des continents.
Et c’est cette réconciliation, cette cicatrisation dont nous avons la charge.
Nous avons maintenant des échéances devant nous. Ces échéances peuvent susciter des débats entre nous qui sont normaux et je crois, salutaires. Je voudrais vous dire un mot de cette préparation aux municipales dans laquelle nous sommes tous engagés.
Je sais très bien qu’il y a dans les mouvements politiques, il y a la préoccupation des investitures, des commissions, des "qui va être choisi", ...
Je voudrais vous dire comme maire - et je ne suis pas tout à fait seul : Edouard Philippe est devant moi, qui a été, est moralement et peut-être sera, maire du Havre - je voudrais vous dire qu’un maire, ce n’est pas une fonction politicienne.
Un maire, d’une certaine manière, à l’image de la fonction présidentielle - ce sont les deux seules fonctions qui ont un lien direct, personnel, humain avec la communauté de ceux qui les élisent – un maire, ça n’est pas un enjeu partisan, c’est quelque chose d’autre. Un maire, c’est une personnalité, une attention à ses concitoyens, une vision, et ça ne peut pas se résumer à un combat d’étiquettes.
Et si on voulait transformer l’élection municipale partout en France en une élection d’affrontements de partis, alors il y aurait deux inconvénients graves :
- le premier, c’est que nous trahirions la vision que nous avons développée devant les Français qu’on appelle girondine : l’idée que la légitimité, elle s’enracine. Elle ne vient pas toujours du sommet, et elle ne vient pas d’un seul lieu de commandement, elle vient de l’ensemble de notre pays ;
- et deuxièmement - je souhaite me tromper dans cette annonce - si on choisissait de transformer l’élection municipale en élection d’appareil contre appareil, alors on serait sûr de perdre. Ce sont deux inconvénients majeurs parce que c’est évidemment très difficile de faire un enjeu d’appareil quand cet appareil est au pouvoir.
Tous les politologues vous expliqueront que ces élections sont assez souvent le moyen d’appeler à de la sanction plutôt qu’à du soutien.
Mais pour moi l’essentiel, c’est la légitimité locale, la légitimité du pouvoir enraciné, la proximité, la familiarité, la compréhension, - j’allais dire - l’amitié que les citoyens voient dans les yeux de leur maire. Si nous savons prendre en compte cela, la gravité de l’heure, et d’autre part la nécessité d’une compréhension nouvelle entre les responsables et les citoyens, alors je suis sûr que nous serons en mesure de relever le défi qui nous est présenté aujourd’hui, tous ensemble !
Seul le prononcé fait foi