Portrait de Jean-Jacques Jégou, trésorier du Mouvement Démocrate et ancien maire-parlementaire
Jean-Jacques Jégou, trésorier du Mouvement Démocrate et ancien ancien maire-parlementaire, retrace les étapes d'une vie bien remplie, au rythme de la Ve République. Portrait d’un homme de conviction, passionné et profondément humain.
Jean-Jacques Jégou a rapidement été animé par une volonté d’aider les autres. Une vocation qu’il a trouvée en entamant une carrière professionnelle dans la santé en tant qu’infirmier à l’âge de 18 ans, après l’obtention de son diplôme. Cela a pour lui été une véritable révélation, une leçon d’humilité apprise au chevet des malades qui ne l’a jamais quitté et qui a même guidé sa vie. Un collègue lui disait ainsi : « Quand vous arrivez devant un malade, rappelez-vous que vous êtes debout et lui allongé, il faut lui montrer du respect. »
Parti en 1966 à 21 ans faire son service militaire, puis libéré en février 1968, Jean-Jacques monte son cabinet d’infirmier libéral et évoque les nombreuses heures passées à devoir travailler le soir, la nuit et même le dimanche pour se faire un peu d’argent. Il avait pour projet de créer une maison médicalisée pour personnes âgées en Bretagne. Mais les événements de mai 1968 vont changer ses plans. Ce sera un déclic dans son engagement politique, une longue route en tant que militant avant de se faire une place dans le monde politique. Jean-Jacques énonce avec entrain une anecdote :
Je me souviens au moment de mai 1968. Un samedi soir, j’étais au volant de ma vieille Dauphine et j’ai dû écumer la région parisienne avec un tuyau pour trouver de l’essence. J’y allais litre par litre car il ne restait plus rien.
Le goût pour la chose publique lui vient ainsi de son métier d’infirmier. C’est en 1963-1964, après le lycée, que naît son intérêt pour la politique et en 1967, à 21 ans, qu’il peut voter pour la première fois aux élections législatives. Par la suite, Jean-Jacques rejoint le Centre Démocrate, créé par une partie du Parti des Démocrates (PDM) en 1968. Pendant longtemps, Jean-Jacques sera un militant d’opposition, apprécié pour son franc-parler et droit dans ses convictions, jusqu’à la formation du Centre des démocrates sociaux (CDS) en 1976 qui sonne la reconstitution de la famille centriste, après une négociation entre Jean Lecanuet et le futur chef d’État, Valéry Giscard d’Estaing.
Après de longues années de militantisme et deux tentatives infructueuses aux élections municipales, Jean-Jacques Jégou est élu conseiller général du Val-de-Marne en 1982 sur le canton du Plessis-Trévise et de Villiers-sur-Marne, et président du CDS du département par la même occasion. L’année suivante, il est élu maire de la commune du Plessis-Trévise et y restera jusqu’en 2014.
Mes opposants me qualifiaient de petit maire. Et pourtant, le petit maire est resté 31 ans à la tête de sa commune.
En 1986, Jean-Jacques accède aux bancs de l’hémicycle de l’Assemblée nationale puisqu’il est élu député et le restera même malgré la dissolution de 1988 et la non qualification de Raymond Barre après la défaite de l’UDF, dont il était membre depuis 1978. Il restera député pendant 17 ans, jusqu’en 2002.
Battu aux élections législatives en 2002, il reste néanmoins maire de sa commune du Plessis-Trévise à laquelle il tient tant et se lance dans une campagne sénatoriale. En 2004, il est élu sénateur du Val-de-Marne, mandat qu’il occupera pendant sept ans jusqu’en 2011. En 2014, il émet le souhait de mettre fin à son mandat de maire et laissera sa place à Didier Dousset, mais siège néanmoins au conseil municipal de la ville depuis. En 2016, suite à la création de la métropole du Grand Paris, il est nommé premier vice-président chargé des finances de l’Établissement public territorial Grand Paris Sud Est Avenir.
L’histoire de Jean-Jacques, c’est aussi celle d’une rencontre avec deux personnalités centristes qui ont marqué sa vie. Marielle de Sarnez, qu’il a connue il y a longtemps comme permanente de l’UDF puis comme députée européenne. Mais aussi François Bayrou lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale. Jean-Jacques se remémore et évoque avec un sourire en coin sa rencontre avec le président du Mouvement Démocrate :
Début septembre 1993, François Bayrou m’a appelé et a proposé que nous dinions ensemble. Un jour, il est venu visiter un collège de mon canton. Depuis, je lui ai toujours été fidèle. Je suis le dernier des mohicans.
Lorsqu’on lui demande d’évoquer sa meilleure expérience en politique, Jean-Jacques n’hésite pas une seconde.
2007. C’est la plus belle campagne présidentielle de ma vie. J’ai fait toute la campagne, en avion, en bagnole, en train. Je me suis tapé tous les meetings. C’était un vrai bonheur d’attendre 2000 personnes et d’en voir 7000. On voyait le truc monter.
Quand il s’agit d’évoquer le mandat qui l’a le plus marqué, Jean-Jacques confie que c’est celui de maire du Plessis-Trévise, loin des bancs de l’Assemblée nationale parfois trop contraignants à ses yeux pour s’affirmer pleinement.
Le vrai pouvoir, c’est d’être maire et de montrer ce que vous savez faire. Je suis fier d’avoir rendu des gens heureux là où ils habitent.
Du haut de ses 76 ans, Jean-Jacques porte un regard profond et bienveillant sur le monde qui l’entoure. Persuadé que l’engagement a changé au travers de la hausse du chômage, de l’évolution du mode de vie et des valeurs, il confie lui-même avoir toujours été à contre-courant :
J’ai épousé une femme divorcée, j’ai adopté son enfant, je suis protestant. Je suis forcément très ouvert sur la société.
Mais il est également inquiet pour les nouvelles générations, comme lui témoignent ses petits-enfants, qui lui confient que les jeunes sont perdus, déboussolés à cause d’une perte de repères et de fondements de la société ébranlés. Pour Jean-Jacques, la société change et souvent plus vite que nous, mais il faut savoir s’adapter à elle. Et c’est peut-être le secret d’une vie bien remplie.