Investiture de Donald Trump, 47ᵉ président des États-Unis
Lundi 20 janvier, jour de l'investiture de Donald Trump, tombe précisément un Blue Monday, jour désigné le plus déprimant de l'année. Le retour au pouvoir de Trump est d'autant plus inquiétant que les opinions publiques, même en Europe, semblent s'être habituées. Comme si rien de grave n'allait se passer.
On oublie que, déjà, derrière cette élection, il y a un problème de démocratie. La contestation de l'élection de Joe Biden par Trump en 2020, avec l'épisode ubuesque et violent du Capitole, a montré que le vaincu d'alors ne respectait pas l'état de droit et les règles démocratiques. Ironiquement, Trump attend aujourd'hui de Joe Biden les égards dont il n'a pas fait preuve envers lui en 2020. Et depuis son élection, Trump se comporte et s'exprime déjà en président, avant d'avoir été officiellement investi.
Or, aux Etats-Unis, la cérémonie d'investiture est une véritable liturgie. C'est un moment de communion pour toute la nation, imprégné de religieux. La prestation de serment est conçue comme sur un mode solennel, et le discours inaugural doit donner le ton du mandat. En 2016, le discours de Donald Trump était très court, à peine 16 minutes, pour dresser un tableau assez anxiogène de l'état du monde et marteler "America first".
Nettement plus long qu’il y a 9 ans, le nouveau président abonde en déclarations fracassantes : mettre des millions et des millions de criminels étrangers dehors, taxer les pays étrangers pour enrichir les citoyens américains. L’égocentrisme trumpien le pousse à vouloir changer la géographie : le golfe du Mexique va devenir le golfe de l’Amérique et le canal du Panama ne dépendra plus que des États-Unis. Le Green New Deal, tout naturellement, sera abandonné. Trump promet de revenir à une société traditionnelle, en ne reconnaissant que deux sexes. Devant un Elon Musk jubilant, le 47e président a également promis qu’il planterait la bannière étoilée sur Mars, la planète rouge. Depuis la France, les démocrates appellent à la plus grande vigilance : le premier ministre François Bayrou met en garde la France et l’Union européenne qui se trouveront « écrasées, marginalisées, dominées » si nous ne faisons rien face à l’Amérique de Donald Trump.
En 1789, la première cérémonie d'investiture, celle de George Washington, s'était déroulée aux balcons du Federal Hall à New York. C'est Lincoln qui, le premier, a été investi au Capitole encore en chantier. En 1897 a eu lieu la première cérémonie filmée, l'investiture du président McKinley.
Certains discours ont été mémorables. Dans des temps bouleversés, le peuple attend la parole présidentielle avec gravité. Ainsi, Roosevelt, pendant la Grande Dépression, a enjoint les citoyens d'avoir pour seule peur la peur elle-même. Ou John F. Kennedy, galvanisant les Américains en leur demandant non pas ce que leur pays peut faire pour eux mais ce qu'ils peuvent, eux, faire pour leur pays.
Donald Trump, pour sa seconde investiture, a innové en invitant des chefs d'Etat étrangers, dont Xi Jinping, Javier Milei, Jair Bolsonaro, Georgia Meloni, Viktor Orban et, pour la France, Eric Zemmour, Sarah Knafo, Marion Maréchal, ainsi que deux représentants du RN. L'inscription idéologique dans les mouvements illibéraux est affichée.
L'Amérique de Trump se présente, pour l'instant, comme un syncrétisme de conservatisme radical - avec la vice-présidence de J.D. Vance, trumpiste bon teint - et de libertariens, avec le soutien d'Elon Musk. Cet attelage paradoxal est-il tenable ?
Pour ses premiers jours de présidence, Donald Trump a déjà signé quelques centaines de décrets, sur l'immigration notamment, et il semble vouloir livrer, au plus vite, une guerre commerciale avec le reste du monde, dont les paramètres sont encore en pointillés, tant les chiffres changent d'une prise de parole à une autre.
Blue Monday pour la démocratie.