Trois jours au cœur de l’académie hivernale des jeunes démocrates européens à Cracovie

Les Jeunes démocrates européens se sont réunis ce week-end à Cracovie, en Pologne. L’occasion de discuter des grands enjeux qui touchent le continent et d’imaginer l’avenir de l’Europe face aux crises contemporaines.
Trois jours donc. Trois jours à Cracovie pour croiser les regards, confronter les idées, se nourrir de l’histoire et interroger le présent. Organisée par l’Institute of European Democrats (IED) avec le concours des Young Democrats for Europe (YDE), cette académie hivernale a réuni de jeunes Européens venus de divers horizons pour débattre de défense, de stratégie, mais aussi de mémoire et d’identité. Un week-end intense, où chaque conversation avait le goût de l’actualité brûlante.
L’Histoire comme grille de lecture
Dès le samedi matin, le décor était planté : comprendre la Pologne, c’était décrypter une partie des tensions qui traversent l’Europe. Jędrzej Chodziński, ancien employé du ministère polonais des Affaires étrangères, a détaillé l’histoire mouvementée du pays, de ses aspirations à l’indépendance à sa place actuelle dans l’Union.
"La Pologne, avec son passé fait d’invasions et de résistances, nous rappelle à quel point la paix est fragile et à quel point l’Europe est une réponse à cette fragilité", a souligné Alice Bernard-Montini, présidente des YDE. Surtout, comment expliquer cette réalité à ceux qui, loin de la guerre, la perçoivent comme un simple événement à travers un écran ?
"L’Europe ne peut plus se penser sans défense"
Pour Cosimo Lamichhane, jeune engagé au sein du parti Italia Viva de l’ancien président du Conseil des ministres italien Matteo Renzi, ce contexte particulier de la Pologne fait écho aux débats contemporains. "Ces trois jours intenses nous ont permis de parler de défense commune, mais aussi du rôle de la Pologne" dans ces moments historiques. Car l’après-midi s’est, quant à elle, ancrée dans le présent avec une plongée dans les enjeux de défense. Philippe Michel-Kleisbauer, ancien député français et ex-président de la délégation parlementaire française à l’OTAN, a notamment rappelé combien la question militaire, longtemps reléguée au second plan dans l’UE, s’impose désormais comme une priorité. "On a longtemps cru que l’Europe pouvait se penser sans puissance militaire, mais la guerre en Ukraine nous a ramenés à la réalité.”
La guerre en Ukraine, enjeu premier des discussions
Mais face à ces multiples interrogations, les regards se sont rapidement tournés vers l’Est. Suzanne Petit, formatrice en leadership franco-polonaise, et Marcin Kurek, avocat et volontaire engagé en Ukraine, ont livré aux jeunes présents un récit à hauteur d’homme. Des images, des voix, des fragments de guerre qui ont percuté une audience pourtant déjà sensibilisée. "Ce qui nous manque en Europe, ce n’est pas seulement de voir la guerre, mais de pouvoir l’imaginer comme si nous y étions", explique Alice Bernard-Montini. La rencontre et l’échange sont devenus, un bref instant, une façon de combler cette distance.
Pour clore la journée, les participants ont ensuite pris part à une simulation de négociations diplomatiques, encadrée par Romain Le Quiniou, managing director d’Euro Créative, une plateforme de réflexion sur l’Europe centrale et orientale. Dans ce jeu d’alliances et de pressions, chacun a pu défendre les intérêts d’un pays fictif… mais surtout se confronter à la dure réalité des négociations diplomatiques, où la marge de manœuvre semble parfois illusoire.
“Comprendre l’autre, c’est déjà un premier pas vers une Europe plus forte”
Dimanche matin, le séjour s’est refermé sur une note plus contemplative. Alors que certains arpentaient les rues de Cracovie, son château de style Renaissance, ou les nombreuses cathédrales qui parsèment la ville, d’autres se sont rendus au camp d’Auschwitz. "Comme le disait Montaigne, il faut limer sa cervelle contre celle d’autrui", explique Alice Bernard-Montini. "Il s’est créé des amitiés inattendues tout au long du week-end, mais surtout une prise de conscience : comprendre l’autre, c’était déjà le premier pas vers une Europe plus forte."
Alexis Vallon, vice-président des Jeunes Démocrates en France, retient surtout la gravité du contexte. "Ce week-end a été marqué par des sujets forts : l'Europe de la défense, la guerre en Ukraine ou encore le souvenir de la Shoah." "Je pense que ce fut l'occasion pour des jeunes Européens de mieux appréhender la gravité du moment afin de préparer l'avenir."
Un avis partagé par Cosimo Lamichhane, qui assure, lui, avoir ressenti une grande "émotion" pendant ces trois jours. “Toutes nos discussions permettent de contribuer à l’Europe d’aujourd’hui et construire un avenir fondé sur l’équité et la prospérité.”
Si Alice Bernard-Montini nous assure que le rendez-vous est pris pour l’année prochaine, d’ici là, chaque participant repart avec des convictions éprouvées, et, sans doute, un regard un peu plus affûté sur notre Europe et le monde qui l’entoure.
Les Jeunes Démocrates Européens