Jean-Marie Vanlerenberghe: "Nous sommes profondément liés à nos parents et à notre descendance"
Sénateur du Pas-de-Calais, rapporteur du PLFSS, Jean-Marie Vanlerenberghe nous éclaire sur les mécanismes de financement de la 5e branche de la Sécurité Sociale, consacrée au Grand âge et à l’autonomie. Auteur du livre d’entretiens Meneur de jeu, où il retrace son parcours politique depuis le Centre des Démocrates Sociaux, Jean-Marie Vanlerenberghe souligne la nécessité de la transmission.
Mouvement Démocrate - En quoi la création de la 5e branche de la Sécurité sociale constitue-t-elle une avancée historique?
Jean-Marie Vanlerenberghe- La création de cette 5e branche, cela fait au moins 40 ans qu’on en parle. Déjà, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, on l’évoquait. On butait sur le financement. Un financement privé complémentaire faisait débat. Les projections démographiques montraient déjà le vieillissement à venir de la population et la nécessité d’anticiper en créant une branche autonomie. Mais cela n’a pas été fait.
Pourquoi est-il plus judicieux de parler de branche dédiée à l’autonomie que de risque?
C’est un problème sémantique. Parler de risque ou de dépendance pourrait sembler stigmatisant. L’autonomie est un concept plus positif. Et, de plus en plus, c’est bien d’un changement de paradigme qu’il s’agit : favoriser le maintien à domicile des personnes âgées et handicapées. Avant, lorsqu’on parlait des personnes âgées, on les associait spontanément à la maison de retraite. Aujourd’hui, on entre de plus en plus tard en Ehpad, en moyenne à 85 ans, au moment où l’on se trouve en phase de dépendance et d’assistance médicale. En moyenne, une personne âgée vit 2 ans en Ehpad.
Parler de branche permet également de mieux cibler les besoins, de mieux flécher les ressources et de préciser la gouvernance.
31 milliards sont fléchés pour cette branche : comment le financement va-t-il s’effectuer de manière optimale ?
Le PLFSS prévoit un objectif de 31,2 Mds de dépenses. Le rapport Vachey remis le 15 septembre suggère de rattacher à la 5ème branche une bonne dizaine d’autres types de financements pour un total de 41 Mds.
D’autre part, il y a aujourd’hui 0,6 soignant pour un résident, ce qui est insuffisant. Nous sommes aujourd’hui plus exigeants et la Covid y a contribué. Nous ne devons pas oublier non plus le statut des aidants familiaux, encore mal reconnu. On a obtenu une indemnisation de congés pour les aidants qui travaillent mais c’est encore faible, de l’ordre de 52 euros par jour, mais seulement pendant 3 mois. Sans les aidants, c’est important de le souligner, nous ne serions pas en capacité de faire face aux besoins des personnes âgées.
Vous êtes le doyen du Sénat, vous avez récemment écrit un livre sur votre parcours politique: pourriez-vous nous dire un mot sur la notion, essentielle, de transmission entre les générations?
La transmission entre les générations est essentielle. Nous ne sommes que de passage, nous sommes profondément liés à nos parents et à notre descendance. C’est très naturel. Même les animaux le ressentent. Les liens entre les générations nous permettent de lutter contre l’individualisme, l’égoïsme qui minent la sphère sociétale.
Pour moi, c’est d’une clarté biblique : la politique, ce n’est pas une affaire personnelle. Les mandats ne nous appartiennent pas en propre. On écrit la page d’un livre, celui de la démocratie chrétienne, qui a 100 ans cette année, et l’on espère tous qu’il y aura quelqu’un pour tourner cette page après nous. J’ai toujours eu autour de moi une équipe de jeunes, à qui j’ai plaisir à transmettre des valeurs. On sème ainsi des graines qui poussent et s’épanouissent.