Jean-Noël Barrot : « La Russie est aujourd’hui pour nous une menace existentielle »
Invité de Darius Rochebin hier soir sur LCI, Jean‑Noël Barrot revient sur le sommet de Paris pour l’Ukraine et avertit l’Algérie que la France saura répondre en cas d’escalade diplomatique.
Ukraine : « Les Américains sont à l’écoute, les Ukrainiens prêts au cessez-le-feu »
Jean-Noël Barrot voit dans le sommet de Paris sur l’Ukraine qui vient de se clôturer « un succès diplomatique pour la France ». Pour la première fois, Européens, Américains et Ukrainiens se sont retrouvés autour de la même table. Selon lui, les États-Unis sont désormais « pressés d’en finir avec cette guerre », et attentifs aux positions européennes :
Une paix juste et durable ne peut être atteinte qu’avec, d’une certaine manière, le consentement des Européens et leur contribution.
Même si aujourd'hui, « les États-Unis d'Amérique soutiennent l'Ukraine » comme le confirme notre ministre, une approche différente a été opérée sur le conflit par l'administration Trump. En effet, les tensions entre la volonté de l’Ukraine de repousser totalement l’invasion russe et l’approche américaine qui pourrait envisager un compromis diplomatique sont des sujets sensibles qui nécessitent une forte coordination européenne. Mais l'heure n'est pas à stopper l'ambition américaine de mettre fin à la guerre, mais bien de les accompagner afin que toutes les parties soient entendues :
Je crois que nous devons accompagner cet empressement [des Américains] pour placer Vladimir Poutine face à ses responsabilités, face aux promesses qu'il a faites au président Trump et qu'il ne semble pas tenir jusqu'à présent, pour permettre au président Trump de tenir l'engagement qu'il a pris pendant sa campagne, c'est-à-dire de mettre fin à la guerre.
Dans cette démarche de paix, qui passe nécessairement par un cessez-le-feu, Jean-Noël Barrot affirme que des « progrès considérables » ont été réalisés. Il souligne la démarche constructive des Ukrainiens lorsqu'ils se sont rendus en Arabie Saoudite où ils ont accepté « un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel, à la fois dans les airs, en mer, sur terre, pour une durée de 30 jours ».
Les Ukrainiens ont donc démontré leur capacité à négocier, et ils ont démontré aussi leur volonté de mettre fin à cette guerre qui a trop duré.
Face à cette menace russe, la France a récemment annoncé une aide supplémentaire de 2 milliards d’euros pour soutenir la résistance ukrainienne, quant à l’Allemagne elle envisage de livrer des Taurus. Plus généralement, notre ministre le confirme : nous « devons dissuader cette menace russe en élevant nos défenses ». Un 17e paquet de sanctions contre Vladimir Poutine au niveau européen est également en discussion.
La sécurité du continent européen, elle se joue aujourd’hui en Ukraine. Et donc, de la manière dont cette guerre prendra fin, de la solidité, de la paix qui sera conclue, dépendra l'avenir de notre continent.
« Depuis trois ans, nous n'avons jamais manqué aux Ukrainiens, c'est pourquoi nous les avons soutenus et nous continuerons à le faire », martèle notre vice-président. Sur le plateau de LCI, il rappelle que notre soutien reste crucial et vital pour notre pays :
Parce qu'on pourrait détourner les yeux, considérer que tout cela se passe loin de chez nous, mais ça serait méconnaître le fait que la Russie est pour nous une menace qui est devenue existentielle [...], qu'elle n'entend pas s'arrêter là. Nous avons vu au-delà du terrain militaire l'agressivité de la Russie se déployer dans tous les champs connus de la conflictualité, la désinformation, le cyberespace, le sabotage, la perturbation des élections.
Algérie : « Une décision de très grande fermeté »
Sur le dossier algérien, Jean-Noël Barrot confirme la mesure forte et ferme prise par la France :
L’expulsion de 12 agents algériens est l’une des décisions les plus fermes que la diplomatie française ait eu à prendre ces dernières années.
L'ambassadeur Français à Alger a également été rappelé en France pour consultation, dont l'arrivée sur notre sol a été confirmée par notre ministre. Il en a profité pour rendre hommage aux équipes de notre ambassade à Alger :
Je veux rendre hommage à notre ambassadeur, parce qu'il a travaillé ces derniers mois dans des conditions très difficiles. Rendre hommage aussi à tous nos agents de l'ambassade à Alger, qui parfois éloignés de leur famille, ont continué à défendre l'intérêt de la France et des Français.
Cette décision fait suite à une « action incompréhensible des autorités algériennes », et aura « des conséquences sur notre coopération migratoire et sécuritaire ». Notre vice-président insiste : « Nous allons continuer à exiger de l’Algérie qu’elle respecte les accords qui régissent notre relation. »
Il évoque enfin le sort de l’écrivain Boualem Sansal, emprisonné en Algérie : « Son état de santé nous préoccupe tout particulièrement. » Il appelle « à un geste d'humanité le concernant ».