La jeunesse et l'accès à l'information, un enjeu citoyen majeur
Chaque année, la semaine 24 au 31 octobre est consacrée à l’éducation aux médias et à l’information.
Un moment qui permet d’apprécier les progrès accomplis et les étapes à atteindre pour permettre à chacun d’avoir un égal accès à la culture, à l’information et aux médias. Un enjeu citoyen dont nous parle Nathalie Elimas, Secrétaire d'État chargée de l'Éducation prioritaire.
Quelle est l'importance de l'éducation aux médias et à l'information pour tous les élèves ?
Permettre à tous nos élèves de devenir des citoyens éclairés et responsables est un objectif fondamental que le système éducatif poursuit au quotidien dans chacune de nos écoles et dans chacun de nos établissements scolaires.
Dans une société de l'information et de la communication, dans laquelle les médias occupent une place centrale, où le volume d’information que nous recevons au quotidien est sans précédent, on parle d’ailleurs d’infobésité, l'objectif d'une éducation aux médias et à l'information est justement de former les cybercitoyens actifs, éclairés et responsables de demain.
Nous savons qu’il y a une différence importante entre savoir utiliser un outil et le maîtriser, dans ses opportunités comme dans ses dangers. Nos élèves, que l’on qualifie souvent de digital natives, ont effectivement grandi avec les réseaux sociaux et dans un écosystème informationnel dense. Il est cependant nécessaire de les former à une utilisation responsable de ces outils, dans le respect de la loi et d’autrui et en mobilisant leur esprit critique.
L’éducation aux médias et à l'information est ancrée dès le plus jeune âge dans le parcours de formation des élèves, un accompagnement est proposé aux équipes pédagogiques dès la classe de CP afin de guider leur travail.
Les fake news polluent le débat public et la démocratie. Les jeunes, présents massivement sur les réseaux, y sont exposés. Comment l’éducation aux médias peut-elle déjouer cette invasion des fake news ?
A la suite de l’assassinat de Samuel Paty, qui est aussi une conséquence tragique d’une utilisation des réseaux sociaux dévoyée, de leur utilisation comme pourvoyeurs d’informations fausses et de manipulation, Jean-Michel Blanquer avait constitué en février 2021 un groupe d’experts. Ce groupe, présidé par Serge Barbet, directeur délégué du centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (CLEMI), a remis en juillet un rapport sur le renforcement de l’éducation aux médias et à l’information et de la citoyenneté numérique. Ces premières propositions portent sur la formation des personnels d’éducation et des personnels de direction en éducation aux médias et à l’information, sur la production d’une plateforme de ressources portée par le CLEMI, sur l’édition et la diffusion d’un guide de référence en direction des professeurs des écoles et des enseignants de toutes les disciplines, ainsi que des dispositifs visant à mieux intégrer l’intervention des professionnels des médias et de l’information en milieu scolaire.
Elles viennent renforcer les dispositifs déjà en vigueur dans nos classes. L’Education aux médias et à l’information (EMI) est formellement intégrée de manière transversale dans les différentes disciplines. Elle fait l’objet, de manière très concrète, de séquences d’enseignement, souvent menées sous la forme de débats et d’études de cas pratiques. A titre d’exemple, il peut être proposé aux élèves de fabriquer eux-même une fake news de façon encadrée, permettant ainsi de mieux appréhender ce qui la distingue d’une information de qualité. Elle s’appuie fréquemment sur des intervenants extérieurs qui se rendent dans les classes. Dans chaque académie, un correspondant EMI permet d’appuyer les personnels en fournissant des ressources, de la formation et des propositions pédagogiques. Ces derniers ont accès également accès aux plans nationaux et aux plans académiques de formation.
Un aspect particulièrement important qui rend plus que nécessaire l’Education aux médias et à l’information est la lutte contre le harcèlement. C’est un fléau absolu que nous combattons avec la plus grande force et qui s’est renforcé avec les réseaux sociaux. Le cyber harcèlement est une véritable problématique face à laquelle nous formons nos personnels et créons des partenariats avec les services de justice et de police. Le dispositif pHARe (programme de lutte contre le harcèlement à l’école) a été étendu à la rentrée 2021 à toutes académies.
Dans quelle mesure l’école républicaine joue-t-elle un rôle dans la formation de l'esprit critique des jeunes ?
Nous nous appuyons sur le « Parcours citoyen » qui s’adresse à tous les élèves, de l’école au lycée, citoyens en devenir, pour qu’ils prennent conscience de leurs droits, de leurs devoirs et de leurs responsabilités. Adossé aux enseignements, en particulier l’enseignement moral et civique (EMC), à l’éducation aux médias et à l’information (EMI), il concourt à la transmission des valeurs et principes de la République en abordant les grands champs de l’éducation à la citoyenneté : la laïcité, l’égalité entre les femmes et les hommes et le respect mutuel, la lutte contre toutes les formes de discrimination, la prévention et la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, contre les LGBTphobies, l’éducation à l’environnement et au développement durable, la lutte contre le harcèlement. Ce parcours prend également appui sur la participation de l’élève à la vie sociale et démocratique de la classe et de l’école ou de l’établissement.
L’Ecole joue donc pleinement son rôle grâce à l’engagement exceptionnel des équipes pédagogiques et éducatives. Mais elle s’appuie aussi sur ce que j’appelle les « alliances éducatives », pour former les citoyens de demain. Car c’est par les synergies construites entre tous les acteurs qui contribuent au développement des enfants et des adolescents, par la porosité entre le temps à l’école et à la maison, par la coéducation qui mobilise les parents, concrètement par la prise en compte de la globalité du temps de l’enfant, que l’on se donne les meilleures chances d’accompagner nos élèves et de les prémunir contre les risques inhérents à nos sociétés hyper connectées.