Le Démocrate Hebdo Santé, avec Brahim Hammouche et Cyrille Isaac-Sibille
Mercredi 8 décembre, la troisième édition de Démocrate Hebdo était consacrée à la santé. Le sujet, à la fois intime et social, nous touche tous, particulièrement dans ce contexte de crise sanitaire. Benoît Frimon-Richard, président des JDems de l'Essonne, pharmacien et diplômé de science politique, est revenu sur les avancées du quinquennat, avec nos deux députés, Cyrille Isaac-Sibille, député du Rhône (commission des affaires sociales) et médecin, et Brahim Hammouche, député de la Moselle (commission des finances) et psychiatre.
Dans à peine un mois, nous allons nous souhaiter une bonne santé. Dans un contexte toujours inquiétant. Depuis 2017, quelles avancées ont-été obtenues en matière de santé ? Cyrille Isaac-Sibille souligne qu'il est nécessaire de donner une vision globale de la politique de santé.
Il résume ainsi la problématique de nos concitoyens : la France détient, avec les Japonais, le record de longévité, mais aussi le record de vieillir en mauvaise santé. Depuis 4 ans, les députés ont œuvré pour changer cela avec deux soucis :
1) La prévention, soit une santé publique avec une approche populationnelle
2) L'accès aux soins, question davantage territoriale que financière
Brahim Hammouche abonde : la difficulté à avoir accès à un médecin, quelle que soit la discipline, est criante sur certains territoires. Trouver des ressources humaines est devenu un enjeu majeur. Il faut rendre plus attractifs ces métiers de vocation, en valorisant les professionnels de santé.
Benoît Frimon-Richard rappelle que la première action forte du gouvernement a été de prévention, en rendant obligatoire la vaccination (11 vaccins), dans un pays qui s'est souvent montré sceptique vis-à-vis des vaccins. L'extension du vaccin de papillomavirus pour les garçons constitue également un acquis. Pour la sexualité des jeunes, la prévention s'est exercée en rendant gratuits contraceptifs et préservatifs jusqu'à 25 ans.
Cyrille Isaac-Sibille insiste sur une notion encore trop peu partagée : La prévention se conçoit selon deux types d'approches, toutes les approches individuelles, et une approche populationnelle de la santé, qui correspond à la santé publique. Cela signifie qu'on traite une population dans sa globalité. Quand on se vaccine, c'est aussi pour les autres.
En matière de prévention, il existe des actions assez contraignantes (exemple du tabac), incitatives (exemple du nutriscore), des méthodes financières (gratuité des contraceptifs).
Avec le 100% santé, le gouvernement permet une avancée populationnelle. Le remboursement des appareils auditifs sans reste à charge, par exemple, aide à lutter contre l'isolement. Brahim Hammouche expose l'importance de prévenir l'apparition d'une perte d'autonomie physique ou psychique. Le maintien à domicile, dans de bonnes conditions, est souhaitable. Cela va dans le sens de la philosophie personnaliste de notre mouvement politique : l'autonomie de la personne est précieuse. Tout est relié.
Si l'on a parfois caricaturé le gouvernement "des petits pas", nos députés affirment que ces petits pas sont souvent de grands pas vers l'autonomie. La loi Grand âge et autonomie, 5e pilier de la sécurité sociale, n'a pas encore été instaurée. Mais, déjà, des moyens ont été alloués. Et surtout, l'acte de naissance de la 5e branche a été gravé dans le marbre. A noter : le premier amendement de cette loi a été porté par un député MoDem, Cyrille Isaac-Sibille. C'est une loi à marquer d'une pierre blanche, aussi importante que la sécurité sociale.
La sécurité sociale, quant à elle, a su jouer son rôle d'amortisseur économique et social. "Nous sommes accompagnés du premier sourire au dernier soupir" dit Brahim Hammouche, en une jolie formule. On ne peut concevoir d'amélioration des soins et de la santé sans sécurité sociale, c'est un bien commun.
La démographie médicale doit être considérée avec attention. Deux mesures majeures ont été prises: la suppression du numerus clausus et la pluridisciplinarité en favorisant les délégations de tâches.
Cyrille Isaac-Sibille explique à quel point le numerus clausus bridait, de manière absurde, les vocations et carrières médicales. Jusqu'à il y a 3 ans, c'était le ministre qui fixait le nombre d'étudiants pouvant passer en 2e année de médecine. Le nombre de médecins formés a pu baisser jusqu'à 3000 par an. Il y avait une gestion comptable de la santé, dans les gouvernements de droite comme de gauche. C'est la majorité gouvernementale qui a supprimé le numerus clausus. Et déjà les chiffres montrent une augmentation des médecins : de 15000 professionnels de santé il y a 3 ans, on est passé à plus de 17000. Cette mesure n'est pas seulement symbolique, mais pragmatique.
Cyrille Isaac-Sibille a produit un rapport avec une théorie de l'escalier, montrant que certains gestes n'ont pas à être réservés aux seuls médecins, mais que les infirmiers, sages-femmes, peuvent monter en compétences.
Pour les 5 ans à venir, quels objectifs ? La démographie est un enjeu, rappelle Brahim Hammouche. Les pratiques avancées vont dans le bon sens, la démédicalisation de la médecine constituant une révolution culturelle utile. Tout ne relève pas du médecin. Le mot à retenir, c'est le mot de coordination. Désormais, les médecins travaillent en groupe.
Les nombreuses questions des internautes et de la salle ont permis d'évoquer la politique du numérique en santé, avec la mise en place du dossier médical partagé dès le 1er janvier 2022. Mais également l'importance de la recherche et de l'innovation, le rôle des collectivités par rapport à l'Etat, la gestion des stocks, qui s'est révélée problématique dans la crise sanitaire, la souveraineté en matière de médicaments, le juste prix du médicament. Et, bien sûr, la question du handicap.
Le grand âge est un vrai sujet pour les familles. La place que l'on accorde la personne âgée dit beaucoup de choses sur notre société. Les logiques institutionnelles doivent désormais s'enchevêtrer et travailler autour du patient et pour lui, autour de son consentement.