"François Bayrou n'a pas encore pris sa décision"

Marc_Fesneau-MF

Jeudi dernier, le secrétaire général du MoDem, Marc Fesneau, invité de RMC, répondait aux questions des auditeurs, notamment quant à une éventuelle candidature de François Bayrou à l'élection présidentielle.

Pour réécouter l'interview, cliquez ici.

Jean-Jacques Bourdin : Marc Fesneau, bonjour.

Marc Fesneau : Bonjour.

Jean-Jacques Bourdin : Nous allons prendre des auditeurs. Tout d’abord Rita. A Nantes en Loire-Atlantique. Bonjour Rita, est-ce que vous souhaitez oui ou non que François Bayrou soit candidat ?

Rita : Oui je le souhaite et je ne comprends pas pourquoi il ne l’est pas encore car nous avons actuellement besoin d’éthique. Or, c’est certainement la seule personne qui n’a pas de casseroles, d’histoires d’argent.

Jean-Jacques Bourdin : On va poser la question à Marc Fesneau. Il n‘y aura aucune casseroles, aucune histoire d’argent avec François Bayrou ?

Marc Fesneau : Il n’y a pas de casseroles avec François Bayrou ! C’est quelqu’un qui est dans la vie publique depuis suffisamment longtemps pour que l’on sache sa probité et la façon dont il fonctionne. Je travaille avec lui quotidiennement et je sais très bien la façon dont il a toujours su distinguer l’engagement public et le privé. Il n’y a donc aucun risque de cette nature là avec François Bayrou. C’est d’ailleurs ce qui fait sa force dans le moment que nous vivons aujourd’hui.

Rita : Pourquoi n’est-il pas déjà candidat ?

Marc Fesneau : Tout simplement parce que le paysage n’est pas encore stabilisé, on ne connaît pas encore tous les candidats. Il y a sur la candidature de François Fillon quelques difficultés qui pèsent. Il est candidat, mais on verra si cela va au bout du processus. La question qui se pose pour François Bayrou c’est d’y aller s’il a le sentiment qu’il y a à la fois une volonté collective et une nécessité dans le paysage parce que le projet que nous portons – ce que nous incarnons - n’est pas ou insuffisamment représenté et s’il n’y a pas la capacité à trouver de nouveaux rassemblements.

Jean-Jacques Bourdin : Personne n’est dupe. Il sera candidat…

Marc Fesneau : Non, la décision n’est pas prise.

Jean-Jacques Bourdin : Vous n’allez pas essayer de me faire croire ça…

Marc Fesneau : Ecoutez, hier soir je quittais François Bayrou et je peux vous dire que la décision n’était pas prise. Et si elle devait être prise, elle le serait dans un terme que maintenant nous connaissons : le 15 ou 20 février. On n’est pas – et nous pourrions l’être – dans une affaire de jeu du chat et de la souris. C’est une affaire suffisamment sérieuse pour que François Bayrou, qui n’avait pas pour option principale et première d’y aller, puisse prendre le temps de réfléchir avant de prendre sa décision.

Il n’y a plus longtemps à attendre désormais puisque ce sera autour des 15 ou 20 février.

Jean-Jacques Bourdin : Vers le 20 février. Nous sommes aujourd’hui le 9 février, donc ça veut dire vers le 16. Peut-être que le 16 février, il sera l’invité d’une émission, non ? ... Ou la semaine d’après ?

Marc Fesneau : Peut-être. On verra.

David : Mon maire s’appelle François Bayrou et quand il a été élu il y a 3 ans, il avait un engagement clair : il ne postulerait pas à des mandats nationaux. Pour moi François Bayrou va se présenter et c’est décevant pour Pau. Depuis le début il est assez absent de Pau. C’est son équipe qui dirige la ville, il avait des engagements de rencontrer les Palois une fois par semaine. Il est venu trois-quatre fois depuis trois ans. On peut le comparer à un homme politique brillant qui s’appelait André Labarrère qui a été Maire de Pau pendant 30 ans, qui a été ministre, sénateur et député. Il était sur le terrain en permanence. François Bayrou ce n’est pas le cas. Je ne suis pas déçu car je n’ai jamais soutenu sa candidature.

Jean-Jacques Bourdin : On a compris mais vous avez le droit… Marc Fesneau, alors François Bayrou n’est pas investi à Pau ?

Marc Fesneau : Nous n’avons pas la même lecture des choses. Moi je sais quand François Bayrou est à Paris, c’est une journée par semaine : le mercredi. Le reste du temps il est à Pau et quand vous regardez son agenda, j’ai l’impression qu’il est très Palois. Peut-être n’a-t-il pas rencontré David, et c’est peut-être un regret que vous exprimez là, mais il a rencontré un tas d’autres personnes. Alors que David ait ses opinions, manifestement très arrêtées, très bien ; qu’André Labarrère ait pu être un grand Maire de Pau, notez que j’ai une ouverture d’esprit qui me permet de dire qu’il a pu être un grand Maire de Pau, cela n’empêche pas que les Palois reconnaissent à François Bayrou d’avoir changé la ville en trois ans. Il est très engagé à Pau. Pour répondre précisément à la question, François Bayrou avait dit que jamais il ne postulerait à un autre mandat de parlementaire ou à un autre mandat local. Et il avait dit : je ne m’interdirais jamais, si la situation l’exige, de pouvoir porter une parole à la présidentielle. Il est strictement dans ce message initial.

Jane : Quelle est la vision de François Bayrou pour la France de demain ? Moi je suis plutôt Valls, pouvez-vous donner quelques mesures qui pourraient me pousser à voter François Bayrou ?

Jean-Jacques Bourdin : Vous voyez que les auditeurs et auditrices nous interrogent…

Marc Fesneau : C’est normal qu’il y ait des électeurs et des électrices ou des auditeurs et auditrices qui s’interrogent.

Le projet de François Bayrou est en partie dans ce qu’il a dit dans son livre Résolution Française. C‘est à la fois des grands principes qui l’ont toujours guidé autour de la moralisation de la vie publique, du changement institutionnel devenu nécessaire parce que nous sommes aujourd’hui dans une situation où deux candidats des deux partis principaux ne représentent même pas 30% de l’électorat alors qu’ils sont représentés à hauteur de 95% à l’Assemblée nationale ! Il y a un problème démocratique qui pose une question fondamentale : c’est que nous sommes incapables de gouverner le pays avec une majorité cohérente et une majorité de projet. C’est d’ailleurs le problème dans lequel s’est retrouvé Manuel Valls. Il y a un certain nombre de sujets dans lesquels une partie de la droite et une partie du centre pouvaient trouver la majorité avec Manuel Valls et proposer une majorité autour d’un projet. Cela n’a pas pu se faire. C’est un premier élément.

Le deuxième élément étant que François Bayrou est sur l’idée qu’il faut qu’il y ait une puissance publique qui soit forte, qui libère et qui ne soit pas une puissance publique contraignante. Le drame français, c’est la bureaucratie et la technostructure. C’est cela qui pose problème et ce n’est pas le problème des fonctionnaires. Donc la question est : comment faire en sorte de « débureaucratiser » la société française ?

Voilà quelques éléments pour en donner deux rapidement. Il y a également le projet européen qui est à rebâtir. Tant que la France ne sera pas forte, il n’y aura aucune capacité à retrouver un projet européen.

Jean-Jacques Bourdin : Moi je suis encore plus terre-à-terre. Le problème des Français, c’est : sécurité, pouvoir d’achat, travail. Moi, j’attends FB sur ces trois grands sujets…

Marc Fesneau : Vous aurez François Bayrou sur ces trois grands sujets quand il rentrera et s’il rentre dans l’arène. Mais il a déjà dit un certain nombre de choses. Sur le pouvoir d’achat, il fut l’un de ceux qui a très rapidement alerté sur le projet de François Fillon et d’ailleurs en partie sur celui d’Emmanuel Macron, avec l’idée que s’il fallait un principe simple ce serait : que l’on garantisse et augmente le pouvoir d’achat des Français. Commencer par des mesures comme la hausse de la TVA ou la hausse de la CSG ça posait un problème de pouvoir d’achat aux Français, et que la question en France était donc celle du pouvoir d’achat. Il fallait donc revenir sur le principe des heures supplémentaires et faire en sorte que ceux qui veulent travailler plus puissent être offerts de gagner plus.

Jean-Jacques Bourdin  : Défiscaliser les heures supplémentaires… ?

Marc Fesneau : Il l’a redit récemment. C’est un élément central pour redonner la confiance aux Français !

Jean-Jacques Bourdin  : Il n’y a pas que ça… Il y a cette économie française avec ce commerce extérieur qui...

Marc Fesneau : Cela nécessite une vraie stratégie industrielle qui existait avant Arnaud Montebourg lequel avait parlé du « Produire Français ». « Produire Français », ce n’est pas seulement un slogan ou une attitude de consommateur. C’est également une attitude de l’Etat qui a une grande stratégie de filières. Il y a donc un certain nombre de stratégies de long et moyen termes, qui ne sont pas visibles, qu’il faut mener par des mesures concrètes.

Il faut simplement tout concentrer en disant : on a envie de constituer une filière - comme on a constitué une filière nucléaire à l’époque - ça s’est fait dans le temps et ça a constitué la force du pays.

Jean-Jacques Bourdin : Question concrète : Si François Bayrou est candidat, va-t-il avoir ses parrainages ?

Marc Fesneau : Ce n’est pas une difficulté majeure car c’est plutôt moi qui en suis chargé. On a quasiment 350 personnes en situation de parrainer « MoDem », c’est-à-dire qui ont une carte au MoDem. Après pour trouver le complément, il n’y a pas de grande difficulté. Quand vous allez sur le terrain, il y a beaucoup d’élus. Regardez, moi-même je suis élu dans le Loir-et-Cher. Il y a beaucoup d’élus qui vous disent : « Si on n’a pas d’autres choix que celui-là, il faut que François Bayrou y aille », et qu’ils soutiendront la candidature de François Bayrou.

Jean-Jacques Bourdin : Et financièrement ? Parce que si François Bayrou ne fait pas 5% c’est une ruine !

Marc Fesneau : C’est très simple : nous sommes propriétaires de notre siège. Nous en avons d’ailleurs vendu une partie en 2012, nous avons eu une difficulté électorale que vous connaissez. Je vous dis les choses de façon très transparente… Nous sommes propriétaires, notre siège n’appartient pas aux banques. Nous avons remboursé notre crédit. Et quand vous êtes propriétaire d’un siège, vous avez une caution qui vous permet de mener une campagne électorale et d’avoir un prêt.

Jean-Jacques Bourdin : Il ne prend pas de risque financier s’il est candidat… ?

Marc Fesneau : Il ne prend pas de risque financier.

Jean-Jacques Bourdin : Si François Bayrou est candidat, il est crédité de 5% des voix dans le sondage qui est paru hier, c’est à la fois très peu et ça permet d’être remboursé.

Marc Fesneau : Oui mais je ne crois pas que ce soit la seule ambition que nous ayons pour être très honnête. Tant que vous n’êtes pas dans la partie, le sondage – je ne remets pas en cause le sondage lui-même – n’est pas dans la réalité des choses. Vous vous souvenez peut-être qu’il y a quinze jours ou trois semaines, on avait testé le nom de Benoit Hamon. Il était à 7% s’il était vainqueur de la primaire. Or, aujourd’hui il est donné à 15% et même 17% dans certains sondages. Cela varie. Par ailleurs, je trouve même que nous avons des mouvements d’opinion qui sont violents. François Fillon était testé à 32% à la sortie de la primaire. Il est aujourd’hui à 18% dans le même sondage. Toutes les choses sont tellement mouvantes et fluctuantes qu’elles peuvent évoluer.

Saïd : François Bayrou est un maire qui est en train de redynamiser la ville de manière hallucinante. Il a pris un engagement avec les Palois de remettre la ville à flots. Qu’il finisse ce boulot là car on revient de très loin, qu’il aille au bout de ce qu’il est en train de faire, et qu’ensuite il aille vers des choses nationales, il a le temps, il est jeune !

Jean-Jacques Bourdin : Oui mais c’est surement sa dernière présidentielle … Vous voyez les Palois veulent le retenir !

Mathieu : Pourquoi est-ce que François Bayrou échapperait au coup de balai que l’on connaît cette année ?

Marc Fesneau : Je ne sais pas si c’est seulement une affaire de coup de balai. Quand vous regardez François Fillon par exemple, c’est un des plus anciens élus députés à l’Assemblée nationale. Je ne pense pas que ce soit la même chose. Manuel Valls et Alain Juppé sont sortis parce que la primaire est un processus qui donne raison aux noyaux durs. Or, ni Manuel Valls, ni Alain Juppé n’étaient au cœur des noyaux durs de ces deux familles politiques des Républicains et du PS.

Pour les autres, ce sont aussi des affaires de parcours personnels qui ont pu ne pas être compris à un moment au sein de leurs formations. Je ne crois pas que les Français soient uniquement dans une recherche de coup de balai. Je pense qu’ils cherchent de la cohérence. Ils sont très exigeants sur les élus et c’est normal ! En même temps, quand vous regardez la solidité des votes, le renouveau les inquiète un peu. J’ajoute que celle qui est en tête aujourd’hui c’est Marine Le Pen. Elle a certainement d’autres éléments pour monter, mais ce n’est pas le renouveau qui est son élément principal.

Jean-Jacques Bourdin : Merci à vous, Marc Fesneau.

Marc Fesneau : Merci.

 

 

 

 

 

 

 

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