"Il est impératif d'être réunis pour faire face aux manipulations des opinions publiques européennes, venant de puissances internationales"
Retrouvez ci-dessous un extrait du Grand Rendez-vous de François Bayrou, portant sur la tribune du Président de la République aux citoyens européens, et sur la situation européenne actuelle.
On en vient à cette tribune européenne, Emmanuel Macron l’a lancée cette semaine à l'adresse de tous les citoyens européens, ce qui était inédit. On a bien compris qu'il se vivait un peu comme le chef de la campagne européenne, on n'a pas bien compris avec quels alliés il comptait travailler demain.
Ce que le Président de la République a fait, vous avez dit inédit, c'est en effet sans précédent.
Un Chef d'État qui s'adresse à tous les citoyens européens, pas seulement à ceux qui votent chez lui, mais à tous les citoyens européens pour mettre en évidence la nécessité historique que nous sommes en train de vivre, alors c'est en effet sans précédent.
Qu'est-ce qui se passe ? C'est très simple. Vous avez des forces incommensurables économiques, financières, politiques, qui veulent la destruction de l'Europe, qui voient, là, la seule chose qui puisse contrebalancer…
Mais qui sont aujourd'hui l'expression démocratique dans un certain nombre de pays.
Oui, justement et donc ils veulent, on connaît très bien leur identité, on a vu cette semaine qu'il y avait un lobby organisé par des milliardaires américains qui payent pour déstabiliser les opinions publiques européennes. Par ailleurs, Donald Trump ne se cache pas.
Il connaît les adversaires, mais qui sont les alliés ?
Attendez, peut-être ceux qui nous écoutent ne les connaissent pas, on va les rappeler.
Donald Trump s’est exprimé à propos du Brexit en disant qu'il fallait encore plus loin dans la destruction de l'Europe. M. Poutine évidemment multiplie les efforts, y compris financiers pour que ceux qui veulent détruire l'Europe aient plus leur aise.
Et puis, vous voyez les forces immenses.
Et Emmanuel Macron parle à tout le monde mais avec qui va-t-il travailler demain au Parlemente et à la Commission ?
Je crois qu'il existe une majorité au sein du Parlement Européen qui, pour l'instant, ne s’est pas constituée, une majorité centrale, des Européens qui ne veulent pas la destruction de l'Europe.
Comme vous savez sans doute, nous appartenons au Parti Démocrate Européen dont je suis l'un des deux co-présidents et nous voyons naître dans tous les pays des gens qui commencent à mesurer le risque extrême. Ce n'est pas le seul courant, ce courant central, il y a d'autres mouvements d'opinion, un peu plus à droite, un peu plus à gauche, qui mesurent tout à fait qu'ils ne peuvent pas s'en sortir autrement et que la menace qui pèse sur nous est importante. Il existe une volonté politique européenne de mettre des règles qui défendent nos droits et nos valeurs et il y a des forces assez larges qui pourront constituer une majorité européenne.
En France, avec qui avez-vous envie de travailler au-delà de la majorité autour du Président de la République ?
La majorité aujourd'hui, si j'en crois les études d'opinion desquelles je me méfie autant que vous le faites, la liste que nous présenterons ensemble est en tête des intentions de vote.
Avec quelle incarnation ?
On verra.
Vous ?
Non, je ne serai pas, c'est la troisième fois que je le dis, mais je vais le répéter, tête de liste aux élections européennes. Faudrait qu’il y eût un séisme, et je ne l’aperçois pas.
Avec quel profil ? Quelle sensibilité ?
Je pense qu'il faut un ou une responsable politique ayant de l'expérience, autant de l'expérience politique que de l'expérience de vie.
Ségolène Royal ?
Vous avez failli me faire éclater de rires, ce n'est pas bien !
Elle a trouvé la tribune du président Emmanuel Macron formidablement créative imaginative et rassembleuse.
Mais elle a raison. On ne s'en est pas aperçu parce que les commentaires passent trop vite. Depuis combien de temps n'a-t-on pas vu un…
Vous allez nous parler du président Emmanuel Macron, mais nous, on essaie d’avoir la tête de liste, François Bayrou.
Attendez, depuis combien de temps n'a-t-on pas vu un chef d'État proposer à tous les Européens des idées aussi novatrices que celles qui sont dans cette tribune-là ? Dire par exemple : on a une grande question autour de l'immigration et de l'asile. Il faut que ceux qui sont décidés à traiter cette question ensemble, l'ancien périmètre de Schengen par exemple, même s'il ne restera pas comme cela, acceptent de défendre ensemble leurs frontières et d'avoir une règle unique pour l'asile.
Regardez ce qui se passe aujourd'hui.
Remise à plat de Schengen a dit le Président de la République, sans que l'on sache très précisément ce dont il s'agit.
En Allemagne, on vous refuse l'asile, il suffit de passer en France et cela recommence.
Cette exigence-là est novatrice, l'exigence d'avoir des règles commerciales qui défendent nos principes et nos valeurs, elle est essentielle, elle est novatrice.
Une banque durable pour les transformations dues à la lutte contre le changement climatique, une banque spécifique liée à la BCE, tout cela ce sont des idées qui, jusqu'à maintenant, étaient peu dans le débat ou en tout cas n’y étaient jamais ensemble.
Les idées qui sont à la fois protectrices et ouvertes, elles n'étaient jamais présentées ensemble. Or c'est bien de cela dont nous avons besoin et on trouve là un écho du : « En même temps » dont le Président de la République avait fait son mantra au moment de l'élection.
Si vous voulez un nom pour la tête de liste, eh bien je ne vous le donnerai pas.
Nathalie Loiseau, Cédric Villani.
Je vous ai fait un profil, un portrait-robot, essayez de voir à qui il correspond.
On va chercher.
J'ai dit expérience et expérience politique et expérience de vie en même temps. Je trouve que l'Europe est un sujet tellement important qu'il mérite quelqu'un qui ait une densité personnelle.