Jacqueline Gourault, invitée de la matinale d'Europe 1

Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, était l'invitée de David Doukhan, ce matin, sur Europe 1. Nous vous invitons à revoir cette interview.


Bonjour Jacqueline Gourault. 

Bonjour. 

Vous avez une mission très difficile qui va être de réconcilier le président de la République, le gouvernement et les élus locaux. Nous allons consacrer du temps à ce sujet mais d'abord, une question. Vous avez récemment, dans une interview, déclaré : « Ce n'est pas parce que l'on est majoritaire que l'on détient la vérité. » Et là, on voit depuis le début de la semaine : un aménagement de la l'augmentation de la CSG pour les retraités, c’est niet, Agnès Buzyn a dit non. Peut-être calmer le jeu sur la hausse du carburant, c’est niet, on assume. On a l'impression d'un gouvernement qui pense détenir la vérité.

Non, pas du tout. Parce qu’au regard, par exemple, de la hausse du prix du fuel et du diesel…

Et de l’essence.

Et de l'essence qui est pour 75 % la conséquence de l'augmentation du baril, il y a en parallèle des politiques qui sont menées aussi pour la transition énergétique et, par exemple, des capacités pour changer les voitures : tout simplement l'aide à la conversion des voitures pour des voitures qui sont moins polluantes, voire des voitures électriques, avec des aides importantes et ça marche très fort.

Y compris pour les plus modestes de nos concitoyens ? 

Y compris pour les modestes.

Soyons honnêtes. Est-ce qu’on peut aujourd'hui tous se payer une voiture hybride ou électrique ?

Je vais vous dire. Sur les deux cent mille demandes qui ont eu lieu, 75 % concernent des gens qui ne paient pas d'impôts, qui ne sont pas imposables sur le revenu. 

Mais est-ce que vous entendez la colère qui monte ? Laurent Wauquiez déclarait dans une interview récente, je le cite : « Les gens sont en colère, cela va finir par exploser. » Est-ce que le leader des Républicains exagère ou bien est-ce qu’il perçoit tout de même une forme de réalité ? 

Le leader des Républicains dit ce qu’il a à dire. Moi, je suis beaucoup sur le terrain. Je rencontre beaucoup d'élus, naturellement, mais aussi des citoyens. Il y a besoin d'explications, il y a besoin de gestes comme on l'a fait par exemple avec la CSG et ceux qui étaient juste à la limite.

Trois cent cinquante mille retraités qui ne verront pas leur CSG augmenter.  

Absolument. Il y a des choses et des gestes qui sont faits. Je ne crois pas qu’on soit au bord de la rupture. Je crois simplement qu'on a choisi une ligne qui est une ligne que le travail soit mieux rémunéré, et il faut des équilibres dans une société et c'est ainsi que les citoyens doivent comprendre notre préparation de l’avenir. 

Venons-en à votre à votre mission. Je parlais de vous tout à l'heure comme d'un Casque bleu : il faut rétablir la paix et le dialogue entre le gouvernement d'un côté et les élus locaux de l'autre, mais je vais vous poser une question précise. Parlons des départements. Les départements réclament légitimement de la part de l'Etat une aide financière sur le RSA, sur l'accueil des mineurs isolés. Sur le RSA, cela fait des années que l'Etat ne tient pas sa promesse qui consiste normalement à rembourser à l'euro près le paiement de cette aide sociale.

Oui.

Est-ce que vous allez faire un geste envers les départements ? 

Oui. Nous allons faire un geste envers les départements.

Lequel ?

Nous avons déjà un accord sur les MNA. Nous pensons qu’il y aura un accord… Enfin, il y a un accord qui va se faire à mon avis aussi sur les AIS, les allocations individuelles de solidarité. Je dirais, c'est normal. Et vous l'avez dit vous-même : depuis tant d'années, les départements ont pris en charge, au fond, toutes ces allocations et un gap, un fossé s'est de plus en plus agrandi entre ce qu'ils ont versé et ce que l'Etat leur rembourse. Donc c'est bien normal...

L’Etat est un mauvais payeur dans cette affaire. Combien allez-vous débloquer ? Jacqueline Gourault, Ministre des Territoires, combien allez-vous débloquer ? 

Je ne peux pas vous dire de chiffre aujourd'hui.

Vous êtes désormais aux manettes.

C’est une négociation que nous sommes en train d'avoir avec les départements. Il y a aussi une nécessité de péréquation entre les départements, parce que si certains départements sont en très mauvaise posture financière, à peu près de quinze, vingt… 

D’autres vont mieux.

Il y en a qui vont très bien et qui sont très riches. Il y a donc aussi une nécessité de péréquation à mettre en place. Une aide de l’Etat plus une nécessité de péréquation.

Dont le montant n'est pas encore connu, on l’a compris, mais qui fera l’objet d’une négociation. D'ailleurs, vous voyez le patron des départements de France, Dominique Bussereau, tout à l'heure, dans un quart d'heure.

Je vois que vous savez tout ce que je fais. Bravo. 

Vous recevez Dominique Busserau. Vos relations sont bonnes avec lui. On nous dit qu’il convoitait le poste que vous occupez désormais, qu'il pensait pouvoir devenir Ministre des territoires. Vous n’êtes pas au courant ? 

Non, je ne suis pas au courant. Mais je connais Dominique Bussereau depuis très, très longtemps.

Est-ce que si vous réussissez, si vous commencez à réussir dans votre mission, le président de la République peut aller sereinement dans un mois devant le congrès des maires de France et, pour une fois, ne pas se faire siffler ? 

Je crois que le travail que j'entreprends ou que je continue, puisqu’auprès de Gérard Collomb, je m'occupais aussi de collectivités territoriales, j'ai toujours cherché à faire du cousu main avec les associations d'élus. Alors il y a eu des périodes un peu difficiles, des périodes un peu tendues mais, comme vous l'avez vu, nous avons déjà avec le Premier ministre reçu l'Association des régions de France la semaine dernière, et ça s'est très bien passé. Je pense qu’il faut… 

Le dialogue reprend…  

Le dialogue reprend. 

Mais la mauvaise humeur peut revenir vite.

Et j’espère aussi que la volonté du dialogue est réelle chez toutes les associations. Parce que pour dialoguer, il faut être deux.

On manque de temps. Il faut qu'on aborde un sujet très important qui est celui de l'Alsace. C'est très important parce que c'est une question d'identité. L'Alsace, depuis que la région Grand Est a été créée, n'a plus d'existence administrative et les élus locaux sur place s'en désolent parce qu'il y a une identité alsacienne. Ils se sont tournés vers le gouvernement. Que peut-on faire pour que cette identité alsacienne soit administrativement reconnue ? 

Nous allons tout simplement accompagner les élus dans ce qu'on appelle le désir d'Alsace. Le gouvernement a été très clair : il est prêt à soutenir la création d'une collectivité alsacienne, c'est-à-dire qui serait faite à partir des deux départements. 

On fusionne le Bas-Rhin et le Haut-Rhin. C’est ça ? 

Voilà, absolument. L’Alsace, c’est deux départements aujourd'hui. 

Donc on les fusionne et on leur donne… 

Une collectivité qui serait donc l'émanation de ces deux départements, tout cela dans la région Grand Est, et avec des compétences qui sont des compétences des départements, mais d'autres compétences qui tiendraient à leurs spécificités.

Un statut spécial pour ce département fusionné.

Non. Pas un statut spécial : une collectivité avec des compétences particulières qui sont dues aux transfrontaliers notamment et à l'identité alsacienne rhénane. 

C’est une annonce de la ministre des Territoires ce matin sur Europe 1. On passe à l'actualité, Jacqueline Gourault. Vous avez suivi cette affaire Khashoggi. Le ministre allemand de l'Economie demande aux pays européens d'arrêter les ventes d'armes à l'Arabie saoudite, le président Macron ne veut pas répondre. J’ai une question à la citoyenne : est-ce que cela vous pose un problème personnellement ? 

D’abord… 

Qu’on continue à vendre des armes à l’Arabie saoudite ? 

L’affaire en soi est horrible, c'est un meurtre. Et je pense qu’on ne peut pas ne pas montrer un geste fort de condamnation de la part de la France et de la part des pays européens.

Peut-on continuer, Jacqueline Gourault – là, c'est vraiment une question à la citoyenne, à l'élue, à la responsable politique + peut-on continuer à vendre des armes à ce royaume, à cette dictature ? 

Je ne sais pas si on peut continuer à vendre des armes. 

Qui, par ailleurs, est engagé au Yémen dans une guerre sanglante.

Oui, je sais. Le commerce des armes sur la planète émane de plusieurs pays et il faut alors en discuter dans le cadre européen et international. 

La question est simple, Jacqueline Gourault : est-ce que moralement la France peut continuer à vendre des armes à l'Arabie saoudite, alors qu’on voit bien que notre partenaire allemand nous enjoint à suspendre ? 

Le président de la République prendra position. Ça n'est pas à moi de la prendre.

Jacqueline Gourault, merci à vous, la Ministre des Territoires, d'avoir été l'invitée d'Europe 1 ce matin. 

 

 

 

 

 

 

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