Jean-Marie Vanlerenberghe publie « Meneur de Jeu » : recueil d’entretiens sur son chemin politique
L’histoire du Mouvement Démocrate n’est pas celle d’un parti, mais d’une intuition forte, qui court depuis plusieurs décennies : l’idée d’un centre, creuset d’où peuvent jaillir le compromis et la raison. C’est un même idéal humaniste, social et européen qui nous regroupe. Aussi est-ce une vraie joie pour nous de lire le recueil d’entretiens que vient de publier, aux éditions Engelaere, Jean-Marie Vanlerenberghe, sénateur du Pas-de-Calais et vice-président du Mouvement Démocrate.
Forme libre par excellence, les entretiens nous invitent à revivre plus de cinquante ans d’une vie politique exigeante et éclairée. Déroulant les rubans de sa mémoire, Jean-Marie Vanlerenberghe nous parle de son père, responsable de la CFTC, qui a vécu les dures heures de l’affrontement avec la CGT en 1948 et la répression de Jules Moch. Marqué par cet épisode de violence, Jean-Marie Vanlerenberghe en gardera une aversion pour les divisions intestines et un refus de la haine. Très tôt, dès la fin de ses études d’ingénieur, son engagement politique se décide, au MRP, puis au Centre des démocrates sociaux. L’idée de conjuguer une économie sociale de marché et un humanisme chrétien le guide. Dans la préface, François Bayrou rappelle avec malice que c’est précisément le jeune Jean-Marie qui lui a ouvert, boulevard Saint-Germain, la porte du CDS. Tant d’années plus tard, les deux hommes, quelques rues plus loin, oeuvrent toujours, ensemble, pour le bien commun.
Amoureux des terres du Nord, Jean-Marie Vanlerenberghe a été maire d’Arras, bastion socialiste réputé imprenable. Il a toujours veillé à exercer le pouvoir dans la coopération entre élus de sensibilités diverses, sans crispations d’étiquettes. Sous son impulsion, le rayonnement culturel de la ville, son patrimoine historique, ont été valorisés. De belles réalisations, comme la Maison de l’Emploi, la politique du logement, témoignent de son souci social.
Animé par une foi européenne, il a également été député européen, de 1986 à 1989, puis de 1993 à 1994. A des périodes charnières, donc, juste avant l’effondrement du bloc de l’Est, puis à l’établissement de l’Acte Unique. Il a pu constater directement le renforcement du rôle du Parlement. Il s’y est notamment investi dans l’ouverture à la concurrence de la production d’énergie et du transport des voyageurs. Les questions écologiques ont été au cœur de ses préoccupations.
Sensible à la réconciliation entre les peuples, Jean-Marie Vanlerenberghe éprouve un attachement profond pour l’Europe. L’opposition entre l’Europe et la nation n’a, à ses yeux, pas lieu d’être. Car il y a naturellement communauté de destins. Les dysfonctionnements de l’UE lui apparaissent nettement, et il lui semble d’autant plus urgent de les corriger. Accorder à l’UE les moyens de son autonomie politique et budgétaire est ainsi indispensable.
Plus tard, au Sénat, il se bat pour les affaires sociales. Chaque année, il présente ainsi un Rapport d’analyse sur le projet de loi de finances de la Sécurité Sociale. Cette responsabilité le rend particulièrement attentif aux annonces du Plan ma santé 2022, qui lui semblent aller dans le bon sens.
Dans ces tranches de vie, nous entendons aussi la voix de ceux qui ont compté pour Jean-Marie Vanlerenberghe : Roger Poudonson, André Diligent, Jacques Barrot, Jean Lecanuet, François Bayrou. A Arras, des hommes comme Jules Catoire, Guy Mollet, Frédéric Leturque ou Philippe Rapeneau, auquel il rend hommage avec émotion. Et, sur la scène européenne, Bronislaw Geremek, Lech Walesa, Simone Veil ou Jacques Delors.
Attentif aux autres, le vice-président du Mouvement Démocrate analyse la crise des gilets jaunes comme un ressentiment, rentré depuis quelque trente années. C’est un manque de considération qui en est, principalement, la cause. Les inégalités sont vécues d’autant plus vivement. Aussi les dirigeants doivent-ils renouer le lien de confiance, retrouver proximité et sens de l’écoute. C’est à ce prix que la représentation politique sortira renforcée.
Seules la sagesse pratique, l’humilité, permettent de saisir la complexité des enjeux actuels. Et pour atteindre ces buts, c’est en meneur de jeu qu’il faut se comporter ! Clin d’œil à ses parents, qui avaient fièrement fait part de ce surnom à un journal lors de son élection à la mairie, le titre vaut pour nous aussi : le meneur de jeu passe les ballons, les distribue. Passeur d’histoires, d’idéal, de liens fraternels.
Références de l'ouvrage :
Jean-Marie Vanlerenberghe : Meneur de jeu
Entretiens avec Jean-Jacques d’Amore
Aux éditions Engelaere