"La mise en place d’une gouvernance économique européenne s’imposera pour l’avenir."

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Dans une tribune publiée vendredi 4 novembre, Marielle de Sarnez est revenue sur la crise à laquelle est aujourd'hui confrontée la zone euro. Découvrez son analyse.


"À l’heure où j’écris ces lignes, nous ne savons pas quel sera l’avenir politique de la Grèce. Mais, en tout état de cause, nous entrons dans une période d’incertitudes nouvelles. Et le risque de déstabilisation de la zone euro augmente avec, à la clef, l’augmentation inévitable des taux d’intérêts et donc, une plus grande fragilisation de nos économies. 



Il n’était pas surprenant que Papandréou ait envisagé de recourir à un référendum sur le plan d’aide à son pays validé lors du dernier sommet européen. Le chef du gouvernement grec a été contraint d’imposer à son peuple une cure d’austérité sans précédent et sans aucune perspective de relance à court terme. Si les populations des États endettés doivent endurer les conséquences économiques des dettes souveraines, il est désormais dans l’ordre des choses que les dirigeants européens se trouvent confrontés aux conséquences politiques de leur gestion de crise. 



Pour notre part, depuis le début de cette crise grecque, nous avons appelé de nos vœux la formation d’un gouvernement d’union nationale, seul à même de pouvoir conduire les réformes nécessaires tout en préservant des marges de manœuvre pour créer les investissements dont le pays a besoin. 

Les conservateurs grecs, déjà responsables de la présentation mensongère des chiffres du déficit grec, en refusant depuis le début l’union nationale, ont une lourde part de responsabilité. 



Comme l’a dit François Bayrou, la perspective d’une sortie de la Grèce de l’euro serait une "catastrophe nucléaire". Ses conséquences économiques seraient immenses pour la Grèce mais aussi pour les autres États membres de la zone euro. Le montant de la dette serait de fait largement accru. Le niveau de vie des Européens en serait très gravement affecté. 


"Mais dans l’hypothèse souhaitable où la Grèce reste dans la zone euro, seul l’avenir nous dira si l’accord intervenu le 26 octobre parviendra effectivement à enrayer la crise de l’euro et permettra aux pays en difficulté de surmonter leurs problèmes. Certes, cet accord constitue une avancée quant à la solidarité avec Athènes, après le déblocage d’une nouvelle tranche de prêt de 8 milliards d’euros, la renonciation par les investisseurs privés de 50 pour cent de leurs créances grecques, l’augmentation de la force de frappe du Fonds européen de stabilité financière (FESF) à 1 000 milliards d’euros et la recapitalisation des banques. 



Mais de nombreuses questions demeurent quant à l’accord sur le FESF. Il s’appuiera dans cet exercice financier complexe sur un fonds d’investissement où la Chine devrait jouer un rôle important. La dette européenne va devenir en partie chinoise alors même que les milliards de réserves de change que Pékin a accumulés et qui lui permettent aujourd’hui de jouer les sauveurs sont le résultat d’un dumping monétaire autour du yuan. Autrement dit, cet accord demeure bancal et n’est pas une solution à long terme. Alors qu’il y avait une autre voie à suivre : l’adossement du fonds à la BCE, ce qui aurait permis aux Européens de mettre sur la table pas seulement une solution financière mais une réponse politique de nature probablement à restaurer de la confiance. 



La mise en place d’une gouvernance économique européenne s’imposera donc pour l’avenir. La consolidation de l’euro sur le moyen et long terme ne pourra être garantie qu’avec une union économique et fiscale en phase avec l’union monétaire. Mais tout cela n’aura aucun sens si les États membres qui vivent au dessus de leurs moyens ne règlent pas eux-mêmes leurs problèmes d’endettement. Cela vaut pour l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce. Mais cela vaut aussi pour la France. La question de notre endettement doit se régler d’abord au plan national."

 

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