"Le tourisme est un secteur économique vital pour la Réunion"
Alors que la crise économique touche de plein fouet les DOM-TOM, Thierry Robert, député de la Réunion, plaide pour que son île fasse preuve d'une "véritable dynamique touristique", dans une tribune publiée par Le Quotidien.
"Le secteur du tourisme navigue dans un contexte particulièrement difficile à La Réunion. L'île peine, en effet, à attirer les 600 000 touristes annuels, objectif pourtant affiché pour 2015. Dans cette période actuelle de morosité, où les acteurs socio-professionnels, en majorité, remettent en cause la réalisation de cet objectif, ils se questionnent sur le devenir de ce secteur d'activité, qui constitue pourtant un des piliers de l'économie de La Réunion. Le développement des activités touristiques souffre de maux causés tant par des facteurs structurels, conjoncturels et organisationnels. Depuis 25 ans, notre île accueille annuellement, en moyenne, 450 000 touristes, qui en majorité proviennent de l'Hexagone.
La moitié d'entre eux rendent visite à leurs proches qui y résident, 40 % sont constitués de touristes d'agrément et les 10% restants font partie de voyageurs d'affaire. En moyenne, les familles, qui séjournent sur notre île, ne dépensent, hors billet d'avion, que 1 300 euros dont 65 % en hébergement, en restauration et en location de voitures, les 25 % restants se partageant entre les souvenirs, cadeaux, de loisirs et autres. Saviez-vous qu'au départ de Paris, La Réunion fait partie des trois destinations les plus chères au monde ? Que dire ainsi du prix des billets d'avion, qui peut dépasser 1 500 euros en période rouge sur un aller retour Paris-Réunion, alors que sur des destinations de même distance, celui-ci est moindre.
Si la crise du Chikungunya et la crise économique internationale ont contribué, par ailleurs, à diminuer l'attrait pour la destination Réunion, ce secteur d'activité souffre néanmoins de difficultés organisationnelles. Si l'offre et la qualité d'accueil se sont considérablement améliorées en 25 ans, notamment grâce à la formation professionnelle, nous manquons malheureusement encore d'ambition, en ce qui concerne la promotion de notre destination. Alors que nos cirques et pitons ont obtenu le Label 'patrimoine mondial de l'Unesco', notre île peine à attirer significativement plus de touristes. Chaque année, des campagnes de promotion, à travers la tenue de stands dans différentes manifestations (Top Résa, Roland Garros, etc.) sont organisées dans l'Hexagone et dans d'autres pays.
Ayant eu l'occasion d'en visiter quelque-uns, j'ai pourtant eu l'impression que comparativement aux actions menées par les mauriciens ou autres, je trouve que notre approche manque 'd'agressivité' pour espérer attirer plus de touristes vers La Réunion, alors que notre île dispose d'atouts et de charmes indéniables. Il ne faut pas ignorer les difficultés que connaissent les acteurs professionnels, mais au niveau des politiques, nous pouvons insuffler une véritable dynamique en demandant à l'Etat une baisse du prix des billets d'avion vers La Réunion, à travers une aide supplémentaire à la continuité territoriale. Une baisse du prix du billet rendrait notre destination plus accessible à un plus grand nombre de voyageurs, et donc des dépenses sur place s'en retrouveraient accrues lors de leurs séjours.
Par ailleurs, la mise en œuvre de projets de téléphérique offrirait de nombreuses perspectives pour le tourisme à travers la découverte de micro-régions et de sites exceptionnels rendus accessibles, tel le Grand Bénare. Tout en préservant l'environnement et nos espaces naturels, ce mode de transport plus écologique par rapport à d'autres, tels que la voiture, le bus ou l'hélicoptère, contribuerait à accroître la fréquentation touristique de loisirs et d'affaire.
Enfin, avec l'appui de l'ensemble des collectivités territoriales, l'IRT pourrait mettre en place une promotion plus soutenue de la destination Réunion, à travers une campagne de promotion itinérante et inédite dans les grandes villes de métropole (Paris, Lyon, Marseille, etc.), d'Europe et d'ailleurs (Inde, Asie, Australie) présentant La Réunion sous ses différents charmes : culturel, culinaires, sites à découvrir, activités sportives et de loisirs, etc. En plus d'attirer l'attention des citadins disposant de moyens financiers, une telle action permettrait d'accroître l'attrait de La Réunion pour des touristes à la recherche de sensations nouvelles.
Ces pistes de travail sont prometteuses pour relancer ce secteur d'activité, et donc l'économie locale. Néanmoins, elles requièrent, au préalable, l'aval des acteurs professionnels, une coordination et un travail de fond de la part des décideurs politiques, qui en dehors de tout clivage, auraient à cœur de se mettre d'accord sur les stratégies à adopter et de parler d'une seule et même voix auprès de l'Etat et des autres partenaires. Dans l'intérêt de La Réunion, il ne faut pas oublier les enjeux économiques (création d'activité) et sociaux (lutte contre le chômage) liés au développement du secteur touristique pour notre île."
Pour aller plus loin : le site internet de Thierry Robert.