Marc Fesneau, invité de la matinale d'Europe 1

Marc Fesneau, ministre auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement, était l'invité de la matinale d'Europe 1, ce mardi 23 octobre. Nous vous invitons à revoir cette interview.

 

Bonjour Marc Fesneau. Voyez-vous revenir en pleine vitesse le ras-le-bol fiscal ?

Non, je ne crois pas du tout. Vous faites peut-être allusion à ce qu’il se passe autour de la fiscalité écologique.

Le carburant, la hausse de la CSG…

Il y a plusieurs choses : concernant la CSG, nous sommes sur la même tendance que l’an dernier. Il n’y a rien de nouveau dans le budget. D’ailleurs, un certain nombre de mesures proposées par le gouvernement vont viser à éviter qu’un certain nombre de gens entrent dans le dispositif…

350 000 foyers de retraités, pour être précis, ne seront pas affectés par la hausse de la CSG. Nous en reparlerons tout-à-l’heure.

Deuxième chose : nous sommes dans la première année effective, puisque les feuilles sont tombées, concernant la baisse de la taxe d’habitation dans la plupart des communes de France. Quelques communes ont procédé à des augmentations.

Quelques ? 6 000 !

Reconnaissons que ce n’est pas la volonté du gouvernement et que c’est la liberté des communes. A la fin du mois, la fin du processus de baisse des charges sur les salaires vont aussi apporter du pouvoir d’achat aux Français. Quant à la fiscalité écologique, le gouvernement assume une volonté de transition. Il faut avancer vite sur la question de la transition écologique, d’abord pour des questions climatiques – il suffit de lire les rapports du GIEC qui ne manquent pas de nous inquiéter – il faut que l’on soit, parce qu’il y a eu l’Accord pour le climat signé à Paris, mais aussi parce que c’est un enjeu international, les premiers sur ce domaine-là. Et puis ensuite, la transition entre le diesel et l’essence : tout le monde sait qu’il y a eu, il y a quarante ans, des mesures d’incitation fiscale qui avaient permis finalement de pousser plutôt la consommation du diesel que l’essence… C’était une exception plutôt française.

C’est précisément ce qui agace nos concitoyens, y compris dans les départements ruraux comme le vôtre, le Loir-et-Cher. On leur a expliqué pendant des années qu’il fallait acheter du diesel et maintenant on leur dit « c’est plus cher, il faut arrêter »…

Oui, mais tout cela se fait sur la durée du quinquennat de cinq ans. C’est vrai que c’est un effort qui est demandé. Comme vous le soulignez, à juste raison, je vis dans un département rural donc je connais bien les sujets qui sont ceux-là. Par ailleurs, 180 millions d’euros seront mis de plus sur la table pour faciliter le transfert du carbone, de l’essence, à  l’électrique – c’est la prime à la conversion – en plus du chèque énergie qui va être augmenté cette année. Au total, 250 000 personnes auront bénéficié de ce dispositif à la fin de l’année. Nous visions 500 000 sur le quinquennat… Vous voyez comme les choses vont vite. C’est une transition, cela nécessite des efforts, je le reconnais bien volontiers, mais on assume ces efforts…

Vous assumez ces efforts : vous dîtes « le plein va coûter plus cher et c’est comme ça ».

Parce que c’est un enjeu de santé publique et c’est un enjeu pour le climat ! Par ailleurs, il y a un élément sur lequel nous ne maitrisons pas les choses forcément et c’est aussi une difficulté : c’est la hausse du pétrole. Mais dans les territoires comme les nôtres, comme ceux que je connais, ceux du Loir-et-Cher, nous avons toujours été très dépendants de la hausse du pétrole. Il faut en sortir, d’où la transition électrique.

Marc Fesneau, il y a un soupçon qui pèse sur ce budget. Ségolène Royal l’a pointé. C’est l’idée que vous financeriez la disparition de la taxe d’habitation par la fiscalité écologique, qui deviendrait punitive. Quand on regarde les chiffres, la suppression de la taxe d’habitation coûte 20 millions d’euros tandis que la fiscalité écologique rapportera 15 millions d’euros…

D’abord, je pense que Ségolène Royal serait bien inspirée de ne pas rentrer dans la démagogie. Je sais qu’elle semble rentrer dans une phase de réintégration dans le champ politique, puisqu’elle semble préparer les élections européennes. Ensuite, on peut toujours dire que cela est affecté ou pas : les taxes ne sont pas affectées, c’est un principe. Vous remarquerez les efforts faits sur la transition écologique, je viens de les citer. Par ailleurs, Ségolène Royale est malvenue, sur certains sujets, de donner des leçons : je me souviens que quand j’étais élu local, elle avait engagé les « Territoires à énergie positive pour la croissance verte » (TEPCV) et nous avait fait signé des documents, mais il n’y avait pas de sous devant pour financer la politique qu’elle prétendait développer… Sur mon propre territoire, nous avons été obligés de supprimer un certain nombre d’actions et de projets. Il faut faire attention, quand on donne des leçons comme celles-là, à soi-même avoir été exemplaire. Ségolène Royale est loin d’avoir été exemplaire. Elle a été une de celles qui a porté l’accord sur le climat, mais elle devrait aussi assumer le fait qu’il faut faire des transitions, même si elles sont difficiles, et je le reconnais.

Parlons de nos aînés, de nos séniors, qui perçoivent la hausse de la CSG comme une attaque à leur pouvoir d’achat. Vous le disiez, il y a une exonération prévue de cette hausse pour 350 000 foyers fiscaux, mais les députés veulent aller plus loin. Ils veulent enclencher une progressivité du taux de la CSG pour épargner davantage de retraités, mais Agnès Buzyn est défavorable à cet amendement. 

Pour plusieurs raisons. D’abord, il y a sans doute une raison inconstitutionnelle d’inégalité entre les citoyens, d’égalité devant l’impôt. Deuxième chose, au-delà de cet aspect juridique – cela ne peut pas résumer une pensée politique – nous avons des mesures de compensation au travers de la taxe d’habitation, je le répète : le premier tiers est supprimé cette année. Reconnaissons qu’il peut y avoir un effort, mais sur la durée du quinquennat, les choses se rétabliront avec notamment la suppression de la taxe d’habitation. La progressivité n’est pas la bonne façon de répondre à cette question.

Une information nous est parvenue ces dernières heures sur le reste à charge zéro… C’est une promesse de campagne qui apparaît comme une bonne nouvelle pour les citoyens.

Oui, je crois, y compris pour les retraités.

Pourtant, le dentaire, l’ophtalmo, l’auditif… ne rien avoir à avancer de sa poche, c’est ce qui est promis sur le papier, mais de nombreuses études annoncent une augmentation des tarifs de mutuelles en conséquence de cette réforme, en particulier pour les retraités.

Il s’agit d’un cabinet d’étude, qui s’arroge l’idée que cela se passerait comme cela. Je ne crois pas que cela soit la volonté du gouvernement.

Vous contestez le fait que les tarifs des mutuelles augmenteront ?

Les mutuelles ont toujours un peu augmenté, pour des raisons structurelles, y compris d’inflation, mais ce n’est pas lié à cette affaire de reste à charge zéro. C’est une façon aussi pour les citoyens qui n’accédaient pas à certains soins d’y accéder, alors qu’ils ne les pratiquaient pas, comme les soins dentaires, auditifs ou ophtalmo. Certains ne le faisaient pas parce qu’ils n’en avaient pas les moyens. C’est une grande avancée.

Vous êtes optimiste sur le fait que les mutuelles n’augmenteront pas ?

Oui. Au regard des éléments qu’on a et de l’accord trouvé… les mutuelles ont toujours fait évolué leurs tarifs, mais c’est délié du reste à charge zéro.

Concernant le malentendu entre Emmanuel Macron et les élus depuis le début du quinquennat, on voit la création d’un ministère dédié à la tête duquel se trouve Jacqueline Gourault… dans ce contexte, était-il bienvenu de pointer du doigt les communes qui ont augmenté le taux de la taxe d’habitation ?

Personne au gouvernement n’a pointé du doigt.

Les chiffres viennent de Bercy…

Les chiffres sont publics ! C’est bien qu’il y ait de la donnée publique. Les données publiques, par nature, sont présentées au public. Vous aviez les mêmes chiffres les années précédentes. Par ailleurs, l’an dernier, quand on a stabilité les dotations aux collectivités, l’association des maires de France (AMF) a publié la liste des communes, celles qui augmentaient et celles qui baissaient…

Là, ce sont des militants, des élus En Marche…

Oui, mais il y a deux choses dans votre question. La première chose, c’est la transparence des données, pour que chaque citoyen soit éclairé de ce qui est la part de la baisse liée à l’Etat et de ce qui est parfois – c’est la responsabilité et le droit des élus locaux – l’augmentation de la taxe d’habitation par les élus. Par ailleurs, tous les processus du « balance ton », nous y sommes très fortement opposés, car il y a quelque chose de l’ordre du « montrer du doigt ». Les élus sont responsables devant les citoyens - je ne suis pas sûr qu’ils jugent forcément, les citoyens, à l’aune des affaires fiscales - mais c’est bien qu’il y ait de la transparence. C’est plus sain qu’on sache ce qui est dû à la politique gouvernementale et ce qui ne l’est pas, mais la délation non. Ce n’est pas l’objectif du gouvernement.

Un conseil de plus du MoDem à La République en Marche ?

Non… ce n’est pas un conseil du MoDem à La République en Marche. C‘est l’attitude de quelques militants qui ont cru bon et qui ont pensé que c’était bien… mais le principe-même du « balance ton » n’est pas un bon principe. La délation est un principe désagréable.

Dernière question… vous êtes chasseur ?

Oui, j’avoue. 

Vous avez vu qu’un homme qui se baladait en VTT a été tué dans un accident de chasse, il a pris une balle. Suite à cet évènement, le député LaREM de l’Aude, Alain Péréa, a proposé d’interdire le VTT durant la durée de la chasse… Est-ce qu’on peut entendre cela ?

Je m’en suis entretenu avec lui. Je pense que c’était à la fois très maladroit et le mauvais moment, sachant l’émotion légitime qu’il y avait eu autour de cet accident de chasse. Je suis chasseur moi-même. J’appelle chacun, et chaque chasseur, à la responsabilité, afin que l’on puisse partager les espaces intelligemment. C’est la seule voie. La plupart des accidents de chasse sont des accidents d’imprudence de la part des chasseurs. J’ai été et je suis chasseur. Chaque fois que je chasse, la seule chose que je regarde, c’est la sécurité de mes voisins et de ceux qui peuvent se trouver sur le terrain où je suis. Alain Péréa, que je connais bien, l’a tout à fait compris.

 

 

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par