"Une loi a minima qui sera adoptée sans gloire"
Réagissant au contexte de tensions gouvernementales autour de la loi El Khomri, Robert Rochefort déplore le retard de la France face à ses voisins européens et appelle à des réformes courageuses.
La décomposition du PS à laquelle nous assistons en direct n’est pas seulement un pitoyable spectacle poli- tique offert par le parti du Président de la République, c’est a dire celui qui devrait faire preuve d’exemplarité et de sens de l’Etat exerçant les plus hautes responsabilité à un moment si difficile pour notre pays. Elle contribue une fois de plus à accréditer l’idée fausse qu’il est impossible de réformer dans notre pays. Qui plus est sur un sujet aussi sensible que le droit du travail.
Quand Francois Hollande dit « ça va mieux », en réalité ça va beaucoup moins bien qu’ailleurs sur le front de l’emploi.
Depuis un an la France est le pays en Europe dans lequel le chômage a le moins reculé, un rapport récent du Conseil économique social et environnemental, voté à unanimité, chiffre de 14 000 morts les conséquences du chômage. Nous devons nous sentir responsable de ce drame qui frappe tant de famille et y mettre fin.
La question est simple : Voulons-nous garder réellement lutter contre le chômage, mettre fin à cette exception française qui fait que depuis 30 ans son taux n’est jamais descendu en deçà de 7% ?
N’ayant pas fait les réformes qui s’imposaient, la France est moins compétitive que ses voisins et elle le demeure tant sur les exportations que sur les marchés français. Le sujet n’est même plus de se comparer avec nos voisins allemands. Depuis plusieurs trimestres, c’est vis a vis des Espagnols et des Italiens que nous perdons des parts de marché. Notre retard à nous réformer nous coûte au minimum 2 points de chômage.
La convergence en Europe dans les politiques de l’emploi est nécessaire et en réalité elle se fait peu à peu par toutes les réformes mises en place au cours des années récentes. Le projet initial de Myriam El Khomri a repris des idées qui sont déjà en place en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Portugal...
Les pays agissent en ordre dispersé mais ils vont tous dans la même direction. Certains vont trop loin et ne doivent pas être copiés, c’est le cas de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas avec les contrats dits « à zéro heure ».
Ce qui est frappant, par ailleurs, dans la conduite de ces réformes, c’est qu’elles sont menées tantôt par des gouvernements de droite ou de gauche ou au sein de larges coalitions, sans que le cap soit différent, et lorsque l’alternance se produit, ceux qui accèdent au pouvoir ne remettent pas en cause le travail des prédé- cesseurs.
Il n’y a pas un pays « modèle » dont il faudrait copier l’action mais des expériences multiples et convergentes en Europe dont il faut tenir compte. Qu’il s’agisse de l’ampleur et des rythmes des changements ainsi que de la façon dont notre pays le gère politiquement, la France n’est pas à la hauteur de ce qu’impose la gravité de la situation et de ce que ses partenaires attendent d’elle.