Entretien avec Jean-Baptiste Hamonic et Cédric Pemba-Marine qui ont couru pour les enfants malades en plein désert du Maroc
En octobre, Jean-Baptiste Hamonic (maire de Villepreux) et Cédric Pemba-Marine (maire de Port-Marly) se sont lancés dans une épreuve hors-normes pour la bonne cause : participer au Half Marathon des Sables et récolter des dons pour les enfants malades grâce à leur association les Élus du cœur. Si vous souhaitez soutenir leur projet, la collecte est toujours en cours !
Pouvez-vous expliquer l'action des "élus du coeur" dont vous êtes président/vice-président ?
JBH : Nous avons fondé Les Elus du Cœur avec mon collègue maire et ami, Cédric Pemba-Marine, précisément suite à un coup de cœur.
Un été, sur le bord d’une route de Villepreux à l’occasion du passage du Tour de France, j’ai fait la rencontre de Francine LECA et de son fils Orso CHETOCHINE, fondatrice et directeur de la fondation Mécénat Chirurgie Cardiaque qui est présente dans la caravane du Tour. Ils rentraient chez eux ! A Villepreux ! Nous avons fait connaissance. J’ai trouvé admirable leur engagement. Celui de sauver des enfants du monde malades cardiaques. Plus de 4 500 enfants sauvés. Il faut compter 12 000 euros pour sauver un enfant, et surtout lui trouver une famille d’accueil.
J’ai de suite appelé Cédric pour lui dire qu’il fallait que nous les y aidions. Nous avons donc décidé de sauver deux enfants : deux maires et deux villes pour deux vies ! Ce moment correspond à la création des Elus du Cœur, association rassemblant à ce jour plus de 70 membres dont une grande partie d’élus. L’association collecte des fonds au travers d’actions sportives et de projets solidaires pour des œuvres caritatives. Mécénat est à ce jour là principale bénéficiaire de nos actions.
Être élu et engagé pour les autres, c'était naturel ?
CPM : Je dirais qu'être engagé pour les autres davantage qu'être élu était plutôt naturel pour moi. Ce souci de l'autre, de son prochain, c'est ma très chère maman qui me l'a inculqué. Une dame formidable qui a élevé seule ces 5 enfants et que j'ai la chance d'avoir encore aujourd'hui comme administrée. Un véritable phare dans mon action au quotidien. Même à la retraite, elle continue d'être active auprès des autres, après avoir été aide-soignante toute sa vie professionnelle. Quand on a un modèle comme ça, vous comprendrez que s'engager pour les autres, paraît plus naturel que pour d'autres.
Cet engagement peut prendre plein de forme. J'ai d'abord été engagé dans le domaine associatif, puis en tant que cadre fonctionnaire et enfin en tant qu'élu. Des expériences très enrichissantes, même si aujourd'hui j'ai quitté la Fonction publique, qui demeure malgré tout un sujet qui m'intéresse et pour lequel je crois que davantage devrait être fait.
JBH : Le plus beau mot de la langue française c’est le mot « engagement ». Être élu, c’est un engagement. C’est une mission, d’aucun diront une vocation, tout autant passionnante qu’exigeante.
Le mandat de maire c’est la proximité, le terrain et le mandat municipal c’est d’abord et avant tout une aventure humaine. Je ne sais pas si c’est naturel mais je sais que c’est dans ma nature et que pour le moment j’ai la motivation et l’envie d’œuvrer pour mes administrés dans cette ville, Villepreux, qui m’a vu grandir depuis l’âge de 4 ans.
Pourquoi avoir participé au Marathon des Sables ?
JBH : Deux après notre première aventure (le Marathon des Sables de Fuerteventura), qui nous aura permis de sauver 3 enfants en collectant 36 000 euros, nous avions l’envie de repartir. Ce n’est pas évident au regard de la charge de travail quotidienne qui est la nôtre.
En 2023 nous avions opté pour la Jordanie, mais le conflit au Proche-Orient a eu raison de ce projet. Nous avons donc fait le choix de la destination mythique, originelle, le Marathon des Sables au Maroc, dans le désert du Sahara. Même peine : 120 km en autosuffisance alimentaire avec nuit sous tente. Au programme : du sable, de la chaleur, des repas lyophilisés et un sac de près de 10k. Et surtout une ambiance, une organisation et des participants formidables.
CPM : C'était, pour moi, l'occasion de se dépasser à nouveau pour une cause qui en vaut la peine : la vie d'enfants qui, sans ça, n'auraient que des perspectives d'avenir très limitées.
"Ayons du Cœur pour qu'ils en aient un" : je trouve que ce leitmotiv de Mécénat Chirurgie Cardiaque dit tout. Il résume en une phrase la réponse à votre question. Pour être plus concret, on s'est dit avec JB que si en allant mouiller le maillot, ça permettait de récolter des dons de personnes sensibles à notre engagement, au sens moral autant que physique du terme, et bien, nous devions le faire. Le MDS c'est une course exigeante autant physiquement que mentalement. Il a fallu aller puiser dans nos ressources pour venir à bout de ces 120 km en milieu désertique.
Quels sont les enseignements de cette aventure hors normes ?
CPM : Le principalement enseignement de cette aventure, c'est que l'humain est toujours plus fort qu'il ne le croit, avec des ressources que, parfois, il ne soupçonne pas. J'ai été particulièrement marqué par la présence et la performance des coureurs en situation de handicap ou encore de ce sous-officier blessé de guerre venu à bout de ces 120 km avec quelques frères d'armes, prônant autant qu'ils l'incarnaient, "l'esprit d'équipage".
Finalement, les barrières les plus résistantes resteront toujours celles qu'on se met à soi-même. Quand on a conscience de ça, on peut arriver à bout de quasiment tout. Et en bonus, on a toute la puissance du lien humain qui nous porte. Cette aventure, c'est avant tout une aventure humaine avant même d'être une épreuve sportive.
JBH : Cela peut paraître bateau, mais le MDS c’est le meilleur de l’humanité concentrée en une semaine : la solidarité, le gout de l’effort et le dépassement de soi, une déconnexion des écrans pour une reconnexion à l’essentiel, c’est-à-dire à la nature et à son prochain. C’est aussi une ouverture culturelle d’ampleur car 33 nationalités sont représentées. C’est aussi, comme le dit Cédric, un esprit commando. On connait cela au MoDem. On souffre et on gagne ensemble.
Quels sont vos prochains défis (d'élus, de coureur, d'engagé) ?
CPM : Je fais confiance à JB pour imaginer les défis sportifs les plus fous encore. On en a déjà évoqué quelques-uns mais rien d'arrêté pour l'instant. En tant qu'élus, on aura aussi notre lot de défis dans le contexte que l'on connaît. Le plus important d'entre eux pour moi, ça reste de retrouver les clefs pour faire Nation, et plus localement, pour continuer de faire Cité, c'est à dire vivre heureux ensemble, dans le respect et l'attention portés à son prochain.
Et pour ce qui concerne Les Élus du Cœur, s'il devait y avoir un défi plus global, c'est de rassembler plus de monde encore au sein de l'association et se rendre plus utile encore partout en France.
JBH : J’ai tellement d’idées ! On doit néanmoins raison garder car les prochaines échéances vont nécessiter toute notre énergie et notre engagement. Je pense aux échéances municipales, si nous décidions de repartir, mais aussi pour accompagner les collègues militants en ma responsabilité de Président du MoDem 78. Puis viendra la présidentielle. Celle de tous les dangers et de tous les espoirs. On se doit de répondre présent.
On va donc continuer les défis sportifs plus locaux, sur le territoire francilien et national. Je n’exclue pas pour autant de proposer à Cédric à ceux qui voudront se joindre à nous de nouveaux projets un peu fous mais toujours pour la bonne cause. Je ne vais pas vous mentir, on a pris le virus de ces challenges qui permettent de sortir de sa zone de confort et d’allier dépassement de soi à aventure humaine et action de solidarité. Donc reposez nous la question dans quelques mois … il y a fort à parier que nous aurons un nouveau défi à annoncer !