Sarah El Haïry : « Le temps est venu de briser le silence sur les violences faites aux enfants »
Invitée des 4 Vérités ce jeudi 24 avril, Sarah El Haïry, Haute-commissaire à l'Enfance et vice-présidente du MoDem, a partagé ses objectifs pour la protection de l’enfance. Violences, aide sociale, adoption : elle appelle à briser les tabous, à changer de paradigme et à remettre l’enfant au centre de toutes les décisions.
Violences faites aux enfants : « Le temps est venu de briser le silence »
Sarah El Haïry, Haute-commissaire à l'Enfance, a lancé un appel fort contre les violences faites aux enfants.
Les violences faites aux enfants sont partout, dans toutes les classes sociales, dans tous les territoires.
Notre vice-présidente a insisté sur la nécessité de « briser les tabous » et d’« accompagner les enfants » pour leur permettre de parler.
Elle s’est exprimée avec émotion sur l’affaire du collège et lycée Bétharram : « 40 ans de silence, de violence, de maltraitance, et finalement de témoins. » Interrogée sur le témoignage de la fille du Premier ministre, victime de violences dans l'établissement pendant sa scolarité, Sarah El Haïry a d'abord eu un mot pour les victimes et leurs familles, en rendant hommage à leur « courage de parler ».
Aujourd'hui, le Premier ministre, il est du côté des parents de victimes.
Pour Sarah El Haïry, l’urgence est d’abord d’écouter et de croire les enfants :
On ne laissait pas cette parole se libérer il y a 30 ans. Aujourd’hui, nous devons la préserver et la renforcer.
Elle a rappelé l’existence du numéro d’appel 119 Allô Enfance en Danger, accessible « aux enfants, aux témoins, aux enseignants, aux voisins » et défendu les UAPED, ces unités d’accueil spécialisées pour les enfants en danger, qu'elle souhaite développer encore plus.
Alerter, c'est la seule manière d'arrêter [...] et de saisir le plus vite possible. Et surtout de pouvoir mettre un cadre bienveillant sur cette parole et dire aux enfants qu'on les croit.
Haut-commissariat à l'Enfance : « Ma mission, c’est de préserver la promesse de vie de chaque enfant »
La Haute-commissaire a précisé les contours de sa mission : « faire que l'ensemble des personnes qui travaillent autour des enfants se réunissent et qu'on coordonne l'action ». À la différence d’un ministère, souvent soumis à l'instabilité politique, cette mission s’inscrit dans le temps long.
Les enfants ne sont pas autour des tables de réunion. Mon rôle, c’est d’y faire entendre leur voix.
Elle s’est dite particulièrement attentive à la coordination entre les politiques éducatives, sanitaires et sociales, face aux défis nouveaux : exposition aux écrans, dégradation de la santé mentale, violences.
L’ambition affichée est de « mettre les enfants à l’abri de l’instabilité », pour leur permettre de grandir dans la sérénité. Une mission transversale, articulée avec les ministères concernés, mais centrée sur l’intérêt supérieur de l’enfant.
Aide sociale à l’enfance : « Il faut changer de paradigme »
Consciente de la « crise historique » que traverse l’Aide sociale à l’enfance (ASE), Sarah El Haïry plaide pour une transformation en profondeur. « On supporte de moins en moins la violence, on signale plus, c’est très bien. Mais il y a des milliers de mesures non exécutées », alerte-t-elle. Pour elle, il faut « changer de paradigme » en prônant l'accueil en famille avant les structures.
Ma mission, avec la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles de France, c'est de trouver des solutions avec les départements qui portent cette compétence au quotidien pour accompagner.
Pour elle, « la place d’un enfant est dans une famille », qu’elle soit biologique, élargie ou d’accueil. Elle appelle à inverser les tendances : « 70 % des décisions de placement sont en institution. Ça devrait être l’inverse », en privilégiant l'entourage, puis les familles et assistants familiaux, avant de penser aux foyers qui devraient être « l'ultime recours ».
Elle prône ainsi un meilleur accompagnement des assistants familiaux et le développement de l’accueil durable bénévole permis par la loi. « Il faut arrêter avec les pouponnières », tranche-t-elle, convaincue que la sécurité affective prime sur la logique institutionnelle.
Un enfant, sa place est dans une famille aimante, sécurisante et qui, dans le temps, le protège. Et pour ça, il n'y a rien de mieux que d'avoir une famille de cœur qui parfois, oui, est une famille adoptante.