đș François Bayrou, invitĂ© du JT de 20h sur France 2
François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité du journal de 20h de France 2, ce mercredi 2 septembre 2020.
Extraits :Â
Retrouvez ci-dessous la retranscription de l'interview :
Bonsoir François Bayrou.
Bonsoir.
Vous serez nommé demain en Conseil des Ministres à ce poste, une fonction non rémunérée, mais pas dénuée de moyens puisque vous aurez 200 collaborateurs et 15 millions de budget. Ces moyens existent déjà , ce sont ceux de France Stratégie. La nouveauté, c'est vous ?
Si vous voulez le dire comme cela, je l'accepte volontiers. La nouveautĂ©, les Français lâont dĂ©couverte pendant l'Ă©pidĂ©mie de Covid.
Pendant cette Ă©pidĂ©mie, on s'est aperçu que l'on n'Ă©tait pas prĂȘt Ă l'affronter alors que, pour ceux qui ont voulu regarder, on s'aperçoit que, 15 ans avant, le Livre Blanc de la dĂ©fense avait dĂ©crit mot Ă mot, ligne Ă ligne ce qui pouvait se produire et les prĂ©cautions nĂ©cessaires et les approvisionnements de prudence qui Ă©taient requis.
Et puis, on n'en a pas tenu compte, mais on a dĂ©couvert quelque chose d'encore plus grave que vous avez vous-mĂȘmes rapportĂ©, c'est que, pendant cette Ă©pidĂ©mie, on s'est aperçu que l'on Ă©tait en pĂ©nurie de mĂ©dicaments ; nous, la France, et pas n'importe quel mĂ©dicament.
On n'avait plus les moyens de faire des anesthĂ©sies, les produits pour les anesthĂ©sies, les mĂ©dicaments contre le cancer, les antibiotiques, les corticoĂŻdes et mĂȘme le Doliprane, enfin le paracĂ©tamol puisque c'est le nom de la molĂ©cule.
Tout cela, en France et en Union Européenne, se trouvait en rupture d'approvisionnement.
Justement, renationaliser la fabrication de ces médicaments, cela fait aussi partie des projets du plan de relance.
Absolument
Il y a aussi la transition écologique, l'indépendance, les relocalisations. Qu'est-ce vous allez apporter de plus ?
Un trÚs grand nombre de sujets qui conditionnent l'avenir ne sont jamais abordés.
Lesquels ?
Câest trĂšs simple, un des trĂšs grands sujets dont l'avenir dĂ©pend, c'est la dĂ©mographie.
Combien d'enfants faisons-nous ? Est-ce que notre population est en rupture ? On n'en parle absolument jamais.
Puis, si vous faites le tour des sujets, on sait trĂšs bien que, par le numĂ©rique au milieu duquel vous vivez, on va dĂ©couvrir qu'un trĂšs grand nombre de mĂ©tiers vont ĂȘtre bouleversĂ©s, vont ĂȘtre changĂ©s car des automatismes vont remplacer. Cela mĂ©rite que l'on s'interroge sur le temps de travail.
C'est vous qui allez réfléchir à cela ou vous allez créer des commissions avec des syndicalistes, des patrons comme l'avait fait Jean Monnet en 46 ?
Exactement, je vais réfléchir, mais pas tout seul. Il y a un prÚs grand nombre de capacités et de bonnes volontés en France qui ne demandent qu'à réfléchir à tout cela. On est un pays - c'est trÚs surprenant - dans lequel les universitaires, les chercheurs n'ont jamais leur place dans la réflexion publique, dans la réflexion pas seulement des décideurs, mais dans le débat public.
On fait comme si, au fond, les spécialistes de la Fonction publique réfléchissaient entre eux.
On a besoin dâouvrir tout cela.
Il y a beaucoup, beaucoup de gens qui ont des idĂ©es, parfois ce ne sont peut-ĂȘtre pas des idĂ©es adaptĂ©es, parfois ce sont peut-ĂȘtre des rĂȘves, mais je pense qu'il est nĂ©cessaire d'offrir Ă tous ceux qui veulent participer Ă cette rĂ©flexion sur l'avenir une place dans, au fond, l'Ă©laboration de notre conviction, de notre volontĂ© commune.
Vous allez ouvrir des grands débats ? On sort d'un Grand débat, vous allez recommencer ?
Je vais essayer de retrouver une mĂ©thode que Jean Monnet que vous avez citĂ© avait dĂ©cidĂ©e. Il faut rappeler que c'est Ă la LibĂ©ration quand la France Ă©tait Ă reconstruire que le GĂ©nĂ©ral de Gaulle et Jean Monnet, deux trĂšs grandes figures historiques ont dit : « C'est impossible de se lancer Ă l'aveugle, il faut savoir oĂč l'on va. »
Aujourd'hui, au fond, les Français, l'opinion publique, tous les observateurs ont le mĂȘme sentiment assez souvent de flottement, que l'on est sous la dictature de l'instant, des mĂ©dias, des mĂ©dias en continu, des rĂ©seaux sociaux et quand surviennent malheureusement tout accident et tout drame, car toutes les sociĂ©tĂ©s en rencontrent, le dĂ©bat se focalise lĂ -dessus et on ne voit plus lâavenir, on ne voit plus l'horizon.
Le temps long, c'est jusqu'Ă quand ? Dans moins de deux ans, il y a une Ă©lection prĂ©sidentielle. Est-ce que vous ĂȘtes en train de penser, de prĂ©parer le programme de l'Ă©ventuel candidat Emmanuel Macron ?
Je ne confonds en rien les domaines.
Le Président de la République, c'est lui qui a voulu que l'on se ressaisisse de ces sujets, expérience faite des difficultés, des échecs, des impasses que l'on rencontrait.
Le PrĂ©sident de la RĂ©publique au moins a souhaitĂ© cela et on aurait dĂ» le faire Ă mon sens depuis longtemps. Donc, il ne s'agit en rien de prĂ©parer une Ă©lection prĂ©sidentielle ; l'Ă©lection prĂ©sidentielle, c'est lâaffaire du PrĂ©sident de la RĂ©publique et de ceux qui le soutiendront, de ceux qui le combattront contre les Français.
Vos rĂ©flexions mĂšneront Ă des propositions et peut-ĂȘtre mĂȘme Ă des investissements ?
Mon idĂ©e, c'est qu'elles mĂšnent Ă des options, que la rĂ©flexion des dĂ©cideurs et la rĂ©flexion du pays soit cohĂ©rente - tout cela va ĂȘtre discutĂ©, vous l'avez dit et vous avez citĂ© les organisations sociales, les syndicats, le patronat, les fonctionnaires, le Conseil Ă©conomique et social dont cela doit ĂȘtre la vocation - cela va faire apparaĂźtre des sujets qui vont s'enraciner dans le dĂ©bat public et dont on espĂšre que les fruits seront positifs pour l'avenir, en tout cas en cohĂ©rence de pensĂ©e.
Pourquoi ce qui vous a fait quitter le gouvernement en juin 2017, Ă savoir votre mise en cause dans l'affaire des emplois prĂ©sumĂ©s fictifs au Parlement europĂ©en, puis votre mise en examen, ne vous empĂȘche pas aujourdâhui d'exercer cette fonction au sein de lâexĂ©cutif ?
Parce que c'est l'Exécutif qui est concerné par cette rÚgle française que l'on applique depuis longtemps, parfaitement ou imparfaitement, qui est que la mise en cause entraßne le fait que l'on quitte l'Exécutif.
Vous avez une case Ă part.
Par chance, je ne suis pas dans l'Exécutif.
De mĂȘme, vous n'avez pas l'obligation de dĂ©missionner de votre poste de maire de Pau.
Parce que ce nâest pas un poste de ministre.
Câest trĂšs pratique !
Ce nâest pas un membre du gouvernement et, de surcroĂźt, comme vous lâavez dit, j'ai choisi dâexercer cette fonction gratuitement, sans rĂ©munĂ©ration car vous savez bien ce que l'on vit aujourd'hui, cette espĂšce d'obsession des gens sur ces sujets-lĂ Â : Combien il gagne celui-lĂ , combien elle gagne celle-lĂ , mais ce sont des avantages, des privilĂšges.
Alors, j'ai voulu montrer, ce n'est pas frĂ©quent on va dire, que l'on pouvait faire cela uniquement en pensant que l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral est plus important que les intĂ©rĂȘts particuliers.
Merci beaucoup François Bayrou.
Merci.