François Bayrou à Matignon, une victoire pour les démocrates…et après ? par Jules Pasquier
Le nouveau Président des Jeunes Démocrates, Jules Pasquier, revient dans ce billet d'humeur sur la nomination à la mi-décembre de notre président François Bayrou à Matignon et les défis qui lui font désormais face.
« Enfin, les ennuis commencent » : cette référence à Mitterrand, dans les premiers mots prononcés par le Premier ministre Bayrou n’aurait pu être plus à-propos. Absence de majorité claire, censure du précédent gouvernement, crise budgétaire et politique… Les « ennuis » sont en effet légion et certains observateurs se sont d’ailleurs amusés à comparer le contexte de cette prise de fonction à celui que connaissaient alors les navigateurs du Vendée Globe, aux prises avec les capricieuses mers du Sud.
Cela dit, il faut bien avouer que c’est précisément la difficulté de la situation qui a fait la nomination à Matignon de François Bayrou. Il n’est d’ailleurs pas singulier dans l’Histoire de France, que des périodes tourmentées appellent aux responsabilités des personnalités de contraste, d’équilibre et de dialogue, reconnues pour leur capacité à naviguer entre des intérêts divergents et à maintenir un équilibre fragile. En somme, des centristes.
Le contrat est clair : si François Bayrou est à Matignon, c’est pour réconcilier, promouvoir le dialogue et trouver une issue à la crise budgétaire et politique que traverse notre pays. Dans ce contexte, il serait illusoire d’espérer une application intransigeante et stricte du projet politique de la famille démocrate. Bayrou à Matignon c’est le choix d’une méthode, pas celui d’un programme.
À une époque où nos plus jeunes générations sont abreuvées de contenus courts, qui laissent peu de place à la nuance, il faut admettre que la tâche est de taille pour faire comprendre cette réalité politique pour le moins paradoxale. Comment expliquer que nous soutenons le gouvernement de François Bayrou – le chef de notre famille politique - tout en sachant qu’il ne pourra porter toutes nos idées, et que les Ministres qui composent son Gouvernement défendent, pour certains, des positions aux antipodes des nôtres ?
Mission impossible diront certains, pour qui cette jeunesse, profondément désabusée, a perdu foi en une politique qu’elle juge stérile. Mais ce combat reste possible. La jeunesse française ne se résume pas à une masse passive nourrie de contenus abrutissants sur TikTok. Elle est aussi capable de s’intéresser aux exploits des skippers du Vendée Globe, engagés dans une traversée solitaire et exigeante, à mille lieues des habitudes d’une société saturée par le numérique.
Alors, si les jeunes, malgré les clichés dont on les affuble, s’intéressent au Vendée Globe, pourquoi ne pourraient-ils pas être séduits par l’essence même de notre famille politique ? La nuance, lorsqu’elle est expliquée avec sincérité, peut aussi devenir une force d’attraction. Notre génération doit s’y engager avec optimisme, car l’enjeu est immense : transformer en profondeur notre culture politique et faire prendre à la France un réel virage. Un virage de respect du pluralisme, du dialogue, et du compromis vertueux : un virage démocrate.
Jules Pasquier