Géraldine Bannier : "Les trois blocs sont loin de la majorité absolue. Il va forcément falloir construire une majorité"
Dans les colonnes de Ouest-France, notre députée réélue de Mayenne, Géraldine Bannier, évoque son rôle de député, ses priorités et la campagne qu'elle a pu mener pendant 3 semaines.
Comment envisagez-vous votre retour à l’Assemblée ?
Je me demande comment ça va fonctionner, comme les Français.
Les trois blocs sont loin de la majorité absolue. Il va forcément falloir construire une majorité.
On peut s’entendre avec des républicains modérés, non-Ciottistes, mais aussi des socialistes sans problème. Cependant, voudront-ils travailler avec nous et prendre le risque de se fâcher avec LFI ? C’est une situation inédite.
N’est-ce pas une chance, comme le sous-entend Valérie Hayer, députée européenne Renaissance, en disant qu’il faudra « pratiquer le compromis », comme au parlement européen ?
Ce sera une chance si cela fonctionne. Seulement, l’Assemblée nationale, c’est aussi pas mal d’egos… Et puis, il y a l’horizon de 2027. Je trouve cette situation compliquée.
Quelles leçons tirez-vous de cette campagne ?
La particularité de cette campagne, c’est que nous avons vu la parole se libérer, bien plus que sur les précédentes. Des personnes venaient nous serrer la main et nous assurer leur soutien, c’est un moment qui a fait vivre la démocratie.
Mais il y a eu aussi quelques paroles brutales et racistes de manière sporadique.
Je viens d’un petit village, on a aussi constaté une distorsion de la réalité, dans des quartiers pavillonnaires, avec des gens qui parlaient d’insécurité alors que la porte de leur maison restait ouverte.
Que faire contre ce sentiment d’insécurité ?
On essaie de faire de la pédagogie, de rappeler que le quotidien n’est pas ce qui défile sur les chaînes d’information en continu. Nous sommes dans un département qui va bien, il reste du lien social, il y a peu de chômage, peu d’insécurité… Malgré cela, effectivement, il y a la désertification médicale, des fermetures d’écoles, des services publics qui ferment…
(...)
Grégory Boisseau (NFP) vous a demandé dans une lettre ouverte de « considérer les préoccupations et les aspirations de ceux qui ont soutenu le projet du Nouveau Front populaire » après s’être désisté pour faire barrage au RN. Comment réagissez-vous à cela ?
C’est normal d’être à l’écoute de ceux qui nous ont accordé une voix.
Je suis la députée de tous les Mayennais.
Il vous enjoint aussi à être plus proche des Mayennais et élus locaux, qu’en pensez-vous ?
Je suis sur le terrain au maximum, le lundi, vendredi, samedi et dimanche, pratiquement toute l’année ! Jusqu’ici, j’étais dans la majorité, ce qui nécessite un temps de présence plus important à l’Assemblée. J’ai fait passer plus d’amendements qui ont fini dans les textes de loi ces deux dernières années que mes confrères du département.
Comment voyez-vous votre rôle à l’Assemblée en tant que modérée ?
On était dans une majorité, le travail avec le gouvernement en était simplifié. Est-ce que je vais être dans l’opposition ? Dans ce cas de figure, on râle beaucoup, mais le rôle, le pouvoir et l’action concrète sont moindres.
J’espère qu’il sera possible de faire avancer des choses. Je représente une aile raisonnable, modérée, dans la nuance, qui échappe aux radicalismes.
Quelles sont vos priorités ?
La lecture et la culture sont plus que jamais essentielles, quand on voit la pauvreté argumentaire de certains. Il faut aussi lutter contre les fausses informations, apprendre à réfléchir, lutter contre le sentiment d’abandon, pour le pouvoir d’achat.