Hélène Pollozec : "Je suis très fière d’être la seule Mahoraise en lice pour ces élections européennes"
Hélène Pollozec, jeune élue MoDem de 27 ans au Conseil départemental (canton Mamoudzou 3), figure en 31ème position sur la liste « Besoin d’Europe » de Valérie Hayer pour les élections européennes. Une position probablement non éligible, mais grandement symbolique puisque c’est la seule et unique Mahoraise en lice pour les élections européennes toutes listes confondues. Entretien pour Le Journal de Mayotte.
L’annonce de votre présence sur la liste « Besoin d’Europe » de Valérie Hayer ce mardi 7 mai a été une surprise. Était-ce prévu de longue date et pourquoi le choix de cette liste ?
En réalité j’ai déposé ma candidature en janvier dernier, mais les négociations ont été très longues. Ma candidature a officiellement été validée par Emmanuel Macron et Valérie Hayer ce lundi 6 mai. Il s’agit de la liste de la majorité présidentielle (Renaissance), même si à titre personnel j’appartiens au Mouvement Démocrate de François Bayrou.
La liste de Valérie Hayer regroupe des candidats de plusieurs partis, pas uniquement ceux du parti Renaissance de la tête de liste. Cette dernière comporte également des membres du parti Horizon d’Edouard Philippe, du parti Radical et de l’UDI (Union des Démocrates Indépendants).
Notre point commun est notre projet européen consistant à garder une France et une Europe souveraine.
Pouvez-vous nous faire un bref tour d’horizon de votre carrière politique et nous expliciter votre choix du Mouvement Démocrate ?
J’ai baigné très jeune dans le monde politique puisque ma mère, Laurence Pollozec, a été la première adjointe au maire de Koungou de 2001 à 2008. Elle était du parti socialiste, quand mon grand-père était quant à lui un fervent soutien de la droite. Cela explique mon choix du Mouvement Démocrate qui constitue une « voie du centre » et place l’humain au cœur de la politique. Cette voie m’a semblé être la plus efficace pour défendre les doléances des Mahorais et faire avancer le territoire.
J’ai été élue en 2021 au Conseil départemental et je fais partie du groupe « Le choix des Mahorais ». Il s’agit d’un groupe appartenant à la minorité, dont les élus sont communément appelés « les élus d’opposition ». Je tiens toutefois à rappeler qu’il s’agit d’une opposition « constructive ». Il ne s’agit pas de « s’opposer pour s’opposer », mais de faire avancer Mayotte.
En 2022, j’ai fait partie des 3 correspondants de campagne d’Emmanuel Macron. En 2023, j’ai été membre du Comité européen des régions en tant que « Young elected politicians » (« les jeunes élus politiques » ou « YEP »). Il s’agit d’un programme comprenant des élus locaux de toutes les RUP (Régions ultrapériphériques). J’y représentais la voix de Mayotte.
Enfin, en 2024, je fais partie de la liste « Besoin d’Europe » pour les élections européennes.
Quel est le rôle exact du Parlement européen où vous prétendez siéger et pensez-vous avoir une chance d’être élue ?
Le Parlement européen a pour rôle de voter les lois européennes. C’est un scrutin qui ne comprend qu’un seul tour et les députés sont élus à la proportionnelle au sein des listes qui ont atteint au minimum 5% des voix. Chaque liste comporte 81 candidats, le même nombre que celui de la totalité des députés français qui siègent au Parlement européen. En tout, ce dernier comportera 720 députés en 2024 (NDLR : le nombre a été augmenté pour le mandat 2024-2029). Avec ses 81 députés, la France est donc en bonne position au sein de l’Europe.
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Notre liste comporte 18 députés européens sortants qui sont prioritaires sur la liste, car nous nous inscrivons avant tout dans une démarche de continuité. Il est important de faire le bilan et de reconnaître le travail déjà accompli. Quoiqu’il en soit, je suis très fière d’être la seule Mahoraise en lice pour ces élections européennes toutes listes confondues. C’est une belle reconnaissance pour Mayotte, cela prouve que les Mahorais ont enfin été entendus. Nos difficultés ont été remontées et nous nous situons désormais au cœur de l’échiquier politique national.
Quels sont les grandes idées de la liste « Besoin d’Europe » ?
Malgré la disparité des appartenances politiques de ses candidats, la liste « Besoin d’Europe » est porteuse d’une idée commune : avec l’Europe, la France est plus forte !
L’idée est de créer une Europe puissante, en mesure de faire face aux menaces internationales des autres puissances comme la Russie ou la Chine.
Nous prônons la force économique sur les marchés mondiaux, tout en préservant les aspects sociaux et en veillant à la sécurité intérieure de la France.
Nous souhaitons également faire de l’Europe une puissance écologique. Par ailleurs, nous défendons les modèles sociaux européens comme les droits fondamentaux des êtres humains et les droits des femmes. Notre liste accorde aussi une grande importance aux territoires européens d’Outre-mer. Si je suis élue, je porterai donc la voie de Mayotte, territoire le plus pauvre de France, mais aussi parmi les plus pauvres de l’Union européenne. Notre liste se propose d’investir dans les services publics, qui sont des services-clés pour les territoires d’Outre-mer et d’en faire un meilleur suivi à l’échelle européenne.
Justement, pouvez-vous expliquer aux Mahorais en quoi cette élection pourrait avoir un impact sur leur vie quotidienne ?
Peu le savent, mais au sein du traité de fonctionnement de l’Union européenne, il existe un article permettant d’adapter la législation aux réalités des territoires qui composent l’Europe. Il s’agit de l’article 349, qui n’a quasiment jamais été utilisé jusqu’à présent alors qu’il pourrait être un atout majeur pour Mayotte, par exemple pour permettre le commerce avec Madagascar ou l’Afrique de l’Est, bloqué jusqu’à présent par « les normes européennes ».
Notre liste défend aussi le déploiement de l’agence FRONTEX jusqu’aux RUP dont Mayotte. Cette dernière ne défend pour le moment que les frontières de l’Europe géographique, essentiellement celles de la Méditerranée. Son déploiement dans l’océan Indien pourrait limiter les flux migratoires illégaux venus des Comores et de l’Afrique continentale et réduire ainsi les trafics en tout genre.
Même si l’Europe paraît lointaine à certains, j’appelle donc tous les Mahorais à se rendre aux urnes le 9 juin pour cette élection, car la gestion de l’Union européenne a désormais un véritable impact sur notre île !
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