Intervention de François Bayrou au lancement d'Ensemble Citoyens ! à la Maison de la Mutualité
(SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI)
Merci à Stan Guerini, et merci à Jean Castex, Merci à Richard Ferrand, à toute l’équipe d’En Marche, merci à toute l’équipe du MoDem, à Edouard Philippe et à l’équipe d’Horizon, à Franck Riester et à l’équipe d’Agir, à Olivier Dussopt et à l’équipe de Territoires de progrès, à Barbara Pompili et à l’équipe d’En commun.
Pourquoi si nombreux, pourquoi ensemble, pourquoi en un moment-clé, un tel lancement ? Parce que nous avons décidé de faire ensemble un pas décisif vers la constitution d’une force de rassemblement, pour soutenir la réélection du Président de la République et pour préparer les grandes échéances non pas des élections mais des générations qui viennent.
Je me faisais la réflexion ce matin : tous les problèmes que nous avons à régler aujourd’hui, dont nous avons la charge, nous ne les avons pas créés, nous les avons hérités, ce sont des problèmes qui fermentent depuis des décennies : l’immigration, les accords du Touquet, les accords de Dublin, que tout le monde remet en question aujourd’hui, ce sont les gouvernements de droite et de gauche qui nous précédaient qui les ont signés. Et les problèmes si difficiles et si importants de l’Outre-mer, ce sont des questions qui fermentent depuis au moins trois ou quatre décennies : la Guadeloupe manque d’eau potable depuis vingt ans, et la cherté de la vie outre-mer était déjà le cadre des émeutes en Martinique et en Guadeloupe il y a plusieurs décennies. Et la perte des parts de marché, des emplois, des brevets qui commandent notre puissance industrielle et agricole, depuis combien d’années l’a-t-on laissée s’accentuer ?
Face à cette dégradation qui remonte si loin, la responsabilité qui est la nôtre est immense !
Et c’est pourquoi nous avons décidé de construire une force, pas seulement un club, pas seulement une entente, mais une force où nous allons travailler ensemble pour donner à notre pays l’élan et l’équilibre nécessaires pour garantir son avenir. L’élan et l’équilibre !
Cela ne se fera pas sans les Français ! Sans l’engagement des Français ! Or les Français ont du mal avec les chapelles. Ils n’ont pas le temps et très souvent ils n’ont pas envie de scruter nos différences, de démêler nos nuances.
Ils veulent que nous nous entendions, entre gens de la même inspiration, et que nous avancions ensemble !
Pour réaliser ce rassemblement, nous étions face à deux nécessités : la première, le rassemblement le plus large ; la deuxième, le dynamisme le plus grand.
Cela ne paraissait pas facile à concilier : tout le monde dans le même ensemble, et qu’on avance cependant.
Alors nous avons réfléchi et il nous est apparu que cette question, élargissement ou approfondissement, avait déjà été traitée dans l’histoire : c’est le principe même de la construction européenne.
Et nous avons retrouvé cette inspiration : tous les partenaires s’accordent sur des règles minimales, mais tous acceptent le principe des coopérations renforcées, des coopérations avancées, entre ceux des partenaires qui veulent aller de l’avant.
Je voudrais vous rendre compte des obligations minimales sur lesquelles nous nous sommes accordés :
- Premier engagement : l’adhésion à la charte des valeurs.
Nous avons défini dans cette charte, précisément, ce à quoi nous croyons tous ensemble. Et d’abord à la notion de « citoyen » qui dit quelque chose de tout-à-fait essentiel : un citoyen, chaînon manquant entre les deux idéaux qui sont les nôtres, démocrate et républicain, c’est quelqu’un qui proclame qu’il est responsable. Il ne rejette pas la responsabilité sur d’autres comme nous aimons tant le faire : il assume, il participe, il s’engage. Il le fait sur le changement climatique, il le fait sur l’économie de liberté et de progrès, il le fait sur le contrat social.
C’est ce civisme responsable qui fait notre différence. Et nous disons qui nous sommes : des humanistes affirmés, au moment où toutes les valeurs humanistes sont attaquées et perverties, la laïcité, la compréhension mutuelle, le respect au-delà des origines, des couleurs de peau, des convictions religieuses ou philosophiques.
Et nous disons enfin que la France, avec son modèle et son idéal, que l’Europe avec son unité de civilisation ont dans la crise du monde un rôle décisif à jouer. Voilà nos valeurs, voilà l’essentiel de notre combat !
- Deuxième engagement : l’affirmation de notre mobilisation commune derrière celui qui sera notre candidat à l’élection présidentielle. Permettez-moi de m’arrêter un instant à ce sujet qui paraît évident mais qui pour nous est central.
Ce n’est pas un secret : j’ai souvent été déçu et amer des Présidents de la République qui précédaient 2017. Or, j’ai, comme vous, scruté depuis 2017 la pensée et l’action d’Emmanuel Macron. Pas une seule fois, pas une seule minute, dans les circonstances si difficiles que nous avons traversées, les affaires diverses et variées, les gilets jaunes, l’épidémie, pas une seule fois je n’ai pensé que je préfèrerais quelqu’un d’autre que lui dans cette responsabilité.
Je veux vous dire pourquoi : d’abord parce qu’il a quelque chose qui n’est pas si répandu, il est courageux, il n’a pas peur, il affronte, il s’avance au contact des événements et des hommes.
Ensuite, il a une puissance de travail impressionnante. Mémoire encyclopédique, dossiers, discussions poussées et incessantes autour de l’expertise et plus encore de l’expérience.
Et puis, contrairement à ce qu’on dit de lui, c’est hors des cercles de privilégiés qu’il se sent le mieux, homme de regard, homme de sensibilité, on peut se taper dans la main et on peut regarder les enfants dans les yeux, y compris les plus fragiles.
Et enfin, il a une vision qui fait qu’en France comme dans le monde, tout le monde sait qu’il y a à la tête de la France et au nom de la France une volonté et une pensée face aux grands enjeux du monde.
Il ne faut jamais oublier qu’on vote pour une personne et pas pour une étiquette, alors je nous encourage à parler de la personne, au moins autant que des bilans, qui sont bons, et des programmes dont je ne doute pas qu’ils seront pertinents et attrayants.
- Troisième engagement : nous soutiendrons les mêmes candidats aux élections législatives, même si le temps n’est pas venu. Ce qui veut dire que nous nous entendrons, chacun proposera et défendra les siens et tous ensemble nous soutiendrons les meilleurs. L’énergie disponible, elle sera déployée pour gagner du terrain, pour mener le combat contre des adversaires déclarés et pas pour des bisbilles entre nous.
Un petit mot des bisbilles, au passage, que beaucoup rêvent de voir polluer notre action.
Je veux vous dire quelque chose de simple : nous n’avons pas de temps, ni d’énergie à perdre à nous diviser.
Il peut arriver que nous ayons des visions différentes de l’avenir : je ne fais pas mystère des miennes, je suis pour notre unité la plus grande possible, et que cette unité se transforme en une force politique au service de nos idées, non pas seulement pour une élection, mais pour les générations qui viendront. Aucun d’entre nous, seul, n’y arrivera. Je suis même pour que sur ce chemin d’unité que nous avons à parcourir, il y ait une avant-garde et que tous ceux qui le souhaitent puissent former d’ores et déjà cette avant-garde !
Est-ce la seule vision, non : certains parmi nous sont plus prudents, plus circonspects. Mais c’est comme dans la vie, entre le nord et le sud, entre l’Alsace et la Provence, entre les Pyrénées et la Normandie, au hasard cher Edouard, il y a des climats et des cultures différentes, mais c’est ensemble que nous sommes la France et nous devons vivre ensemble et avancer ensemble.
Je récuse les divisions : chacun avancera à son rythme. Et je suis sûr que nous nous accorderons parce que ce dont nous avons la charge nous dépasse et nous oblige !
- Quatrième engagement, essentiel : nous acceptons tous, je le disais, que certains aillent plus loin, plus vite, soient plus unitaires. Ce sont les coopérations avancées que nous pouvons définir librement entre nous.
- Et enfin, cinquième engagement, les Français qui voudront s’engager avec nous, ils pourront le faire, directement sur notre site. Et nous les contacterons, et nous les associerons à l’action historique que nous avons à conduire. Juridiquement, ils ne se substituent pas à nos formations fondatrices, ils seront engagés, et « engagés », c’est un beau mot de citoyen !
Je veux enfin vous dire ceci : cette soirée, pour beaucoup d’entre nous, c’est l’accomplissement ou le début de l’accomplissement d’un rêve. D’un rêve dont nous croyons qu’il peut et qu’il doit changer la vie démocratique de notre pays. Ce rêve n’aurait pas été possible sans une solidarité entre tous ceux qui le partagent. Je veux leur dire ma gratitude mais permettez-moi d’exprimer cette gratitude à trois personnes, deux qui sont là, au premier rang : Philippe Grangeon, qui a porté dès le début ce concept de maison commune, et Richard Ferrand dont la patience et la volonté ont été décisives. Quant au troisième, il n’est pas là, mais ne doutez pas que sa pensée et son influence aient accompagné et parfois devancé nos efforts : celui qui est pour aujourd’hui et j’espère pour demain, Président de la République française, Emmanuel Macron.