Jean-Noël Barrot : "Il faut que la France soit aux avants-postes de la révolution de l'Intelligence Artificielle"
Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé du Numérique, était l'invité de Sud Radio lors de la matinale du jeudi 4 janvier 2024 pour balayer les sujets liés à la désinformation, la cybersécurité et l'intelligence artificielle.
Réseaux sociaux : "On voit par exemple un relâchement de la modération sur X (ex-Twitter)"
Au cours de cet entretien d'une vingtaine de minutes, Jean-Noël Barrot s'est d'abord vu interrogé sur les ingérences étrangères au sein de notre espace numérique français, lors d'élections notamment. Parce que "la menace de la désinformation est une menace démocratique majeure", "l'agence VIGINUM, crée en 2021 par le président de la République, est chargée de surveiller ces ingérences". Il précise que "pendant les dernières élections législatives en France, 60 ingérences ont été détectées, dont 6 étrangères, notamment des groupes d'extrême droite américaine".
Depuis l'été dernier, les plateformes de réseaux sociaux ont des obligations très claires, très fermes de lutte contre la désinformation avec des sanctions si elles ne s'y conforment pas.
Assurant de véritables avancées législatives en matière de responsabilisation de ces plateformes, le vice-président du Mouvement Démocrate a illustré ce nouveau changement de paradigme, impulsé sous la dernière présidence européenne française, en relatant l'enquête d'ampleur inédite lancée contre X. Il confie qu'à la suite "des attaques du 7 octobre par le Hamas, la commission européenne a ouvert une enquête à l'encontre de X, qui peut conduire à de lourdes amendes pour "défaut de lutte contre la désinformation".
S'agissant de TikTok, "le sujet c'est la protection de nos données". En effet, après avoir "constaté une fuite de nos données vers des pays avec lesquels nous n'avons pas d'accord de transfert de nos données, comme la Chine", le ministre délégué chargé du Numérique a affirmé l'engagement du géant chinois "à conserver les données des utilisateurs européens dans des "datacenter" basés en Europe, dont les travaux ont déjà débuté en Irlande et en Norvège".
Par ailleurs, la question d'une taxation plus juste sur les revenus des plateformes constitue également un des chevaux de bataille du ministre dans son combat pour la responsabilisation des plateformes de réseaux sociaux. Il a insisté sur les efforts de la France pour imposer un impôt minimum sur les sociétés de 15 %, dans 150 pays du monde. Celui-ci prend effet en ce début d'année. Naturellement cette disposition se légitime au regard de la forte croissance des revenus de TikTok passant de 2 à 44 milliards € en 2 ans.
Je me réjouis de cette mesure parce que l'évasion fiscale est une atteinte au contrat social.
Intelligence artificielle : "La nouvelle révolution est celle de l'intelligence artificielle générative"
L'interview s'est poursuivie sur les changements induits par l'intelligence artificielle. Pour Jean-Noël Barrot, ce sont les intelligences artificielles génératives, comme ChatGPT, qui vont réellement bouleverser nos habitudes sociales et usages professionnels. Il s'appuie sur "l'expérimentation d'une intelligence artificielle générative auprès de 1000 agents de service public" qui ont pu l'utiliser "dans leur mission de réponse aux commentaires d'usagers" pour expliciter le potentiel d'un tel outil. Le résultat est sans appel selon le ministre : "on a remarqué que les agents concernés étaient satisfaits et que le temps moyen de réponse a été divisé par 2". C'est aussi sous un angle positif qu'il faut entrevoir l'intelligence artificielle générative et les améliorations qu'elle suggère.
En outre, la France se donne les moyens de ses ambitions à ce sujet. Jean-Noël Barrot assure que notre réussite dans ce domaine s'effectuera en "investissant sur nos talents, sur nos capacités de calcul et puis sur nos données". Beaucoup de nouvelles entreprises françaises émergent depuis quelques années et s'affirment même contre les géants de ce secteur.
Cybersécurité : "On se prépare activement et depuis longtemps"
L'enjeu de la cybersécurité a été abordé par le prisme des Jeux Olympiques qui se dérouleront à l'été 2024 en France. La protection de cet évènement ainsi que sa sécurisation est aussi l'affaire du numérique.
L'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'informations, reconnue dans le monde entier, veille à ce qu'il n'y ait aucune brèche, aucune faille dans les systèmes informatiques de sites d'accueil.
Pour rappel, plus de 400 millions de tentatives de cyberattaques ont été dénombrées lors des derniers Jeux Olympiques au Japon. Néanmoins, le ministre délégué chargé du Numérique admet qu'il en va évidemment "de notre responsabilité individuelle, laquelle est d'adopter des gestes barrières contre la cyberinsécurité".
Enfin, la sécurité sur Internet c'est aussi celle de nos enfants face au contenu pornographique. À cet égard, le vice-président du MoDem a regretté le manque de volonté des sites à coopérer avec les autorités publiques pour endiguer ce phénomène
Je suis désolé des manoeuvres judiciaires des sites pour contourner les règles afin de préserver leurs profits alors qu'ils exposent nos enfants à des contenus totalement dramatiques pour leur santé mentale.
Bien que Jean-Noël Barrot admette l'inefficacité des systèmes de vérification d'âge car les "sites ne les utilisent pas", il espère par ailleurs que "la commission mixte paritaire convoquée sur [son] projet de loi sera conclusive et créera un pouvoir nouveau pour l'Arcom de bloquer les sites qui exposent les mineurs à la pornographie".
Se protéger contre la cyberinsécurité lorsqu'on est un individu ou une entreprise est possible. Dans cette démarche, nous nous joignons au ministre qui appelle à utiliser la nouvelle application de messagerie instantanée Olvid...100% française !
Je recommande chaudement cette application souveraine et ultra-sécurisée.