Marc Fesneau : "Il faut poser les actes dans un temps plus long et un temps court."

En ce jour d'ouverture du Salon de l'Agriculture, retrouvez ci-dessous l'entretien accordé par Marc Fesneau au journal Le Parisien.

Propos recueillis par Pauline Théveniaud et David Charpentier.

Entretien disponible aussi sur le site du Parisien.

Était-il inévitable de renoncer au grand débat souhaité par Emmanuel Macron ?

Marc FESNEAU. Le président souhaitait ce débat, les organisations syndicales aussi. Mais dès lors qu'elles ne le souhaitaient plus, quel sens à le maintenir ?

Finalement, c'est le grand bazar ?

Ce débat, c'était aussi le souhait de la profession d'avoir un moment d'explication cathartique avec les agriculteurs, les distributeurs, les transformateurs, les ONG... 

Problème, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a refusé d'y participer depuis que l'Élysée a invité les Soulèvements de la Terre. C'est un fiasco ?

Il y a eu une erreur, nous l'avons corrigée. Il faut retrouver un dialogue apaisé, l'agriculture en a besoin. Je pense qu'on a bien travaillé depuis des semaines, des mois, avec les organisations syndicales pour essayer de trouver des solutions. Cela ne doit pas à mon sens remettre en cause tout ce que nous bâtissons. 

Le ministre de l'Intérieur voulait dissoudre les Soulèvements, l'Élysée les invite tout de même à un grand débat, avant de retirer cette invitation. Où est la cohérence ?

Nous avons toujours été extrêmement clairs avec les Soulèvements et leurs actions violentes. J'ai dit ce que je pensais de cette invitation, à mes yeux inopportune. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain : les avancées, elles existent. La cohérence, elle est à chercher dans les actes ! 

Pourquoi le Premier ministre ne parvient-il pas à rassurer le monde agricole, malgré quatre salves d'annonces ?

Nous sommes dans une crise de foi. Les agriculteurs ne croient plus en la parole publique depuis vingt-cinq ou trente ans. Et les syndicats qui jouent les médiateurs ont aussi du mal à se faire entendre. Tout cela ne se retricote pas seulement par des mesures, et cela prend du temps. 

Comment faire alors ?

Il faut poser les actes dans un temps plus long et un temps court. Des premiers actes forts ont été pris par le Premier ministre avec le président de la République. C'est ce que nous faisons. C'est une crise tellement profonde qu'il faudra aller au bout du bout des simplifications pour que l'agriculteur, dans son exploitation, en voie les effets. Et de même sur tous les autres sujets. 

Vous avez décidé d'abandonner l'indicateur français de mesure de l'usage des pesticides, le Nodu. Faut-il comprendre que pour vous, l'écologie, ça commence à bien faire ?

Pas du tout. Au moment où l'Europe va produire son indice sur l'utilisation de produits phytosanitaires, on ne peut pas continuer à avoir l'Espagne, la Pologne, l'Italie ou la France qui fonctionnent avec leur propre indicateur. C'est la meilleure manière de créer de la distorsion et de la surtransposition. Et dans ce cas, chacun respectera les normes qui l'arrange. Il faut agir en Européen. Nous nous calons là-dessus. 

Emmanuel Macron avait dit : « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas ». Vous ne considérez pas avoir abandonné cette promesse ?

Jamais. Un exemple dans le Var : vous avez d'un côté une obligation de débroussailler pour lutter contre les incendies, de l'autre une injonction de ne pas détruire les habitats naturels de la tortue, et rien n'avance. On met les gens dans des impasses. Et d'un point de vue environnemental, on n'a rien gagné. Et à la fin, la forêt prend feu et la tortue finit brûlée. Avec ce type d'incohérences, on est en train de créer un électorat trumpiste. 

Vous dites que « la question de la rémunération des agriculteurs est encore devant nous ». Qu'allez-vous faire, concrètement ?

La loi EGalim a protégé le revenu des agriculteurs, tout le monde le reconnaît. Nous veillons à ce qu'elle soit appliquée pour s'assurer que la matière première agricole soit bien rémunérée. Je trouve à ce sujet les distributeurs très discrets. À les écouter, ils respectent tous les règlements avec des produits 100 % français. Mais il y a en a beaucoup qui ont joué et qui seront sanctionnés, notamment sur l'étiquetage. 

Les panneaux des villes étaient retournés dès cet automne. Vous vous dites que vous avez commis une erreur en ne réagissant pas plus tôt ?

Pardon, mais à l'époque, cela avait donné lieu à une rencontre avec la Première ministre Élisabeth Borne, les syndicats agricoles et moi. Et nous disons déjà tout ce que je dis là sur la simplification, le Green Deal qui n'est pas bien compris. Cette crise est européenne, tous les gouvernements y sont confrontés. Je ne me défausse pas, j'ai ma propre responsabilité. Mais à un moment, il faut que tout le monde puisse entendre. 

Il y a eu une forme d'inertie ?

Oui, de suradministration. 

À Matignon, au ministère de la Transition écologique ?

Il n'y a pas de bouc émissaire à rechercher. Écosystémique, si je puis dire. On n'a pas vu collectivement qu'on était à un moment de rupture. D'ailleurs, depuis qu'on discute des simplifications, on en trouve dans tous les ministères. 

Vous pensez, comme François Bayrou, qu'il existe une déconnexion entre un gouvernement trop urbain, parisien, et la France rurale ? 

Non. Et je ne suis pas d'accord avec François Bayrou sur ce volet. Il n'y a pas besoin d'être un rural pour comprendre le monde rural. Comme il n'y a pas besoin de venir de banlieue pour comprendre les banlieues. Mais il y a besoin d'une traduction concrète de la parole publique. Et c'est d'ailleurs ce que demande toujours le président.

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