Marc Fesneau : « Il ne suffit pas d'être Mme Le Pen pour se préoccuper du pouvoir d'achat »
Marc Fesneau est intervenu dans l'émission « Bonjour matin » sur TF1 ce lundi 25 novembre 2024.
Interrogé sur la protection du pouvoir d'achat des Français, un thème particulièrement sensible en cette période de tensions économiques, Marc Fesneau souligne qu'il y a besoin collectivement de se poser la question de savoir si nous sommes au rendez-vous pour le pouvoir d'achat, et de trouver un équilibre budgétaire. Le président du groupe Les Démocrates à l'Assemblée nationale affirme :
Il faut en tout cas tout faire pour ne pas censurer le gouvernement, et trouver un point d'équilibre
Ces propos font référence aux discussions budgétaires où le gouvernement tente de concilier la nécessité de réduire le déficit tout en évitant des mesures trop lourdes pour les citoyens. Pour lui, la réponse à la crise du pouvoir d'achat doit résulter d’un travail collectif. Toutefois, notre premier vice-président met en garde contre les solutions populistes, en prévenant que « si leur responsabilité c’est de démolir le pays, de faire qu'on ait pas de budget, ils en prendront la responsabilité devant les citoyens. » Une critique envers l'attitude de certains membres du Rassemblement National, qu’il accuse de ne chercher qu’à déstabiliser le gouvernement, sans proposer de solutions concrètes.
Au sujet du gouvernement Barnier, Marc Fesneau évoque plusieurs fois la question des motions de censure, notamment celle qui pourrait être portée par les deux extrêmes. Sans détour, il confie « qu'on ne va pas passer notre temps à être soumis aux oukaz, aux desiderata, ou aux menaces d’une certaine façon du Rassemblement National. » Ce refus d’être « pris en otage » par les partis extrêmes témoigne de l’importance que le député accorde à la stabilité du gouvernement. Pour lui, le pays a besoin de gouvernance, et le seul objectif de ceux qui prônent une motion de censure serait, selon lui, de « démolir le pays.»
Marc Fesneau a aussi pointé les manœuvres des socialistes, qui, après plusieurs mois de division, envisagent désormais un dialogue. Il fait part de son scepticisme vis-à-vis de la sincérité de cette proposition :
Ils viennent huit mois plus tard nous dire qu’il faudrait peut-être se mettre autour de la table… C’est ce qu’on dit depuis huit mois.
Si nous sommes toujours prêts à dialoguer au MoDem, nous demandons avant tout que ce dialogue soit basé sur des intentions claires et sincères, et non sur des manoeuvres politiques opportunistes.
Le budget de la nation est un autre point clé de l’entretien, en particulier la question des allègements de charges sur les salaires. Notre premier vice-président reconnaît la nécessité d’allègements de charges pour soutenir la compétitivité des entreprises, tout en soulignant les limites de ces mesures lorsque les salaires dépassent certains seuils.
« Quand on est au-delà de 2,6, 2,8, ou 3 SMIC… cela ne me paraît pas très opérant, » déclare-t-il, soulignant que l’objectif des allègements de charges est de soutenir l’emploi et de favoriser l’entrée sur le marché du travail pour les plus précaires. Il insiste sur l’importance de la « pertinence de l’action publique », un principe selon lequel chaque euro dépensé doit servir un objectif concret et mesurable.
En matière de politique étrangère, Marc Fesneau reprend également la question de l’accord de libre-échange Mercosur, qui unit plutôt la classe politique et les agriculteurs. L'ancien ministre de l'Agriculture reconnaît que l’accord est largement rejeté au sein de l'Assemblée nationale, mais il rappelle que la véritable question se situe au niveau européen. « C’est un sujet européen. C’est à nos parlementaires européens et à la Commission européenne [de décider], » affirme-t-il, précisant que les discussions sur le Mercosur ne peuvent se limiter à un débat français. Pour lui, un signal doit être envoyé à l’Europe qui repousserait l’accord, parce que les conditions ne correspondent pas aux standards européens en matière de protection de l'environnement et des producteurs locaux.
Enfin, la question de la lutte contre l’apologie du terrorisme et la proposition de la France Insoumise sur le sujet est posée à Marc Fesneau. Il se montre intraitable contre toute modification de la législation en la matière qu'il juge indispensable pour lutter contre le terrorisme :
L’apologie du terrorisme, c’est au bout Samuel Paty, c’est au bout Charlie.
Selon lui, la proposition de LFI de revenir à une réglementation plus permissive, en réservant cette infraction au droit de la presse, « passe de la provocation à l'indignité, à l'infamie » qui n’a pas sa place dans le débat public. Il ajoute « qu'il faut qu’on combatte le terrorisme et l’apologie fait partie de la stratégie des terroristes. »