Note du Plan : "Reconquête de l'appareil productif, la bataille du commerce extérieur"
Pour sa dixième note, le Haut-Commissariat au Plan alerte sur une urgence : la nécessité de la reconquête de notre production nationale. La réindustrialisation est l'affaire de tous les citoyens : avec la dynamique démographique, elle constitue l'une des clefs de la préservation de notre modèle social.
L'industrialisation en France a commencé à décliner il y a près de quarante ans, et particulièrement depuis le début des années 2000. Reconquérir la production nationale s'impose. Ce constat aurait dû être effectué depuis au moins deux décennies. Dans l'introduction de la note, François Bayrou affirme qu'il est nécessaire d'aller au-delà du seul constat, pour proposer une stratégie et une méthode. Depuis sa création en septembre 2020, le Haut-Commissariat au Plan appuie ses analyses sur des chiffres très précis :
A partir des données issues du Département des statistiques et des études du commerce extérieur (DSECE) de la direction générale des Douanes et Droits indirects, publiées selon sa nomenclature la plus détaillée (la nomenclature NC8) et relatives aux importations et aux exportations, le Haut-Commissariat au Plan a dressé pour l’ensemble des postes/produits, au nombre de 9 304, les soldes commerciaux pour les années 2019 et 2020.
Pas moins de 914 produits courants, comme la ratatouille, les produits pharmaceutiques, les chips, les véhicules ou encore le textile, ont ainsi été identifiés en déficit, pour plus de 50 millions d'euros. Notre solde commercial a même dépassé les 80 milliards d'euros en 2020.
7 secteurs sont présentés comme prioritaires : les produits agricoles et alimentaires (143 postes en déficit), les véhicules et équipements de transport (75), les équipements et objets de la maison (183), les machines et outils professionnels (101), les matériaux et produits chimiques (243) le textile (108), les produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux (31).
Perdre un produit, ce n’est pas seulement perdre le présent du produit, mais c’est bien davantage encore perdre l’avenir du produit, la recherche, les transferts de technologie, le design, et la définition même des générations d’équipements à venir.
Quel est le facteur limitant de notre capacité de transformation locale de produits que nous cultivons ou que nous fabriquons ? La note expose notamment l'exemple du bois rond, dont la France est productrice ; en revanche, elle importe des produits en bois transformés, comme les meubles.
La réindustrialisation, à rebours des préjugés, constitue un enjeu majeur de réduction de l’empreinte carbone nationale car, en France, les processus de production des biens recourent à une électricité peu carbonée. La note du Plan intitulée "Electricité, le devoir de lucidité" analysait déjà cette piste.
Lorsque la réindustrialisation de certains produits n'est pas envisageable, d'autres solutions sont possibles : Accomplir des prises de participation nationales dans des entreprises maîtrisant ces productions depuis l’étranger, notamment. On peut transplanter des entreprises ou des secteurs productifs. Une connaissance fine, partagée entre les pouvoirs publics et les investisseurs, doit être un atout décisif. La définition d’une telle stratégie suppose la prise en compte simultanée de l’analyse du commerce extérieur, de la demande nationale et de la capacité à réimplanter des technologies qui nous ont échappé.
Pour lire la note du Haut-Commissariat au Plan cliquez ici : https://www.gouvernement.fr/reconquete-de-l-appareil-productif-la-bataille-du-commerce-exterieur