Université de rentrée 2019 - "Perspectives pour l’avenir"
Retrouvez la dernière table ronde de notre Université de rentrée 2019: "Perspectives pour l’avenir", avec Marielle de Sarnez, Jacqueline Gourault, Geneviève Darrieussecq, Marc Fesneau, Patrick Mignola et Jean-Noël Barrot.
📼 Toutes les vidéos de l'Université de rentrée 2019 sont disponibles sur la page Facebook du Mouvement Démocrate.
Jean-Noël BARROT. - Bonjour à toutes et tous. Cela fait vraiment très plaisir de vous voir si nombreuses et nombreux à Guidel, n'en déplaise à Guy VERHOFSTADT cette année. Chaque année, encore plus nombreux. On a dû pousser les murs ! Je veux remercier l'équipe des permanents du siège.
Ils ont très peu dormi et beaucoup travaillé pour que nous puissions être accueillis dans de très bonnes conditions.
Nous avons presque 1 millier de personne sur le site : dix plénières, une soixantaine d’ateliers. C'est cela l'université de rentrée. D’ailleurs, ce sont les jeunes centristes qui dans les années 70 ont inventé les universités de rentrée. Les centristes sont précurseurs, toujours imités, jamais vraiment égalés… n'est-ce pas François ? Toi qui, avant les autres, avait diagnostiqué le mal du bipartisme qui rongeait la France. Toi qui as défendu cette vision du pays et qui, par l'offre d'alliance que tu as faite à Emmanuel MACRON, a permis la recomposition du pays. Toi qui continues d'innover aussi à Pau et de nous rassembler autour de toi. Merci beaucoup François, c'est aussi grâce à toi que nous sommes là.
Il y a quelques mois tu nous as demandé de prendre la suite de Yann et de Marc avant lui, avec Sarah qui porte la parole de notre mouvement avec talent et brio, avec Richard qui est là, qui sillonne la France pour détecter, former les tailles talents et pacifié les situations de tension quand il y en a. Il y en a très, très peu, bien sûr… et Alice le Moal, qui en plus de ses responsabilités, a désormais la charge d’être la maman d’un petit garçon d’un mois qui fait sa première université de rentrer cette année. Je crois qu’on peut l'applaudir. Je suis sûr qu'il y aura bientôt une nouvelle adhésion aux jeunes démocrates !
Avec les présidents et avec les délégués, il nous revient donc de faire vivre notre mouvement, de faire rayonner nos idées sur les territoires, et bien sûr, de gagner les élections en bonne intelligence toujours avec nos partenaires. C'est une joie de t'avoir Stanislas ce matin avec nous. Merci de nous faire l'amitié de ta présence.
En matière d'élections, le cru 2019 a été plutôt bon puisqu'on a eu le plaisir de voir brillamment élus cinq députés européens, peut-être bientôt un six cher Max. Vous venez rejoindre nos sénateurs et nos députés dont nous sommes très fiers, dont la qualité du travail est unanimement reconnue, que je remercie aussi de leur participation active aux ateliers et aux séances plénières de cette université de rentrée, qui sont admirablement représentés à l'Assemblée Nationale par Patrick Patrick MIGNOLA, qui anime un groupe très respecté et qui est un vrai pilier, un centre de gravité pour la majorité.
C’est cette majorité qui a porté un certain nombre de réformes, qui les a défendues, souvent adoptées parfois amendées, voir stoppées net - on l’a vu grâce à l’intervention du groupe MoDem parce que non, tout le monde n'a pas la maestria de Marc, de Jacqueline et de Geneviève pour dénouer les situations compliquées. On est aussi très fiers de l'action de nos ministres au gouvernement puisque Edouard Philippe leur confie les dossiers les plus compliqués dont ils s'acquittent avec énormément de talents, tout en restant absolument disponible pour leurs familles politiques.
Merci beaucoup à tous les trois.
On m'avait demandé de parler un peu de la question de la transition écologique dans les perspectives d'avenir. Un certain nombre de choses ont été faites mais beaucoup restent encore à faire.
Alors que nous sortons d'une crise sociale sans précédent, que la légitimité démocratique est contestée que s'accumulent les menaces sur le plan géopolitique, économique et environnemental, il est plus que jamais nécessaire que notre voix, la voix des démocrates, se fassent entendre.
Qu'est-ce c'est que la voix des démocrates ? Cela fait partie des questions que l'on s'est posées ce week-end à Guidel.
Nous avons chevillés au corps, un certain nombre de valeurs, de libertés, de responsabilités, d'engagements au service des autres et au service de la cité.
Nous refusons les postures et les idées simplistes, ce que tu nous as appris à faire François. Nous défendons et nous voulons renforcer ce qui est juste et nous résistons à ce qui ne l'est pas.
La modernité, le progrès, nous l’accueillons bien volontiers mais avec vigilance et lucidité dans le progrès, en particulier technique, car il y a des forces d'émancipation et de libération pour les personnes mais aussi des forces d'aliénation. Nous voulons toujours discerner les premières des secondes. Au fond, face aux grands défis, aux grands enjeux du monde contemporain, nous voulons toujours placer l'humain au centre de tout choix.
Il en va ainsi de la question de la transition écologique, avec la conscience aiguë qu'il n'y a pas de développements personnels, il n'y a pas de développements humains sans un développement équilibré et de préservation de la planète, de l'environnement, et de la biodiversité que tu défends cher Yann.
Nous avons toutes et tous à cœur d'en faire une priorité absolue.
Nous refusons l'écologie de posture, l'écologie de symbole. Ce que nous lui préférons, c'est l'écologie humaniste, une écologie qui vise la réduction des inégalités, la réduction de la misère et qui vise la santé des personnes. Je ne sais pas si Richard est arrivé, mais c’est un sujet duquel il pourrait également nous parler.
Nous ne voulons pas d'une écologie de l'intention, nous voulons une écologie de l'action et nous montrons l'exemple je crois. Cela a été démontré dans les travées de cette université de rentrée par l'exemple de nos élus MoDem dans leurs communes, dans leurs départements et dans leurs régions.
On peut aussi leur rendre hommage : je citerai 3 exemples.
Antoine VIELLIARD, maire de Saint Julien en Genevoix, qui a été un des premiers à faire l'extinction des lampadaires la nuit qui a un effet considérable pour la biodiversité et qui a présenté ce projet hier.
On pourrait parler de Christel KOHLER à Strasbourg, qui a créé des îlots de fraîcheur, une zone à faible émission dans sa commune ou Nadine RIVET à Limoges qui a lancé la lutte contre les perturbateurs endocriniens dans les établissements recevant des jeunes enfants.
C'est par l'exemple, par ces réalisations concrètes… et je n'ai pas parlé du bus à hydrogène de François BAYROU, mais vous êtes tous au courant… Cette écologie que nous voulons, c'est une écologie de l'action. Je voulais remercier et féliciter les élus municipaux du MoDem, dont le mandat arrive dans quel mois à termes, dont je souhaite vivement qu'ils puissent être réélus l'année prochaine et renforcés dans leurs missions évidemment.
Je conclus en disant que nous avons, pour faire tout cela, évidemment besoin de vous. Merci beaucoup d'avoir cette année répondu à l'appel de Guidel. A l'année prochaine.
On compte sur vous.
Geneviève DARRIEUSSECQ. – Bonjour à tous.
Tout à l'heure, j'ai entendu parler d'un budget pour la nation qui est un budget du pouvoir d’achat. C'est le message qui tourne en boucle, mais c'est en fait un budget du régalien, parce que dans les intentions premières du Président de la République, il y a bien sûr ces sujets éminemment importants qui sont à prendre en considération : la défense de notre pays, la sécurité et la sécurité des Français, la sécurité intérieure, et bien sûr la justice. Ce sont trois pans régaliens qui, dans le budget 2020, connaissent tous des remontées, des poursuites d'augmentations budgétaires conséquentes.
Les armées et la défense, c'est au cœur de cette loi de programmation militaire qui a été votée en 2018 et qui trace un chemin très encourageant d'abord pour notre défense et nos armées, parce qu'il permet après des déflations pendant des années et des années d'avoir des perspectives en termes stratégiques, des perspectives en terme de renouvellement des équipements, mais des perspectives humaines aussi pour tous ceux qui défendent la France.
Je crois aussi des perspectives dans l'innovation, et dans tout ce qui sera des combats modernes du XXIème siècle, que ce soit la cybersécurité, toutes les batailles qui pourront se jouer dans l'espace qui ne sont pas dénuées de dangerosité pour la souveraineté de chacun de nos pays, et même dangerosité pour chaque citoyen.
Nous avons des enjeux très forts, une remontée en puissance importante avec cette année un budget de la défense qui progresse encore de 1,7 milliard, ce qui est considérable, après avoir été augmenté de 1,7 milliards l'année dernière et de 1,8 milliards l'année d'avant... Nous allons vers une trajectoire qui se concentre beaucoup autour de ce ministère régalien, qui assure la sécurité et la souveraineté de la France, qui travaille à l'échelle européenne afin que nous puissions avoir, là aussi, je ne dirai pas une armée européenne mais des stratégies européenne de défense de notre ensemble européen, qui est une échelle pertinente pour pouvoir réfléchir à l'échelle mondiale, puisque entre les grands blocs qui sont autour de nous, cela représentera un bloc pertinent pour assurer des politiques fortes et maintenir une défense de notre Europe.
Le deuxième budget qui augmente fortement, c'est celui de l'intérieur : il augmente de 4 %. Là aussi, montée en puissance des effectifs après des déflations pendant de nombreuses années qui ont mis à mal les capacités de nos policiers à pouvoir assurer leurs missions, et avec bien sûr des missions qui vont réévoluer – et je trouve que c'est dommage que l'on ait des pics, des sommets, et ensuite des creux de vague – vers la proximité, parce que la mission de la police, la mission de la gendarmerie également, c'est d'assurer la sécurité des Français au plus près. Nous savons que le travail est immense. Nous savons qu'il y a des zones dans notre République qui sont très difficiles, mais que nous avons certainement désertées sur le plan du régalien justement, et il faut remettre ce régalien au cœur de tous les territoires de la France.
Cette ambition, c'est une ambition qui je crois est partagée par beaucoup de Français, et qui dans tous les cas, va être atteinte progressivement avec une remontée en puissance puisque je crois qu'il est prévu dans ce budget de réaugmenter d’un peu plus de 1500 les effectifs de la police progressivement.
Le troisième pan de régaliens dans ce budget, c'est la justice avec, là aussi, une augmentation du budget de la justice. La justice a pu être d'ailleurs - certains ministres l'ont dit - le parent pauvre dès ministère régalien dans notre pays, et là aussi, une remontée en puissance est importante. Je crois qu’il y a 1 500 postes qui seront créés dans ce ministère. Les besoins sont immenses. Nous le savons notre justice est trop longue. Notre justice n'a pas suffisamment d’agilité, pas suffisamment de souplesse, et souvent, ce ne sont pas que des questions de moyens. Il y a aussi des questions d'organisation mais je crois que les moyens sont un pan important.
Vous voyez, des budgets, qui en fait font la part forte au régalien. C'est pour cela que le Président de la République s'est expliqué et a été très clair avec ses ambitions pour l’acte 2.
L'acte 2, c'était de continuer sur le travail, toutes les actions que nous avons mises en œuvre et qu'il faut bien sûr continuer d'accompagner et de faire prospérer afin de retrouver le plein emploi dans notre pays et surtout de donner des perspectives à tous nos concitoyens. C'est bien sur le pan des retraites, qui n'est pas une énième réforme, mais qui est la refondation d'un acte profondément d'impact social dans notre pays.
Il y a bien sûr l'environnement, et Jean-Noël vient d'en parler. Il y a aussi l'Europe et il y avait le régalien.
C'était les grands cinq sujets qui importaient.
Dans ces sujets, il y a des débats qui vont se présenter devant nous et un un débat important à l'Assemblée Nationale, voulu et encouragé par le Président de la République autour de l'immigration.
Moi, je crois qu'il faut sortir des clichés, sortir des fausses informations, sortir des phrases simples, et pouvoir dire des choses positives avec des phrases simples. Malheureusement, j'ai le sentiment qu'il n'y a que les extrémistes qui arrivent à avoir des phrases simples, mais en disant des choses négatives.
Comment porter ce sujet de façon positive, mais avec des phrases simples qui rassurent nos concitoyens, parce que nous sentons bien tous chacun dans nos villes, dans nos départements, une inquiétude profonde dans toutes les couches de la population, des interrogations sur ce sujet.
Il me semble que ce débat sera un moment important pour notre République. Je souhaiterais à titre personnel que nous puissions faire un constat précis du moment où nous en sommes, avec des chiffres précis, des situations précises, que l’on voit où est notre inefficacité, où nous pouvons nous améliorer, dans un seul objectif : accueillir mieux et d’accueillir bien les personnes qui doivent être accueillies.
Notre pacte républicain passera aussi par cette réflexion. Bien sûr, nous ne sommes pas les seuls concernés par ce sujet. L’échelle européenne doit être l’échelle à laquelle on doit avoir une politique coordonnée.
J'entendais tout à l'heure gui Guy VERHOFSTADT dire qu'il est impossible d'avoir une unanimité sur ce type de sujet. Franchement, on peut se demander aussi si on ne peut pas réfléchir à quelques pays volontaires pour initier une réflexion positive qui ensuite pourrait être étendue aux autres territoires.
Mais c'est un sujet. Je suis une élue de terrain. Je parle avec mes concitoyens régulièrement et je peux vous assurer que c'est un sujet qu'il ne faut pas minorer, qui est au fond des préoccupations de toutes les couches de notre société, donc prenons-le à bras le corps. Parlons-en avec franchise, avec honnêteté et clarté. N'éludons aucune question et avançons positivement pour, je crois que c'est l'ambition du Président de la République, accueillir mieux sans être naïfs et en étant je crois aussi dans les valeurs qui ont toujours fait celles de la France, qui était quand même une terre d'accueil.
Voilà ce dont je voulais vous parler très rapidement mais vous dire que les sujets régaliens, la protection des Français, la sécurité des Français, notre justice, l'amélioration de son fonctionnement, l'indépendance de la justice, cela fait partie du fondement de notre République. Tous ces sujets sont des sujets majeurs qui ont des retentissements directs dans les budgets de la République et qui, je crois, doivent être vus avec beaucoup d'acuité par chacune et chacun d'entre vous. Merci.
Marc FESNEAU. - Heureux de vous saluer à une place différente de celle à laquelle j'étais l'an dernier, sans savoir à quelle place je serai l'an prochain… cela montre bien la volatilité des choses et la modestie qu'il faut avoir dans ces moments-là.
Je voudrais remercier Jean-Noël BARROT, lui ne pouvait pas le faire puisqu'il parlait des autres, et c'est bien normal saluer le travail que fait Jean-Noël BARROT, non pas par esprit de corporatisme que nous pourrions avoir avec Yann parce que le rôle de Secrétaire général est une tâche complexe qui nécessite beaucoup de bienveillance et beaucoup de fermeté, mais saluer le travail qu'il fait avec les équipes depuis quelque temps désormais et saluer aussi les équipes au passage. Je sais combien la tâche est complexe, qui plus est quand on est en plus parlementaire, et c’est le moment de saluer Jean-Noël pour tout le travail qu’il fait.
J'avais envie de commencer sur la place du MoDem en saluant évidemment François, car je sais François et nous savons, François, notre président, très acteur et gardien vigilant, au fond, de ce qui est notre histoire, de ce qui est notre culture, de ce que sont nos combats et pour dire les choses plus simplement, de ce qu'est notre famille politique. Je voudrais le remercier, car c'est important quand on exerce le pouvoir d'avoir toujours ce regard sur d'où l'on vient pour mieux éclairer là où on veut aller. Je voulais le dire à François, car c'est toujours bien d'avoir quelqu’un qui soit acteur dans la vie publique et qui nous montre ce pour quoi nous nous sommes autant battu ces dernières années et ce pour quoi nous devons nous battre dans les années qui viennent.
Pour finir, je voudrais saluer Stanislas Guérini. Ils sont tellement à travailler ensemble qu'ils finissent par se ressembler avec Jean-Noël… c'est dire si le travail est en mode totalement coopératif !... Regardez quand même, je n’ai pas tort. Dans chaque parti, il faut faire converger les positions et je sais à quel point ils y travaillent.
On a beaucoup parlé - Richard Ferrand aussi hier - de ce que l'on appelle assez proprement l'acte 2. Je pense que c'est un acte, au-delà des sujets que l'on a décidé de mettre, Geneviève a parlé des sujets que l'on a décidé de mettre plus puissamment sur la table, je pense en particulier au régalien mais aussi à la transition écologique.
Je trouve que l'acte 2 est aussi un acte de changement de méthode. C'est ce qu'ont voulu le président de la République et le Premier ministre tirant enseignement de ce qui s'était passé depuis l'automne dernier avec la crise dite des gilets jaunes.
C'est un acte qui porte aussi sur un changement de méthode.
Je pense que les sujets que l'on porte, les textes que l'on porte, les réformes que l'on porte, elles sont d'autant mieux portées que c'est la méthode avec laquelle on les porte qui les fait réussir.
Le premier changement de méthode pour moi, ce que l'on a souvent dit au Modem, c'est d'essayer à chaque fois que l'on porte une réforme de sortir du texte, de ses contingences techniques parfois, pour lui donner du sens.
Au fond, quand on a un texte devant nous, quand on a une réforme devant nous, c'est expliquer aux Français pourquoi on le fait. La question par exemple des retraites n’est pas seulement la question de savoir vers quel système on va, mais aussi quelles sont les transitions qu'il faudra faire et quel est le modèle que l'on veut promouvoir au travers du changement du système de retraites.
A chaque fois que l'on va à la réforme, il faut penser au sens de celle-ci. Je pense que l'on est dans un monde où les gens ont besoin qu'on leur montre quelque chose de l'ordre du sens. LA deuxième chose, c’est d’être plus en capacité d’être à l’écoute. On peut poser les prérequis d’une réforme, d’un texte, il n’empêche qu’il y a le risque toujours de penser que l'on a seul raison. Si une disposition ou quelque chose dans un texte n’est pas compris, c’est qu’il nous faut l’expliciter mieux, le faire évoluer dans le cadre du dispositif. Cette capacité d’écoute est essentielle dans l’acte 2 que nous allons mener. Rien n’est pire que de dire on change, on réforme, et que les gens aient le sentiment que rien en change pour eux. Quand on change, il faut que les gens voient qu’on change. On a besoin de concret dans la réforme, de choses qui soient réellement perceptibles par les gens. Ils ne doivent pas avoir l’impression qu’on ne fait que des discours en tribune.
La deuxième chose que je voulais dire, c’est qu’on est dans un moment très particulier. J’ai été très frappé, lors de la crise des gilets jaunes, de deux choses. La première chose, c’est la progression rampante mais assez continue de la violence comme mode d’expression d'un nom dialogue ou d'une colère.
On est maintenant, me semble-t-il, trop habitués à cela. Les uns et les autres, comme responsables publics, on dénonce les actes de violence qui peuvent naître contre des parlementaires, des journalistes, contre toutes les formes d’autorité, contre des syndicalistes, mais au fond, il faut que l'on arrive à trouver les mots et la méthode pour faire sortir cette gangrène : la violence dans le débat démocratique et public. Il ne faut rien céder à cette tendance qui s'est un peu répandue dans la société qui fait que si je ne suis pas d'accord, le seul moyen que j'ai pour le montrer, c'est la violence. Il nous faut combattre la violence et remettre dans le champ démocratique le débat.
Le corollaire, c'est que pour sortir de cette violence, il faut faire en sorte de trouver les voies et moyens dans le débat démocratique pour que ceux qui ne sont pas contents puissent le dire dans le champ démocratique, sinon, c'est parce d'autres voies qu’ils le feront. C’est un grand danger dans le moment qu’on vit.
Le deuxième sujet que je trouve assez fascinant…
Jacqueline GOURAULT – C’est le troisième, non ?
Marc FESNEAU – Non, le deuxième. Il faut suivre Madame Gourault… (rires dans la salle) Le deuxième sujet… Elle va m’en coller une tout-à-l’heure… (rires dans la salle)
Ce deuxième sujet, c'est le rapport à la science. Je trouve qu’on a du mal à éclairer les débats par quelque chose qui soit de l’ordre de la rationalité ou de la raison. La mode du moment laisse place à ce que sont les données rationnelles d'un problème.
Vous avez les mêmes personnes qui vous disent, quand tel ou tel scientifique dit quelque chose, qu’il faut l'écouter parce qu'il est scientifique, et les mêmes qui viennent vous dire sur un sujet sur lequel ils ne sont pas d'accord avec la science, que ce n'est pas parce que les scientifiques le disent que c'est vrai…
Vous avez les mêmes qui dans un même mouvement vous disent, y compris parmi des hauts responsables de l’autre côté de l’Atlantique, que ce que dit le GIEC, ce n'est pas la vérité. Qui vous dise : « ceci n'est pas une table, c'est une tringle à rideaux », qui vous vendent l'idée que la science n'a pas raison. Ce sont les mêmes qui disent, quand une autorité comme l’ANSES dit quelque chose sur les pesticides, « là non je ne suis pas d'accord et je détermine moi-même hors de la science la rationalité de la décision publique ».
On a besoin de mettre de la rationalité dans la décision publique. Cela va avec le sens, l'écoute, le dialogue, mais on ne peut pas rentrer dans les débats que nous avons en termes de transition écologique, en termes économiques et sociaux, sans que quand même on ne puisse pas un moment s'appuyait sur les faits.
Si on ne s'appuie pas sur les faits, c'est l’irrationalité du moment qui viendra.
Globalement, au fond, ce qu'il faut que l'on soit, c'est fidèles et cohérents avec l'alliance qu'a noué François avec Emmanuel MACRON en 2017.
Ce que j'ai perçu de 2017, c'est assez simple. La première chose, c'est la capacité de dépassement, de passer par-dessus les frontières artificielles dressées entre des gens qui au fond pensaient la même chose, et donc d'être les premiers artisans nationaux et locaux de cette stratégie du dépassement. Cela, c'est un élément essentiel de la construction et de l'identité qui est la nôtre et de l’alliance que nous avons construite en 2017.
Je voulais parler de l'esprit de réforme. Et pas l'esprit de réforme pour la réforme. Quand on croise les citoyens français, il faut toujours le faire avec prudence, car naturellement les gens qui veulent dire du bien viennent nous voir plus facilement que ceux qui ne sont pas contents parce qu'ils s'enferment plus, mais même ceux-là souvent nous disent quand même : « au moins vous essayer de transformer le pays ».
Il faut être fidèle à cette capacité cette volonté de transformation du pays.
Le dernier point de 2017 pour moi, c'est la bienveillance, et pour moi, la bienveillance, ce n'est pas un vain mot. La bienveillance doit s’appliquer à l'intérieur de nos formations politiques, elle doit s’appliquer entre les formations politiques, même quand on a des désaccords. Accepter que l'autre puisse penser différemment de soi, en démocratie, c'est quand même - pardonnez-moi - un peu la base. On en beaucoup lutté autour de François et surtout François pour justement faire rayonner cette idée que l'on pouvait dialoguer pour essayer de trouver des points de convergence. C'est cela aussi le ressort et l'intérêt de la bienveillance. C'est assez simple, au fond, pour nous, parce que ce que nous avons vécu, ce que nous avons porté, notre propre cohérence, notre solidité... cela compte dans ces affaires-là.
On donne donc une image collective.
Tout cela ce n’est pas très difficile... La seule chose qu'il faut que l'on fasse dans ces perspectives d'avenir, c’est simplement d'être nous-mêmes. C'est ce que je nous souhaite pour la suite du quinquennat.
Jacqueline GOURAULT. - Merci beaucoup. Je vais commencer par saluer les élus, les parlementaires bien sûr, mais aussi les élus des territoires, les élus locaux, qui sont nombreux dans la salle, dans un moment particulier, dont j'ai bien conscience, c'est-à-dire que l'on est dans la phase de préparation d'une étape importante que sont les élections municipales, mais ce n'est pas de cela dont je veux vous parler.
Je vais essayer de vous dire qu'elles sont un peu plus exactement les perspectives dans l'année qui vient sur, au fond, la politique que nous menons au Gouvernement et peut-être rappeler d'abord que, lorsque le quinquennat a commencé, le grand message que les élus faisaient passer au Gouvernement, c'était surtout : "Ne faites pas de grandes réformes territoriales, car il y a eu beaucoup de réformes territoriales depuis 10 ans".
Si on remonte simplement sous la présidence de Nicolas Sarkozy, il y a eu, en 2010, la réforme des Collectivités territoriales qui a développé l'intercommunalité, créé les communes nouvelles, etc., et je vous rappelle les lois Maptam et NOTRe, la loi qui a redécoupé les régions, etc.
Le grand mot d'ordre, c'était : "Pas de grande réforme, laissez-nous un peu tranquilles et laissez se mettre en place les réformes qui ont été faites".
Cela, c'était le discours ambiant. Puis, très vite, comme vous le savez, les relations avec les associations d'élus, en tout cas, les plus grandes d'entre elles ont été assez difficiles, c'est le moins que l'on puisse dire et je crois simplement aussi, car l'opposition qui avait beaucoup de mal à se structurer sur le plan politique et sur le plan national, sur le plan législatif et sur le plan de l'organisation des partis politiques, a trouvé un lieu d'opposition : ce sont les associations d'élus.
C'est là, au fond, qu'ils se sont exprimés le plus facilement et que l'organisation s'est faite de l'opposition au Gouvernement, avec les associations d'élus.
J'ouvre une parenthèse, en disant que je trouve, pour ceux qui sont ici et qui sont dans les associations d'élus que, parfois, la confusion entre l'action des associations d'élus qui sont, par essence, pluralistes et l'utilisation qu'en font ceux qui sont à la tête, est tout de même assez scandaleux et je pense que, sur le plan politique, il ne faut pas se laisser faire. Quand on est dans les associations d'élus, il faut quand même poser la question de savoir, quand on va à une réunion pour réorganiser la droite en France, si on est le Président de l'ADF ou si l'on est intuitu personae, une personnalité politique.
Quand même, c'est quelque chose d'extrêmement gênant, et je voudrais aussi dire que l'on pourrait penser un peu la même chose pour le Président du Sénat qui est parfois le Président du Sénat et parfois dans l'action politique.
C'est quelque chose qui... Voilà....
J'ai été Sénatrice, je connais très bien Gérard Larcher, j'ai d'ailleurs de très bonnes relations avec lui, mais il faut tout de même dire les choses de temps en temps, car c'est comme cela. Voilà....
La deuxième chose que je voudrais vous dire, puisque l'on parle beaucoup de l'acte 2, c'est que, pour les collectivités territoriales, pour l'aménagement du territoire, l'acte 2 a peut-être commencé un peu plus tôt, puisqu'après une année où, au fond, le rôle des Collectivités territoriales n'était pas très visible dans l'organisation du Gouvernement, je crois que la bonne idée a effectivement été de rapprocher le Ministère de la Cohésion des territoires et le Ministère des Relations avec les Collectivités territoriales.
Je crois qu'au mois d'octobre dernier, quand ce grand Ministère a été créé, cela a été quelque chose d'important, car cela a permis de rendre plus visible pour les Français et pour les élus là où il y avait leur Ministère et là où ils pouvaient, au fond, avoir des interlocuteurs. Nous sommes d'ailleurs trois, puisque j'ai deux Ministres à mes côtés : Sébastien Lecornu et Julien Denormandie. Nous avons commencé et nous avons mis aussi en marche des rencontres extrêmement fréquentes. J'ai beaucoup traversé la France, je suis beaucoup allée sur le terrain et, dans la méthode nouvelle, je crois que ce qui est très important aussi, c'est bien sûr le dialogue, la proximité, la présence sur le terrain.
Je voulais vous dire aussi qu'avec la crise des gilets jaunes, le mot d'ordre était, ce qui était ressenti par tout le monde, ce besoin de proximité et un certain nombre d'idées se sont développées, notamment en disant qu'il fallait remettre les Maires au cœur de l'action publique sur les territoires.
Bien sûr, nous sommes tous d'accord avec cela, mais je crois que, quand on est dans la famille politique dans laquelle nous sommes, il faut toujours faire attention aux vagues et au ressac si je puis dire, car, hier, c'était très intéressant, j'ai reçu le Président de l'Office intercommunal de la communauté d'agglomération d'ici.
Il est venu me voir en me disant : "Madame, vous préparez une loi qui s'appelle Engagement et proximité, qui va bientôt être débattue au Sénat. C'est très bien, mais vous donnez la possibilité aux Offices de tourisme, enfin aux villes qui sont villes reconnues de tourisme de sortir de l'intercommunalité" et il me dit : "Cela, ce n'est pas bien, car il faut, pour un territoire comme le nôtre, il y a les territoires de la côte, mais il y a aussi tout l'arrière-pays et, moi, je fais en sorte que les touristes se promènent dans l'ensemble du territoire et au fond, c'est quelque chose dont j'étais persuadée, montrer qu'il faut toujours rester serein et éviter que le balancier dans une loi aille trop d'un côté ou de l'autre".
Certes, les mairies et les Maires doivent trouver leur place dans l'intercommunalité. Certes, il doit y avoir des Conférences des Maires, certes tous les Conseils municipaux doivent être associés aux Commissions, mais attention de ne pas nier que l'intercommunalité, même si elle a été faite trop grande à certains endroits etc., a tout de même été sur les territoires une source de développement et d'amélioration du territoire.
Il faut toujours veiller, et c'est bien l'âme de notre famille politique, à éviter les mouvements un peu les balanciers, un peu trop fort qui pourraient nous faire regretter d'avoir pris un certain nombre de décisions, car l'intercommunalité existe, parce qu'elle a été voulue par les territoires et parce qu'elle réalise beaucoup de choses.
Nous allons donc avoir cette loi qui va être portée au Sénat et à l'Assemblée nationale qui, au fond, a deux grandes missions, dont la première est d'encourager les élus dans l'engagement, si je suis dire, et surtout les accompagner dans l'exercice de leurs fonctions en amenant un certain nombre de sécurités.
La deuxième mission vise à donner certaines libertés locales, mais ces dernières doivent, encore une fois, trouver leur équilibre dans un ensemble.
Vous savez aussi que nous avons beaucoup travaillé au Gouvernement pour mettre en œuvre l'agenda rural. Cinq personnalités du monde rural ont formulé 200 propositions, 173 ont été retenues et c'est quelque chose de très important car, là aussi, la crise des gilets jaunes nous a montré l'angoisse, au fond, je ne vais pas dire de la ruralité, mais de certaines ruralités qui ont bien passé le sentiment d'abandon, mais la situation d'abandon d'un certain nombre de territoires méritait que l'on se repenche sur le sujet avec beaucoup de sérénité et d'efficacité.
Derrière cela, cela veut dire aussi qu'en France, il faut que l'on aide ces Présidents. Je le dis devant les élus présents, l'idée qu'il y a des territoires qu'il faut aider d'avantage que d'autres, car ils ne pourront autrement pas s'en sortir.
Je dis cela, parce que, souvent, les élus ne comprennent pas pourquoi leur DGF baisse car il faut aider les plus pauvres. Il faut aider certains territoires à s'en sortir et c'est la raison pour laquelle le Gouvernement a décidé de faire des pactes, c'est-à-dire de signer, au fond, avec un certain nombre de territoires en difficulté, des pactes pour les aider de façon plus importante.
Quand on est dans la cendre à viennois, c'est un territoire entre Maubeuge et la Belgique, ce n'est pas facile. Il y a un taux de chômage énorme, un vote du Front national énorme, une pauvreté très importante. Il faut donc aider ces territoires plus que d'autres.
Je pense que pour l'équilibre de notre territoire, c'est très important.
Enfin, il y a aussi des associations d'élus qui demandent un nouvel acte de décentralisation. Vous savez que nous sommes déjà dans une République décentralisée. Il y a eu deux vagues de décentralisation.
Bien sûr, dès le départ, quand cela a été demandé notamment par François Baroin, Président de l'AMF, j'ai tout de suite été très prudente, car je pense… Vous voyez bien, on ne va pas décentraliser de façon permanente, car, un jour, on touchera au régalien. Je suis persuadée que les Français sont pour les libertés locales, mais sont pour un État fort et vous pouvez remarquer que même les élus, quand il y a quelque chose d'un peu particulier qui se passe, une crise qui se passe, même s'ils ont les compétences dans les collectivités territoriales, que ce soient les départements, les régions, les intercommunalités, le premier réflexe c'est de se tourner vers l'État, toujours.
Nous avons donc cette spécificité française de mélange d'esprit jacobin et girondin. Quand on est en Bretagne, on est plus girondin que jacobin, mais vous voyez qu’il y a un équilibre qu'il faut toujours trouver.
Cette loi que nous allons préparer par le dialogue et qui ne viendra qu’en 2020, après les élections municipales, j'ai très tôt pensé, et j'en ai beaucoup parlé avec le Premier ministre et le Président de la République, qu'il ne fallait pas dire « Nouvel acte de décentralisation » si je puis dire, car je suis persuadée que ce n'est pas tant de nouvelles compétences que veulent les Collectivités territoriales, même s'il faut finaliser certaines compétences qui n'ont pas été jusqu'au bout. On peut citer des exemples, je ferme la parenthèse.
Ce que demandent les Collectivités territoriales, c'est, au fond, de mieux travailler avec l'État et de mieux travailler aussi de manière horizontale entre elles, entre niveau de Collectivités territoriales.
C'est la raison pour laquelle, c'est devenu, c'est un journaliste que nous connaissons bien Patrick Roger, du Monde qui a inventé le sigle, car j'ai beaucoup parlé de décentralisation, mais j'ai voulu accoler deux autres mots qui s'appellent différenciation et déconcentration.
Maintenant, c'est Patrick Roger qui l’a appelée comme cela, la « loi 3D », et je crois que cela va rester comme cela.
C'est très important de comprendre. Il faut faire en sorte que des libertés locales puissent véritablement exister, mais il faut changer l'idée que l'on fait partout la même chose et que le droit à la différenciation est quelque chose de très important.
Le droit à la différenciation revient à penser à ce que je vous ai dit tout à l'heure, que tous les territoires ne sont pas égaux mais le droit à la différenciation c'est aussi peut-être de dire que, à certains endroits, après discussion en collectivité territoriale, si les régions ont construit les lycées et que les départements construisent les collèges, que peut-être il est tout à fait intelligent que, dans un territoire, ce soit la région ou le département qui finalement construisent le collège et le lycée.
C'est aussi cela le droit à la différenciation.
Puis l’autre chose aussi, c'est peut-être que des politiques publiques de l'Etat puissent s'exercer différemment selon les territoires, par exemple je viens de signer avec la Bretagne un pacte d'expérimentation pour le logement. On permet à la Bretagne par expérimentation de faire ce qui ne se fait pas ailleurs bien évidemment, c'est-à-dire de dire par exemple que la ville de Rennes, je prends des exemples concrets, dise : « moi je n'ai pas besoin de tous ces droits à construire je les donne à Vitré, parce que c'est à Vitré que l'on a besoin de construire du logement social ». Je prends un exemple véridique si je puis dire.
Cela, c'est très important. Au fond le droit à l'expérimentation, c'est quelque chose qui permet selon les territoires d'adapter les politiques publiques. Je rappelle que le droit à la différenciation est inscrit dans le projet de loi constitutionnelle dans l'article 72 et que bien entendu, nous espérons tous que la constitution sera votée, mais si par malheur elle ne l'était pas, le Conseil d'Etat vient de sortir une étude qui permet à droit constitutionnel constant selon son avis d'améliorer le droit à la différenciation, car vous savez qu'aujourd'hui au fond le droit à la différenciation, c'est le droit à l'expérimentation mais qu'on ne peut le faire que pendant 5 ans.
Vous voyez que ce sont de gros chantiers et dans l'esprit que nous avons toujours partagé et construit dans le Modem, avec le Modem, c'est je crois faire confiance aux territoires, faire en sorte que les collectivités territoriales soient très fortes mais aussi il faut que l'état soit fort.
C'est l'équilibre subtil de notre pays, c'est l'esprit qui a construit notre nation je crois.
Je suis en tout cas je veille en tout cas très précisément à cet équilibre-là où je suis.
Je vous remercie.
Patrick MIGNOLA. - Nous avons écouté nos députés locaux Jimmy Pahun et Erwan Balanant. Et puis il y en a un qui vient de nous rejoindre : Bruno Joncour, qui est tellement attaché à sa terre briochine qu'il n'a pu nous rejoindre qu'aujourd'hui. Je ne sais pas s’il confirmera son attachement à sa terre briochine dans quelques mois. La décision lui appartient. Si d’aventure, il le faisait, nous le regretterions à l’Assemblée nationale. Si, en revanche, il voulait s’engager dans le combat des municipales, bien sûr nous le défendrions.
Nous vivons une crise démocratique, nous l'avons tous vécu sur le terrain, cela démarre avec l'abstention et cela finit dans des agressions et parfois dans des décès d'élus locaux. La violence à laquelle Marc faisait référence tout à l'heure est partout dans la société, pas que dans la démocratie, pas que vis-à-vis des élus, elle s'exerce de partout. Nous avons l'obligation de renouer avec la base. François dit souvent que le divorce entre la base et le sommet est à l'origine de la plupart de nos crises économiques et sociales.
Comment peut-on y travailler ?
Il faut que nous retournions sur le terrain, en disant ce que nous sommes.
Les députés, dans ce groupe que j'ai un grand bonheur de présider, ont pris 2 ou 3 initiatives simples.
La première, c'est qu'ils ont écrit un livre, ensemble, en disant - et vous en avez tous été destinataires ces jours-ci - ce qu’ils avaient fait à l'Assemblée nationale, mais surtout pourquoi ils l’avaient fait.
Parce que le début de la démocratie, c'est savoir rendre compte ; parce qu'on ne nous signe pas un chèque en blanc pour 5 ans.
À chaque fois, chacun étant dans son rôle, dans sa spécialité, avec un énorme travail - mais au fond c'est normal que les parlementaires travaillent, c'est le minimum que l'on peut attendre d’eux - à chaque fois, on retrouve des fils directeurs et ces fils directeurs c'est ceux de notre famille politique… D'une économie sociale de marché, qu'enfin on peut mettre en œuvre, qui va devenir une écologie sociale de marché c'est bien cela les grands enjeux de l'acte 2. Et donc, c'est dire non seulement ce que nous faisons dans les mandats qui sont les nôtres, mais c'est expliquer aussi pour quoi nous le faisons pour le pays et comment nous voulons l'entraîner.
Et puis, il y a aussi l'obligation de mieux faire participer nos concitoyens.
Je vais vous dire quelque chose d'assez simple. Il ne sert à rien d'inventer des idées un peu illuminées où l’on désignerait des élus en les tirant au sort et en les changeant tous les deux ans.
En revanche, être sur le terrain au contact, en inventant des formes qui ne sont pas nouvelles, c'est ce que font tous les maires, tous les élus locaux, être capables de discuter. Nous avons pris la décision aux journées parlementaires, la semaine dernière, de faire des "brigades parlementaires", qui vont aller sur le terrain vérifier l'application de la loi, car ça ne sert à rien de fabriquer des lois si elles sont indistinctement appliquées ou mal appliquées parfois.
C'est notre rôle de le faire et d'être au contact avec les acteurs locaux, avec les acteurs sociaux, avec les acteurs médiatiques localement, pour mieux faire entendre ce que nous faisons et, au fond, je pense que cette reconnaissance de l'humain sur le terrain, cela devrait faire partie aussi de nos exigences municipales.
Je suis assez content que nous convergions désormais avec la République en Marche - Stanislas était là tout à l'heure – sur le fait que quand un maire a bien travaillé, désormais nous n'allons pas nous interdire de travailler avec lui pour les élections municipales, c'est une très belle évolution.
Mais pour autant, ce n'est pas "open bar".
Nous travaillons avec des maires qui ont bien travaillé.
Nous souhaitons simplement partager des valeurs ensemble, que ce soit sur l'application de nos réformes économiques, sociales, écologiques.
Marc aussi le rappelait : l'écologie, le changement de nos modes de vie, cela passera par la commune et l'intercommunalité. Mais je pense que cela se passera aussi par un exercice démocratique qui sera un peu différent et nous savons bien que, de temps en temps, il y a des maires un peu tyranniques ou qui travaillent un peu trop seul.
Si nous avons cette exigence démocratique dans le cahier des charges de soutien, cher Jean-Noël, nous pourrions apporter à des maires sortants, je pense que ce serait intéressant.
Je terminerai d'un mot, parce que nous en avons pas mal parlé, mais avec les députés - mais je pense que les sénateurs et députés européens pensent la même chose - nous avons vécu deux jours assez émouvants parce que nous sommes nombreux, parce que nous sommes solidaires, parce que cette famille a continué de grandir.
Ici, il y a quelques années, l'ambiance était moins heureuse. Cela n'a jamais sonné creux intellectuellement, cela pouvait sonner creux parfois numériquement.
Aujourd'hui, cela continue à bosser intellectuellement, cela s’étend numériquement. Et je voudrais dire à François, Marielle, Marc et les autres, que ce qu'ils ont été capables de faire pour faire vivre cette famille, c'est extrêmement important. Et se retrouver ensemble, pas pour se regarder le nombril, mais parce que je crois que cette famille politique est importante dans la majorité, elle est importante pour le pays. Donc ils ont été capables de faire vivre le Modem pour que vive la démocratie française. Vous pouvez les en remercier.
Marielle de SARNEZ. - Je suis très heureuse d'être avec vous. Je crois que je n'aurais pas imaginé de ne pas passer ce week-end ensemble et je vous écoute donc depuis ce matin.
Je veux simplement dire à Jean-Noël, j'espère qu'il ne m'en voudra pas, mais je suis sure que Patrick me soutiendra : ce ne sont pas les jeunes centristes qui ont imaginé les premières universités d'été, mais les jeunes giscardiens, mais ce n'est pas grave !
La question de ce matin Thibaut que tu posais, au fond, c'est : "Et maintenant ? Qu'est-ce qui est devant nous ?"…
Chacune et chacun de ceux qui ont participé à cette table ronde ont répondu développement durable, territoire, esprit civique, respect du pluralisme et des uns et des autres dans le monde en particulier parlementaire, engagement pour les élections municipales et, moi, j'ai envie de vous dire qu'il y a trois défis majeurs devant nous, trois enjeux majeurs.
Nous nous sommes battus pendant des années pour changer la vie politique française, pour faire en sorte qu'enfin, nous ayons un pays rassemblé, apaisé, un lien social retissé, une cohésion sociale forte.
Alors, nous avons eu une première étape formidable, l'élection d'Emmanuel Macron, mais le travail n'est pas terminé et tous ceux qui ont parlé ce matin nous l'ont dit : il faut continuer à œuvrer pour le changement, continuer à œuvrer pour la transformation de notre pays, pour son rassemblement et pour son unité, car, moi, je suis convaincue que rien de grand ne peut se faire sans unité et sans rassemblement et, là, c'est notre responsabilité, à nous Mouvement démocrate, celui aussi de la République en Marche. Je salue Stanislas que j'ai vu au premier rang et je suis heureuse de sa présence.
Puis, il y a un deuxième défi qui est un défi probablement plus profond, plus important encore, un défi de moyens et de long terme, l'histoire n'est pas finie. Les démocraties ne sont pas inscrites dans le marbre, partout dans le monde, aux proximités de l'Europe, y compris en Europe, vous voyez resurgir, émerger, ré-émerger des régimes autoritaires ou des régimes populistes.
Eh bien, c'est nous, démocrates, qui avons la clé de cela, si nous sommes capables d'être forts, si nous sommes capables de nous assumer comme démocrates, si nous sommes capables de relever ensemble les défis immenses qui sont devant nous au début de ce siècle et pour le siècle dans lequel nous sommes.
Je pense évidemment, vous en avez parlé, au réchauffement climatique, à la grande question de l'émigration qu'il nous faut aborder avec intelligence et d'une manière globale. Je pense à la grande question des inégalités dans le monde bien sûr, entre le Sud et le Nord, mais, chez nous, au sein même de nos sociétés. Nous devons, nous, démocrates, être en capacité de répondre aux peurs, aux angoisses, aux inquiétudes de nos concitoyens et je veux vous le dire que, si nous ne le faisons pas, alors je crains le pire pour ce régime auquel nous sommes si attachés.
Cela, c'est notre deuxième responsabilité. Les démocraties sont fortes, si elles se revendiquent en tant que telles, si elles assument leurs valeurs et si elles restent debout. C'est cela aussi le deuxième défi majeur.
Il y a un troisième défi, je le dis en pensant avec émotion au décès de Jacques Chirac, car il existe une exception française dans le monde. La France est un pays différent des autres, il n'est pas assimilable tout simplement à l'Occident ou aux États-Unis, il a montré, par le passé, avec Jacques Chirac, avec Emmanuel Macron encore au G7 - et je lui suis vraiment reconnaissante d'être dans cette voie-là - que nous avions une voie originale, une identité originale, que nous n'étions pas alignés, que la France était un pays libre qui pouvait parler à tous et qui pouvait continuer de défendre ses valeurs et de défendre un certain équilibre du monde.
Au fond, cette question-là est aussi vitale que la grande question de la démocratie. Emmanuel Macron doit réussir et ce changement doit être durable. Nous devons pérenniser, faire vivre ces démocraties pour que les régimes autoritaires ne se saisissent pas de l'âme de nos concitoyens et nous devons veiller partout dans le monde à ce que la voie de la France libre, indépendante, non alignée, soit respectueuse d'un nouvel équilibre du monde.
Je vous remercie. Je vous embrasse.