UR 2023 : Intervention de Thierry Breton
Retrouvez ci-dessous l'intervention de Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, à l’Université de rentrée 2023.
40 ans, 40 ans, 40 ans de combats communs, 40 ans de valeur partagées de là nous étions, 40 ans d'humanisme. 40 ans d'altruisme. 40 ans à essayer de faire prospérer les valeurs auxquelles vous croyez tous.
Chers amis sénateurs, Hervé, député, Jean Paul, parlementaire européen, Marie-Pierre, Christophe et tous les autres et tous ceux qui sont là, qui donnent leur temps pour l'intérêt général mais aussi pour nos valeurs. Et c'est bien de cela dont je vais vous parler dans le contexte, dans le contexte européen.
Alors évidemment, cette dernière Université d'été, alors il y aura un Congrès, mais avant des échéances très importantes, la prochaine, dans un an, on saura quel est le nouveau Parlement européen et sans doute qui sera, quels seront celles et ceux qui composeront le nouvel exécutif européen.
Donc merci François de m'avoir invité pour précisément parler de ça parce que ce qui se passe devant nous va être très important et on aura plus tellement l'occasion de le faire dans cet environnement et dans ce contexte.
Et moi, je voudrais vous dire d'abord une chose : s'il y a vraiment une famille politique, une famille politique qui sait nouer des partenariats parce qu'elle s'intéresse aux autres, c'est la nôtre. On parle évidemment d'humanisme mais c'est vrai que nous, on sait ce que c'est que de créer des consensus et on travaille en consensus. Et pourquoi on travaille en consensus ? Parce qu'on est fort sur nos convictions. Plus on est fort sur nos convictions, meilleurs on est dans l'établissement de consensus pour aller trouver précisément le cheminement, pour aller de l'avant. Alors évidemment, maintenant, on en a bâti des consensus, croyez-moi. Et nos parlementaires européens le savent. D'abord, eux ils le font. Moi, en tant que commissaire européen, donc l'exécutif, je rappelle que notre exécutif est le fruit d'un consensus de quatre familles politiques le PPE, les sociaux-démocrates, Renew, notre famille européenne et les Verts. Et derrière, il faut se faire entendre, respecter évidemment les positions des uns et des autres, trouver des chemins communs.
Il y a un temps pour tout. Il y a un temps pour l'action politique et c'est ce que j'ai fait. Commissaire européen, c'est exercer une action politique pour porter vos valeurs, nos valeurs au sein de l'exécutif européen. Et c'est ce que j'ai fait dans tous les domaines dont j'ai eu la charge, j’y reviendrai dans un instant parce que je crois qu'il faut parler aussi de ce bilan mais qui est le bilan Renew, qui est le bilan MoDem. Ce bilan, il n'appartient à personne d'autre et par parenthèse puisque nous rentrons désormais dans cette nouvelle phase de notre vie politique, on va être dans notre tunnel pour quelques mois et le moment des consensus, de l'intermédiation est terminé. Il s'agit maintenant de gagner sur nos valeurs et de faire comprendre à nos concitoyens que c'est elles qui nous permettront précisément de faire rayonner nos valeurs et aussi ce que nous sommes, nous Français, au sein de l'exécutif européen.
Donc oui, on n'a pas besoin, on n'a plus besoin d'avoir untel ou untel qui vont venir intermédier. Non, on n'a pas besoin non plus d'avoir un tel ou untel pour dire que notre bilan est tellement solide et tellement fort que nous n'avons pas peur d'affronter le Rassemblement National et les extrêmes. Et on a besoin de personnes pour ce faire.
Notre seul bilan, nos valeurs, notre vision aussi pour l'avenir suffiront. Alors quelques éléments de ce que nous avons fait au cours des quatre dernières années, de ce que j'ai fait en votre nom à tous, au fond, au cours des quatre dernières années, évidemment, en poussant l'agenda du président de la République et notamment le fameux discours de la Sorbonne avec l'autonomie stratégique, mais pas que. Et pas que Marie-Pierre, mais pas que Christophe. On y reviendra. Mais évidemment grâce à l'action gouvernementale, Marc, Jean-Noël et tous les autres, bien sûr, au soutien sans faille, ce qui n'est pas toujours chose courante par les temps qui courent en politique, et du groupe au Sénat, Hervé et du groupe à l'Assemblée. Donc au fond, je voulais juste indiquer qu'en ce qui me concerne, j'ai beaucoup réfléchi à ce qu'on a fait au fond au cours des quatre dernières années et comment l'Europe a basculé.
Et je crois pouvoir vous dire que si je retiens un mot de cette action et de l'action au fond de ce mandat de cinq ans qui va s'achever dans quelques mois. ; c'est l'émergence du concept de la notion d'Europe puissance. Quand je dis Europe puissance, ça ne veut pas dire arrogance, ça ne veut pas dire écraser les autres, ça veut dire prendre conscience que c'est parce que nous sommes tous unis, les 27, 450 millions de concitoyens européens, que nous pouvons d'abord mettre sur pied et bâtir les politiques qui nous protègent, mais aussi qui font qu'on peut se faire entendre dans le monde tel qu'il est. Vous l'avez rappelé admirablement bien, ce monde de bloc, ce monde au fond, où ce qui change de plus en plus, c'est la notion de rapport de force.
Mais qui dit rapport de force veut dire qu'évidemment il faut qu'on soit conscients de nos forces, Europe puissance. Europe puissance je l'ai vécu dans beaucoup de domaines.
D'abord, toutes les politiques que j'ai porté en notre nom, que ce soit dans l'industrie, que ce soit dans le numérique, j'y reviendrai, que ce soit dans la défense ou dans l'espace, Christophe, que ce soit en ce qui concerne la défense de l'État de droit, de nos valeurs, que ce soit dans le fait de pousser une politique africaine, tout ce que nous avons porté, je tiens à le dire, ça a été initié par notre famille politique et au début, combien j'ai eu de retrait dans nos rangs : « Il ne faut pas y aller. Comment Thierry, tu veux parler de nucléaire ? Mais non, non, non, non, on n'a pas le droit de parler de nucléaire à la Commission européenne. » Oui, mais on en a besoin pour la décarbonation. On en a besoin pour le green deal, on en a besoin et pour le pacte vert, on n'en parle plus. Alors, si vous le voulez bien, parlons de l'énergie de transition décarbonée. « Ah oui ça on peut, d'accord ».
Voilà quel a été mon quotidien pendant quatre ans pour faire en sorte que l'on puisse se faire entendre, progresser, évoluer pas à pas et faire émerger cette notion d'Europe puissance. La fin de la naïveté. Le monde change, l'Europe doit s'adapter.
Alors le premier des chocs, parce qu'évidemment on a vécu un nombre de chocs quasiment incalculable l'un après l'autre. Bien sûr, on a tous en tête le choc de la Covid, les vaccins, une Europe au début totalement désorientée. On ne savait plus où on habitait, les frontières, se fermer, confier la responsabilité. Tu t'en souviens, François, de reprendre les choses en main avec tout un esprit aussi d'entrepreneur. Et en l'espace de quelques mois, qui l'eut cru ?
Nous avons réussi à faire en sorte que l'Europe devienne, parce que nous nous sommes unis, l'usine du monde en matière de vaccination notamment ARN messager, personne ne l'aurait cru.
52 usines qu'on a remonté au niveau pour faire face à ces défis. Et puis aussi nos valeurs. Et croyez-moi que je les ai poussées. Non, nous, on ne fait pas ça uniquement pour nos concitoyens, on le fait aussi pour les autres. À un moment où les États-Unis ont fermé leurs frontières avec ce qu'on appelle un « D.P.A » qu'ils interdisaient tout simplement, non seulement l'exportation de vaccins, America First, c'était par parenthèse pas Donald Trump, c'était Joe Biden. On interdisait toutes les chaînes de valeur de fonctionner, plus même si c'était nos usines. Combien de réunions j'ai dû tenir avec la Maison-Blanche pour dire « mais c'est mes usines, Jeff Zients, c'était le US Vaccines et maintenant le directeur de cabinet de Joe Biden. « Jeff c'est mes usines, c'est nos usines européennes
- Ah oui Thierry, mais on a l'interdiction. C'est pour les Américains d'abord.
- Oui, mais c'est nos usines.
- Non, non, c'est comme ça. »
Donc qu'est-ce qu'on a fait ? Europe puissance. J'ai dû convaincre mes collègues du collège qu'il fallait aussi que nous prenions des mesures pour faire en sorte que si on ne mettait pas en place la réciprocité, eh bien, nous aussi on se comporterait de cette façon.
Et devinez quoi ? La semaine d'après, lorsque j'ai annoncé dans mes entretiens hebdomadaires à Jeff que non, je ne pouvais pas envoyer de lipide parce qu’on avait mis en place un outil de réciprocité. Il m'a dit « mais c'est du chantage. » Je lui ai dit « oui, c'est du chantage, mais tu sais très bien ce qu'il t’incombe de faire pour rouvrir les chaînes de valeur.
La semaine d'après, tout refonctionnait rapidement. L'Europe puissance.
L’Europe puissance aussi en ce qui concerne les conséquences. Juste une parenthèse. On a quand même pendant cette période fournis des vaccins à 112 pays de la planète. 112. Tous les pays de l'OTAN ont été vaccinés par nous, tous les pays de l'OTAN. Lorsque je vais en Corée et qu'on me dit quand même les Américains ont été formidables, oui, mais c'est les Européens qui ont fourni les vaccins. Ah d'accord. Pareil au Japon. C'est aussi notre fierté. C'est aussi un peu l'exemple que nous donnons de notre comportement. Mais pour ce faire, Europe puissance aussi. Europe puissance en ce qui concerne l'énergie, quand il a fallu réagir aussi rapidement face à cette guerre terrible voulue par Vladimir Poutine en Ukraine. Évidemment, l'utilisation qu'il fait de toutes nos dépendances pour pouvoir nous affaiblir en les utilisant comme des armes contre notre projet et contre nous.
Europe puissance lorsque, pour accompagner la transition numérique chez Jean-Noël qui nous est si chère, mais aussi la transition verte climatique qui est si importante. On s'est rendu compte que ce n'était pas non plus quelque chose qui était méconnu de tous, eh bien qu'il fallait des semiconducteurs, il fallait des semi-conducteurs en Europe et on est en train de perdre cette course-là.
Très vite, on a mis sur pied ce qu'on appelle le Pacte européen, le « EU chip act ».Ça a été une révolution. Faire en sorte que pour la première fois dans notre histoire, on change les règles de concurrence, on change les règles de politique industrielle pour pouvoir bâtir ensemble un projet global, attirer les entreprises qui voudraient venir produire en Europe.
On était passé de 40 % de production en 2001 à 9 % en 2022, alors qu'on sait que si jamais 50 % de ces semi-conducteurs sont produits, vous le savez tous, dans le détroit de la rivière des Perles et à Taïwan, les frontières sont fermées pour des raisons géopolitiques que tout le monde a en tête. Ce serait quinze jours maximums avant que toutes les usines européennes ferment.
Eh bien, nous l'avons fait, nous l'avons porté. Nous avons réussi à mobiliser 43 milliards d'euros. On a aujourd'hui 100 milliards d'euros de projets, 67 usines et projets aujourd'hui qui sont en construction en Europe. C'est ça aussi l'Europe puissance. Mais l'Europe puissance c’est la même chose en ce qui concerne ce qu'on appelle dans notre jargon la « cleantech », c'est à dire l'équivalent de ce qui est nécessaire pour notre industrie numérique, avec les industries qui sont les industries qui contribuent à la décarbonation.
Parce que bien sûr, c'est vrai et nous en sommes fiers, nous avons réussi à proposer la régulation, les régulations les plus performantes, les plus ambitieuses pour atteindre la décarbonation en 2050. C'est la fierté de l'Europe, bien sûr. Mais comme on le disait avec René Monory, François, la stratégie, c'est bien, l'exécution c'est mieux et maintenant on est dans l'exécution et ce sera dans l'exécution qu'on sera pour les cinq ans qui viennent.
Et c'est la capacité de démontrer qu'on est dans cette exécution juste en ne laissant personne sur le bord de la route, que ce soit nos concitoyens, que ce soit un pays, que ce soit une industrie, que ce soit une PME. C'est ça l'un des objectifs majeurs qui est devant nous désormais. Et pour ce faire, il fallait aussi avoir des nouveaux actes législatifs.
Ça a été l'acte législatif, Christophe, sur les matériaux critiques, on a fait très vite une cartographie 37 matériaux critiques qui sont indispensables, du cobalt au manganèse, en passant par le lithium, les terres rares, le germanium, toutes ces terres rares, tous ces composants qui sont essentiels à notre transition climatique. On en a en Europe, mais on dépend évidemment massivement des autres, en particulier la Chine.
Il est temps, là aussi, de reprendre son destin en main. Nous l'avons fait avec le CRM, le « Critical Raw Materials Act » et y compris en accompagnant par les alliances des filières hydrogène, des filières batteries mais aussi des filières panneaux photovoltaïques. On a vu ce que le laxisme et la naïveté pouvaient nous conduire à laisser faire en Chine 95 % du marché qui est parti là-bas.
Évidemment, les batteries des véhicules électriques et j'en passe et des meilleures, sans oublier l'avion décarboné zéro émission. Tout ça c'est effectivement le comment, c'est bien la politique, mais la politique c'est l'exécution, l'exécution avec nos valeurs, l'exécution, sans oublier personne. C'est aussi se défendre parce qu'évidemment une Europe puissance, c'est une Europe qui sait se défendre par elle-même et qui n'attend pas en permanence je ne sais quel parapluie pour dire qu'il nous protègera à tout jamais.
Je me souviens de cette réunion en janvier 2020, alors que j'ai accompagné Ursula Von der Leyen, elle m'avait demandé de l'accompagner parce que je connais un petit peu les Etats-Unis. Comme tu sais, François, et on avait notre premier rendez-vous avec Donald Trump, président des États-Unis d'Amérique, et il commence la réunion en lui disant, pardon je vais parler en anglais avec un accent texan « you owe me for hundred billions dollars ».
C'était comme ça que la réunion a commencé. Ursula, qui n'a pas exactement le même gabarit que Donald Trump, je l'ai vu encore s'enfoncer dans sa chaise. Il la prenait pour uniquement une Allemande qui aurait caché la mandoline allemande, mais il ne voyait qu'une Allemande et donc l'Allemagne lui devait 400 milliards d'euros parce que l'Allemagne n'avait pas payé sa contribution à l'OTAN et que donc tant que l'Allemagne ne paierait pas, il le dit : « je vais refuser maintenant de soutenir. On va sortir de l'OTAN ». C'était il y a quatre ans, c'était le président des États-Unis d'Amérique. « L’OTAN n'existe plus », dit-il. Ça, c'était il y a quatre ans. J'ai cru comprendre que les prochaines élections américaines, tout était encore ouvert, ne l'oublions pas, ne l'oublions pas. Et donc, pour nous, qu'est-ce que ça veut dire ?
Accélérer, évidemment. Accélérer d'abord la maîtrise de notre outil de défense. On l'a fait avec le Fonds européen de défense, c'est formidable. On contrôle et on maîtrise toutes les technologies de défense en Europe. Dieu, c'est vraiment notre ami ministre Le Drian qui a été un très grand ministre de la défense. Je peux dire ici le très grand ministre des affaires étrangères.
On a tellement bien travaillé ensemble, tellement bien travaillé. Et alors on a aussi François avec Jean-Yves. C'est depuis 80 ans qu'on chemine ensemble. 80 tu le sais. On a donc réussi à bâtir ce fonds européen de défense. On maîtrise toutes les technologies, tous les savoir-faire en défense en Europe. Le problème, c'est qu'il nous faut quatre ans. Souvent, c'est un peu un mal français, mais monsieur le commissaire sait tout faire.
Je sais faire des missiles hypersoniques, je vais faire de futurs sous-marins nucléaires, je sais faire des chars, je sais faire des et des obus téléguidés, je sais faire des avions formidables. Quels délais ? Trois ou quatre ans, mais c'est la meilleure technologie du monde. D'accord, il y a la guerre sur le continent, il y a la guerre sur le continent et donc le sujet maintenant, c'est d'augmenter nos capacités et d'augmenter nos outils, notre outil de production.
Et c'est précisément ce que nous avons fait avec notamment les programmes que l'on a déployés ASA pour en particulier où pour la première fois de notre histoire, on met de l'argent et on a fait voter ça à combien au Parlement européen ? 80 % à 85 %, 90 % du Parlement européen. Bernard qui a soutenu notre proposition Renew, qui était de dire il faut aussi qu'on accélère la base industrielle, la capacité de production de notre outil industriel, tout simplement parce qu'il faut qu'on fournisse effectivement au peuple ukrainien ce dont il a besoin.
On s'est engagé sur 1 million de munitions, une capacité en munitions mais aussi, ne soyons pas naïfs, parce que dans la guerre qui se déroule effectivement, ce sont nos valeurs qui sont en jeu et que le peuple ukrainien défend aussi, ne l'oublions jamais, ne l'oublions jamais dans ce rapport de force là sur le front Est, il y a une chose aussi que la seule, le rapport de force.
Alors, je le dis sincèrement, mon objectif à moi qui suis aussi le commissaire en charge de la défense, c'est qu'on ait une capacité industrielle qui soit égale ou supérieure à celle de la Russie, car c'est la seule chose qu'il comprendra, y compris si un jour nous devions avoir fait un savoir-faire seul face à notre destin. C'est la seule chose et je prends l'engagement devant vous qu'en deux ans ce sera fait.
Et ça, c'est grâce encore une fois au Parlement européen, au Conseil européen et à la capacité de négociation de créer des consensus de votre commissaire et de l'équipe qui l'entoure. Mais l'Europe puissance, c'est aussi la régulation de l'espace informationnel. Jean-Noël Et là, poussée par la France et je tiens à remercier et à saluer l'action de la France et du président de la République sur cette question.
Mais croyez-moi, je m'en suis occupé. Tu le sais que c'est un sujet qui m'intéresse depuis plusieurs décennies, François. Cela a été mon premier travail dès le premier jour et voyez-vous, on a commencé, on s'est dit il y a un marché unique, il est toujours en progression, mais il n'y a pas de marché unique de la donnée du numérique.
Et c'est bien ça notre problème. Il est trop fragmenté. Donc on a mis en place une première régulation qui est une régulation pour enfin dire aux plateformes dans l'espace informationnel ce n'est plus une zone de non droit, vous n'avez plus tous les droits, vous avez une responsabilité, c'est le dessin dans l'espace informationnel. Ce n'est pas parce que vous êtes gros que vous avez tous les droits et en particulier un droit d'éviction ou un droit de monopole.
C'est le débat dans l'espace informationnel, il y a des problèmes de cybersécurité. J'en. Et donc désormais, on fait une cybersécurité par design, on met, on travaille sur un bloc aussi, un cyber bouclier qu'on appelle Cyber Shield pour protéger notre espace informationnel dans l'espace informationnel. On peut créer aussi maintenant des applications extraordinaires, mais aussi les pires avec l'intelligence artificielle.
Et donc on a bâti, on est en train de finaliser, on a encore deux trilogues et ce sera fini. Donc le trilogue qui nous permettra d'avoir la première régulation au monde pas très agressif, basé sur les risques. Et voyez-vous, il faut avoir un peu de prix, des coups dans la vie. On en a pris quelques-uns pour mener ces combats parce que ces combats, j'ai dû les mener contre tout le monde, contre les plateformes, contre les lobbies.
Ils sont 1350 à Bruxelles, contre beaucoup d'États membres contre nos alliés et notamment les États-Unis d'Amérique qui ont tout fait pour qu'on ne le fasse pas. Et on a réussi à le faire. Europe puissance. On a réussi à le faire et là encore, une dernière petite. Une dernière petite anecdote. Il y a quinze jours, le numéro deux du département d'État aux États-Unis vient me voir et elle me dit « Commissaire, on voudrait vous dire merci au nom des États-Unis d'Amérique. » Très bien. « Merci d'avoir mis en place l'ADSL ». Évidemment parce que c'est très important pour l'Europe. C'est très important pour les États-Unis. C'est très important pour le monde. Nos amis américains sont pragmatiques lorsque l'Europe puissance s'affirme dans l'intérêt général, même si au début, c'est chaotique, à la fin, il le reconnaît : L’Europe puissance.
Évidemment, l’Europe puissance avec l'espace, parce qu'on ne peut pas oublier l'espace. L'Espace est une zone contestée, tellement importante avec ce qu'on fait avec Galileo, avec ce qu'on fait avec Copernicus, mais avec ce qu'on a décidé de faire aussi, ce n'était pas prévu au budget. Quand on a lancé Iris, je n'avais pas de budget, on l'a trouvé. On a trouvé un budget pour bâtir la constellation la plus avancée au monde en matière de connectivité, de connectivité, qui nous permet d'avoir des moyens de connexion sécurisée partout en Europe, dans toutes les zones blanches pour les particuliers mais aussi pour les gouvernements, de surveiller l'espace par l'espace et également d'offrir à nos amis africains, parce que c'est des constellations en orbite basse nord sud, d'offrir de la connectivité sur tout le continent africain gratuitement pour faire en sorte que l'Afrique nous rejoigne aussi dans l'espace informationnel. Et c'est mon dernier point que nous ayons enfin une vraie politique africaine non plus État par État, mais continent par continent. Et c'est indispensable. C'est un enjeu majeur de la prochaine commission majeure avoir une politique africaine globale, unifiée de toute l'Union.
On est le premier contributeur en Afrique avec notre programme Global Gateway, le premier de très loin par rapport aux Chinois, par rapport aux Turcs. Je ne parle même pas par rapport aux Russes qui ne font rien que désinformer, mais il faut le faire savoir, il faut accompagner. Ce sera un enjeu majeur pour cette population jeune. Ce sera un enjeu, un enjeu majeur pour le développement.
Ce sera un enjeu majeur aussi pour les migrations et les politiques migratoires, on le sait. Voilà donc, en quelques mots ce que je voulais dire dans notre bilan. En ce qui nous concerne, pour l'avenir, il faut renforcer coûte que coûte cette et inscrire dans le marbre cette autonomie stratégique dont je viens de décrire les contours finalement, autour de ma présentation.
L'inscrire dans le marbre de façon pragmatique, faire en sorte qu'on accompagne la transition verte, faire en sorte que l'on puisse développer ce concept de sécurité économique qui désormais fait partie aussi de nos outils, y compris avec la Chine sans être aligné évidemment avec les États-Unis, on trouvera notre voie. Europe puissance, c'est aussi évidemment renforcer notre rôle d'acteur géopolitique bien sûr, dans le cadre des enjeux que je viens de décrire, mais aussi en ce qui concerne l'élargissement. Parce que, bien entendu, on n'est dupe de rien. On sait parfaitement que, en ce qui concerne le conflit en Ukraine, on se prépare à ce que celui-ci dure, à ce que nous prenions en charge de plus en plus d'importance.
Je rappelle qu'on est à peu près à 80 à 85 milliards d'euros de soutien équivalent, un peu supérieur à celui des États-Unis d'Amérique. Je tiens à le dire parce que je lis souvent l'inverse. Mais au fond, derrière ce qui se passera, c'est que dans les discussions que nous espérons de nos vœux, ce n'est pas la peine de lire des livres d'ex présidents de la République, ce n'est pas la peine. Écoutez plutôt ce que disent vos députés européens. Écoutez plutôt ce que disent vos experts, écoutez ce que dit Bernard. Ce sera plus utile et sans doute plus près de la réalité. Et cette réalité, c'est que seuls les Ukrainiens et les Russes vont décider du moment de la table de négociation et personne d'autre.
Mais il faudra être à leurs côtés en soutien, démontrer qu'on est sérieux et donc peut être aussi accélérer l'intégration de l'Ukraine à l'Europe puisque je vous rappelle que désormais, nous sommes en train de l'étudier avec évidemment derrière, avec évidemment tout ce que ça veut dire sur l'ensemble de l'élargissement et avec ce qui se passe en ce moment même dans les Balkans et notamment occidentaux, qui est un autre foyer sur lequel je vous invite à regarder très attentivement et qui ne me réjouit pas. Vous pouvez vous en être conscient et vous rendre compte.
Voilà ce que je voulais vous dire aujourd'hui, mes chers amis, nous avons un bilan formidable. Il est à votre disposition. On va mettre pour travailler ensemble, pour le mettre en musique. On ne va pas se le faire voler parce qu'il nous appartient, mais on le partage. Mais c'est dans ce sens que cela doit se faire, de renouer le MoDem vers les autres et pas l'inverse.
Parce que je sais parfaitement, moi, qui a fait quoi. Et ça, c'est très important que vous soyez également conscients. Altruisme, on va l'offrir aux autres mais on n’attend rien des autres. On sait que, comme d'habitude, François, c'est ce qu'on a appris depuis maintenant un siècle, le destin, c'est nous qui devons le maîtriser, qu'on n'attend rien des autres, mais parce que nous sommes humanistes, on sait qu'on pourra élargir et donner notre expérience, l'offrir à ceux qui voudront nous rejoindre.
Je vous remercie.