Bruno Millienne : "L'heure est à l'action avec un coup d'accélérateur aux énergies renouvelables !"
Bruno Millienne, Député MoDem des Yvelines, s'est exprimé lors de l'examen du texte accélération de la production d'énergies renouvelables à l'Assemblée nationale.
Nous nous retrouvons aujourd’hui pour étudier l’un des textes les plus importants de cette mandature, et je suis très fier d’être devant vous pour le défendre.
C’est un texte ambitieux et qui prouve la volonté de notre majorité de travailler avec tous ceux qui veulent honnêtement préparer notre pays pour atteindre nos objectifs climatiques.
Les défis sont immenses et notre retard est déjà très important.
Nous n'avons pas le choix et il suffit de rappeler pourquoi. Même si nous consommons moins d’énergies, nous aurons besoin de 60% d’électricité en plus d’ici 2050 par rapport à aujourd’hui.
Parce qu’aussi, le nucléaire ne suffira pas. Faire sortir de terre des centrales nucléaires prend du temps. Beaucoup de temps, et en même temps, 12 réacteurs arriveront en fin de vie en 2035. Nous n’aurons donc pas le temps nécessaire pour satisfaire nos besoins en électricité qu'avec le nucléaire.
Parce que le nucléaire coûte cher, très cher. Près de 52 milliards d’euros pour la construction de 6 EPR2 sur une durée de 25 ans.
Parce qu’un scénario 100% nucléaire se heurterait à la faisabilité technologique et industrielle. Selon la filière elle-même, il existe une forme de plafond de capacité industrielle de 14 réacteurs nouveaux à horizon 2050.
L'heure est donc à l'action en mettant un grand coup d'accélérateur aux projets d'énergies renouvelables en France.
Les 80 premières éoliennes en mer voient à peine le jour en France, alors que 5700 tournent déjà en Europe. L'Europe. Certains nous diront d'ailleurs qu'il s'agit d'une raison à nos maux.
Pourtant, les propositions populistes et europhobes soutenant une sortie de la France du marché européen de l'énergie ne sont pas des solutions viables et soutenables. Nous le savons tous. Je ne me souviens pas avoir entendu cette critique lorsque la France était exportatrice nette.
Sortir de ce marché ne nous permettrait pas plus de garantir notre approvisionnement énergétique. Le réformer, oui. En sortir, non.
Oui, l'unique solution est de produire plus d'énergie sur notre sol. Nous travaillons sur ce texte depuis plusieurs semaines avec tous ceux qui partagent ce constat et qui, comme nous au Groupe Démocrate, souhaitent accélérer nos procédures d'implantation.
Aujourd'hui, il faut 5 ans pour un parc solaire, 7 ans pour un parc éolien, 10 lorsqu'il est en mer, alors que dans les pays scandinaves, il n'en faut pas plus de 3 ans malgré la crise COVID.
Mesdames et messieurs, chers collègues, nous ne pouvons nous y résoudre.
Les sénateurs ont, à ce titre, largement enrichi le texte, pour le voter à la quasi-unanimité, car en effet, pour adapter nos modes de vie au dérèglement climatique et ainsi préserver une qualité de vie à nos enfants, un consensus peut vite être trouvé.
J’en appelle donc ici solennellement à nos collègues républicains : si vous ne voulez pas passer pour des anti-énergies renouvelables, comme vous semblez le craindre, emboîtez le pas à vos collègues du Sénat et construisez ce texte en responsabilité.
Oublions pour un temps sur ce texte, qui engage l’avenir de nos enfants, cette politique spectacle qui abîme tant notre institution.
Je pense notamment aux dispositifs de planification territoriale, enjeu central de ce texte et réacteur de la réussite d’un projet. Si nous considérons que le droit de véto des Maires proposé par les sénateurs n'était pas la solution, nous souhaitons placer les élus locaux au cœur de ce dispositif.
Nous soutiendrons donc la proposition d’une conférence territoriale réunissant Maires et Présidents d’EPCI au sein de laquelle seront arrêtés l’ensemble des zones d’accélération préalablement identifiées par les communes pour implanter ces projets d’énergies renouvelables.
Aucune commune ne pourra se voir imposer une zone qu’elle n’aura pas identifiée préalablement.
Si je dois revenir sur un autre point, je tiens à préciser que notre groupe portera le rétablissement de l’article 4, à savoir la reconnaissance de la raison d’intérêt public majeur pour certains projets d’énergies renouvelables. Nous resterons cependant ouverts bien sûr à une nouvelle rédaction qui permettra peut-être de répondre aux préoccupations de certains tout en respectant les objectifs de ce texte.
Autre enjeu central sur lequel le Groupe Démocrate (MoDem et Indépendants) est particulièrement engagé : l’agri-voltaisme. Nous porterons une définition plus claire et un encadrement plus strict de l’agri-voltaisme pour permettre à la fois le déploiement des énergies renouvelables sur les surfaces agricoles, mais sans menacer la production agricole.
Nous nous assurerons de la non-artificialisation des sols et de l'effective réversibilité des installations agri-voltaïques, en imposant des garanties financières. Nous proposons que ces projets puissent être portés exclusivement par des agriculteurs.
Enfin ce texte doit permettre à chaque citoyen de se saisir de ces enjeux. C’est pourquoi pour saluons et poursuivrons le travail en séance pour diversifier au maximum nos sources de production : méthanisation, géothermie, hydrogène, réseaux de chaleur et de froid, l’accélération partout où cela est possible, mais également l’auto-consommation en simplifiant les démarches pour faciliter les créations de sociétés de projet par exemple.
Il est rare de pouvoir se targuer d’avoir travaillé sur un texte de cette importance : un texte qui marque une inflexion, non pas pour le quinquennat à venir, mais pour des décennies;
Il y a de cela près de 40 ans, nos prédécesseurs ont défini la politique énergétique de notre pays, et nous bénéficions encore aujourd’hui de ses retombées positives. Nous avons la même responsabilité aujourd’hui, c’est non seulement une responsabilité pour nous-même, mais aussi pour nos enfants, pour notre pays et pour l’Europe.
Pensons au bien commun, dépassons nos clivages habituels et votons ce texte.