Ce jour-là : La Toussaint, un jour férié et deux jours de mémoire
En France, comme dans plusieurs pays européens, la Toussaint est un jour férié. Cette journée précède celle des morts, le 2 novembre qui, elle, n'est pas fériée. Traditionnellement, les Français se rendent plutôt au cimetière le 1er novembre. D'origine catholique, la Toussaint est célébrée en l'honneur de tous les saints, connus et inconnus, de l'Église catholique latine.
Des fêtes honorant tous les martyrs existaient dès le IVe siècle dans les Églises orientales le dimanche suivant la Pentecôte. De nos jours, la Communion des églises orthodoxes les célèbrent toujours à cette date.
Le 13 mai 610, le pape Boniface IV consacre, dans le Panthéon de Rome transformé en sanctuaire, la mémoire de tous les martyrs chrétiens. C'est au VIIIe siècle, vers 835, que le pape Grégoire III dédie à tous les saints une chapelle de la Basilique de Rome et ordonne que cette fête soit célébrée dans toute la chrétienté.
Après une éclipse durant la Révolution française, le jour de la Toussaint est restauré par Napoléon et reconnu férié en France depuis le concordat de 1801, qui organise les rapports entre les différentes religions et l'État. Chez les peuples celtiques d'Irlande et de Grande-Bretagne, c'est également à la date du 1er novembre qu'était célébré Samain, fête dédiée aux morts et correspondant au Nouvel an celtique.
L'usage conduit à ce que l'on honore les morts le 1er novembre au lieu du 2 novembre, en déposant des chrysanthèmes sur les tombes. Comment, aujourd’hui, se représente-t-on la mort ? Dans nos sociétés, on semble la tenir de plus en plus à distance, comme si l'on en refusait la matérialité.
Le nombre d'incinérations augmente, celui des enterrements diminue. En 2023, Élodie Jacquier-Laforge, alors députée de l'Isère, a porté une proposition de loi sur l'humusation. Transformer le corps des personnes mortes en compost deviendrait alors une nouvelle pratique funéraire, plus écologique. Les veillées funèbres sont de plus en plus rares, en ville du moins. Cette évolution des pratiques ne signifie pas, naturellement, que l'on pense moins aux défunts et à ce qui nous relie à eux.
Souvenons-nous de la phrase du philosophe Auguste Comte :
Les morts gouvernent les vivants.
La phrase retient l'attention et intrigue. Dans cette chaîne temporelle, les vivants et les morts, les générations, sont étroitement, profondément, reliées les unes aux autres. On œuvre aujourd’hui pour les générations à venir mais aussi sous le regard des générations qui nous précèdent, de nos morts.
A l'époque, Comte forme une conception de la société comme un tout organique, mais également une pensée de la famille comme socle de la société. Une autre phrase du philosophe résonne comme une équation :
Il faut régler le présent d'après l'avenir déduit du passé.
Savoir d'où l'on vient, pour décider où l'on va.