Le 9 mai, la vision de Robert Schuman
Le 9 mai, la journée de l'Europe célèbre la déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950, matrice de l'Union européenne. Chez Schuman, la construction européenne répond à une vision : le bien commun, la concertation, l'opinion publique européenne y sont déjà évoqués.
Avec la déclaration du 9 mai 1950, Robert Schuman (1886-1923) a lancé le premier projet de coopération de l'Europe. D'une "Europe des Lumières", pourrait-on dire.
Pour le MRP - lointain ancêtre du MoDem - de l'époque, les principes répondent bel et bien à des attendus moraux : Fédéralisme, supranationalité, subsidiarité.
Né au Luxembourg, et de nationalité allemande jusqu'en 1918, Robert Schuman a toujours œuvré pour un rapprochement entre la France et l'Allemagne. Il a d'abord adhéré au catholicisme social du IIe Reich et à son parti, le Zentrum. Dès 1942, Schuman le formulait ainsi :
Il faut en finir avec la notion d'ennemi héréditaire et proposer à nos peuples de former une communauté qui sera le fondement, un jour, d'une patrie européenne.
Son action politique, en France, le mène aux Finances, à Matignon, au Quai d'Orsay. Lorsque paraît la Déclaration Schuman, le 9 mai 1950, le texte est né en concertation avec Jean Monnet et l'équipe du Plan, avec qui l'idée de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) a pris forme. Cette initiative inédite lance un processus et pose des principes politiques nouveaux.
Dans la vision de Schuman, les "réalisations concrètes" doivent créer une "solidarité de fait" qui, à son tour, entraînera une "fusion des intérêts essentiels". Cette méthode, dite des petits pas, correspond à la démarche centriste de compromis et de médiation.
Avec, toujours, une vision à long terme. L'inspiration démocrate-chrétienne est perceptible : aimer ses ennemis, travailler à la réconciliation, bâtir du vivre ensemble à partir de différences reconnues.
Et, dès les débuts de la construction européenne, Robert Schuman a mis en garde déjà en octobre 1953 : l'Europe ne peut se faire sans une opinion européenne à former, sans les peuples.
L'unité de l'Europe ne se fera pas principalement par des institutions européennes ; celles-ci ne seront possibles qu'au fur et à mesure du cheminement des esprits. D'où l'importance d'une libre circulation des idées et des hommes entre les pays européens.
Héritiers de la génération des pères fondateurs, nous sommes devenus, à notre tour, des fondateurs. La guerre en Ukraine, les crises économique, démocratique, rendent plus que jamais nécessaires les idéaux originels : la paix et la solidarité.