Ce jour-là : le salon international de l'agriculture, enjeux et avancées

Chaque année, le Salon de l'Agriculture conserve ses rituels et obtient un même succès. Sept grands halls d'exposition, organisés par régions, départements et territoires. Les plus beaux animaux, les meilleurs fromages et charcuteries, les vins, les produits d'excellence font honneur au terroir français. Des jeux, des concours permettent aux visiteurs de participer activement, en goûtant, en échangeant avec les producteurs. Quelques 600 000 visiteurs se pressent pour admirer le travail de nos agriculteurs.
Bien sûr, le Salon s'adresse aux professionnels, pour qui le lieu est un incontournable. Jeudi 27 février, par exemple, le concours général de la race limousine met en valeur les éleveurs de la Creuse, connus pour la qualité et la beauté de leurs vaches.
Mais cette semaine est aussi l'occasion, pour le grand public, de découvrir les métiers de l'agriculture. La popularité du Salon ne se dément pas, les agriculteurs attirant toute la sympathie des citoyens lors des enquêtes d'opinion. Si leur situation matérielle, rude et souvent solitaire, est mieux connue qu'auparavant, il est bon de rappeler à quel point ce travail est exigeant, sans limite de temps : dès l'aube, jusque tard le soir, impliquant l'ensemble de la famille - conjoints et enfants - qui n'est pas toujours rémunéré. On note d'ailleurs que les agriculteurs eux-mêmes ont tendance à parler de leur "vie d'agriculteur" plutôt que d'un "travail", tant ils s'identifient à la terre. Le succès public et critique du beau film Petit paysan d'Hubert Charuel (2017), avec Swann Arlaud (césarisé pour ce rôle), a contribué à faire mieux connaître la détresse de nombre d'agriculteurs.
Lundi 24 février, le Premier ministre François Bayrou a fait remarquer que, pour la première fois, le Premier ministre de la France vient du monde agricole, et a vendu des vaches, glissant dans un sourire une petite appréciation sur la race Béarnaise, revenue à la mode.
Le lendemain, mardi 26 février, c'est le travail et l'implication sans relâche de Marc Fesneau lorsqu'il était ministre de l'Agriculture qui trouvent un aboutissement, avec l'adoption du la loi d'orientation agricole quelques jours avant l'ouverture du Salon. Ce projet de loi ambitieux vise à répondre concrètement aux difficultés criantes des agriculteurs. Une souveraineté alimentaire et agricole est une nécessité pour notre agriculture concurrencée de manière éhontée. Longtemps non traitée, la question de la transmission aux jeunes générations doit être prise à bras le corps. Pour cela, la formation des agriculteurs exige une réelle solidité et une souplesse. A l'heure où la société s'accélère et où un même individu exerce souvent plusieurs métiers différents, la question de l'installation constitue un vrai sujet.
Cultiver une terre, y être lié, parfois sur plusieurs générations, ce rapport au temps a un sens, bien différent du tumulte des grandes villes. Les activités agricoles doivent absolument être davantage sécurisées et simplifiées, pour que cette vocation ne se transforme pas en sacerdoce.
Félicitons-nous de l'adoption de ce projet de loi, qui a su tenir compte des besoins des agriculteurs, en restant au plus près des singularités des situations et des territoires.