Chasse : Marc Fesneau répond à Yannick Jadot dans Le Figaro
Premier vice-président du MoDem, Marc Fesneau est ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement. Chasseur à l’arc, il a répondu à la proposition de Yannick Jadot qui veut interdire la chasse le week-end et lors des vacances dans un entretien au Figaro.
LE FIGARO. - Yannick Jadot souhaite interdire la chasse pendant les vacances scolaires et les week-ends. Comment accueillez-vous sa proposition?
MARC FESNEAU. - Si vous interdisez la chasse pendant ces périodes, expliquez-moi qui va aller chasser en semaine? L’étape d’après, est-ce l’interdire le mercredi? L’objectif de Yannick Jadot est en réalité d’interdire totalement la chasse. Il doit l’assumer et le dire explicitement. Il faut regarder la sociologie des chasseurs par exemple dans un territoire comme le mien à Marchenoir (Loir-et-Cher). Ce sont des actifs, des ouvriers, des commerçants. C’est une chasse populaire, au premier sens du terme. La réduire à quelques jours en semaine, c’est en faire un rendez-vous élitiste. Ne faut-il pas rappeler que la chasse est un droit révolutionnaire, un acquis du tiers état sur la noblesse?
Un accident de chasse a eu lieu ce week-end. Faut-il prendre plus de mesures pour les éviter?
Il y a une trentaine d’années, on comptait 30 à 40 accidents mortels. Nous sommes à moins de 10 par an. C’est encore trop, bien sûr. La question du jour de chasse n’y changera rien. Des efforts considérables sont réalisés par les chasseurs. Ils doivent les poursuivre. Le premier acte de chasse, en cas de doute, c’est de ne pas tirer! Tous le savent.
Désormais tous les dix ans, les chasseurs doivent faire une remise à niveau sur la sécurité et le maniement des armes. On doit apprendre à faire cohabiter en France des gens qui ne pratiquent pas les mêmes activités. Je suis contre la séparation systématique des uns et des autres. Avec sa proposition, Yannick Jadot dresse les Français les uns contre les autres. Ce n’est pas la peine de critiquer les populistes pour finir par les imiter.
Sa proposition est populiste?
À défaut de parler de l’essentiel, Yannick Jadot parle de l’accessoire. Le sapin de Noël, le Tour de France et maintenant la chasse. C’est la théorie du contre. Il a tout fait en quinze jours: interdiction du nucléaire, interdiction de la chasse, interdiction de l’élevage. Il a expliqué que sa première mesure, s’il était élu président, serait de libérer les poules.
Je voudrais plutôt qu’il nous parle du maintien de la biodiversité, sujet qui mobilise aussi les chasseurs, ou encore du maintien des espaces naturels contre l’urbanisation galopante, de la production future de l’hydrogène, de la façon dont on développe les énergies renouvelables sans l’imposer aux Français dans leur territoire… Il devrait plutôt travailler avec les chasseurs que de se priver de citoyens français qui sont toujours prêts à œuvrer pour leur environnement et constituent une force militante que l’on pourrait mobiliser plus fortement encore. Que gagne-t-on à dresser des clôtures entre nous? D’abord entre les chasseurs et les cueilleurs de champignons, demain entre tous les Français? C’est l’exact inverse de notre philosophie.