Colloque sur Jacques Barrot : le verbe, l’action, le legs

Vendredi 6 décembre 2024, dans l’historique salle Colbert de l’Assemblée nationale, le colloque consacré à Jacques Barrot, pour les dix ans de sa disparition, a fait entendre une mémoire bien vivante. Par sa pensée, par son action, par sa personnalité, ce démocrate-chrétien a marqué l’histoire politique et nous a légué des principes éthiques forts.

En ouvrant la journée, François Bayrou a rappelé avec malice que les planètes sont parfois alignées : célébrer Jacques Barrot le lendemain du colloque consacré à Marc Sangnier le 5 décembre à l’Institut Catholique de Paris, l’année des 100 ans de la famille centriste et la veille de la réouverture de Notre-Dame, cela a du sens. D’aucuns parleraient de Providence. François Bayrou, devant Jean-Noël Barrot, a confié :

Il ne s’agit pas de quelqu’un qui est parti, il s’agit d’une figure vivante. Passionnée, insatisfaite, vivante. Je poursuis, au fil du temps, un dialogue silencieux avec lui.

Puis, Alain Juppé a tenu à dire à quel point son ministre du travail (1995-1997) avait été déterminé et consciencieux dans l’élaboration du « Plan Juppé » et des 5 ordonnances Barrot (1996). Son sens de l’écoute, son courage et sa totale loyauté sont des qualités assez rares aujourd’hui pour être rappelées.

La journée, organisée par la Fondation Robert Schuman en partenariat avec la revue France Forum, était partagée en 3 temps égaux : l’élu local / l’élu national / l’élu européen. Parce que, aux yeux de Jacques Barrot lui-même, ces échelons étaient d’égale importance. Jamais il ne s’est éloigné de ses racines, de cette terre de Haute-Loire, « mystérieuse et fidèle ».

Les témoignages de ses collaborateurs, chefs de cabinet, au niveau local comme européen, ont insisté sur l’immense capacité de travail de Jacques Barrot, sur son exigence et ses colères homériques. Mais, avant tout, sur son extraordinaire souci de l’autre. A chacun, il prêtait attention, s’intéressant aux métiers, aux familles, aux entreprises. Déjà à l’époque, Jacques Barrot sentait le risque de décrochage des territoires.

L’historien Christophe Bellon, spécialiste de l’histoire parlementaire, a montré l’incroyable investissement de Jacques Barrot au Parlement : le recueil de ses interventions, questions, est gros de près de 230 pages, là où la moyenne d’un député sur une même période est de 70 pages. Sur les questions de justice sociale, sur la sécurité sociale, sur le logement, la réflexion et l’action du député puis du ministre ont été précises et efficaces : sur le temps de travail, sur l’apprentissage, sur la réforme hospitalière, il n’a cessé de chercher des solutions.

Sa pensée peut être caractérisée comme « un centrisme des crêtes », entre compromis et intransigeance. « Un centriste radical », abonde l’historien Jean Garrigues. Charles Mercier, historien et directeur de France Forum, définit Jacques Barrot comme un démocrate-chrétien, plus à gauche dans le champ religieux et plus à droite dans le champ politique, toujours soucieux d’équilibre, cultivant un idéalisme pragmatique. Sur l’IVG, par exemple, cet homme de foi a défendu la loi Veil au nom de la santé des femmes, en proposant quelques adaptations réglementaires. Au niveau national, au niveau européen, Jacques Barrot s’ingéniait à trouver des solutions négociées et créatives. Il est ainsi l’artisan de Galileo.

En ce 6 décembre, deux jours après la chute du gouvernement, nous constatons que le champ politique s’est spectaculairement éloigné de l’éthique délibérative. Avec amitié, Michel Barnier est venu clore cette journée, soulignant avec esprit à quel point le moment présent requiert de sens de l’écoute et de compromis. « Quelle trace laissons-nous, en politique et pour nos proches ? » lance-t-il. Les qualités de cœur et de courage de Jacques Barrot sont bien héréditaires, reconnaît-il en souriant à son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot : de Noël Barrot, le grand-père député, à Jean-Noël, la ligne de transmission est évidente.

Très émouvant, le discours de Jean-Noël Barrot nous a donné la clef de son engagement : dans un monde bouleversé, fait de crises et de guerres insolubles, comment ne pas se décourager ?

Nous ne sommes pas les fils des ténèbres, lui disait son papa, nous sommes des enfants de lumière.

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