Congrès 2024 : Discours de clôture de Marc Fesneau
Retrouvez le discours de clôture de notre premier vice-président Marc Fesneau lors de notre Congrès 2024.
Seul le prononcé fait foi.
Merci chère Mathilde, je suis très heureux et très fier que tu sois députée, et je te souhaite de le rester le plus longtemps possible ! [Rires]
Madame la Présidente, Chère Yaël,
Mesdames et messieurs les Présidents de partis. Alors je voudrais féliciter Hervé d’être président, comme il l’a fait pour moi, de la fédération UDI du 92 et lui dire le bonheur qu’est le nôtre de l’avoir parmi nous. Et remercier aussi Stéphane d’être là, ça fait 7 ans que nous cheminons ensemble et que nous essayons de trouver un chemin dans les méandres de la vie politique. Je me souviens de nos premières conversations qui ont parfois été un peu difficiles mais je voudrais saluer ta capacité, toujours, à essayer, par le dialogue, de trouver des solutions dans ton parti. Et comme tu es un homme de dialogue, il n’est pas complètement illogique tu sois au poste que tu as aujourd’hui. Je voudrais saluer mes collègues ministres, les autres collègues ministres : Marina, Sarah et Jean-Noël. Saluer ceux qui ont été ministres dans les gouvernements précédents : Geneviève et Philippe, qui n’ont pas ménager leurs efforts !
Je voudrais saluer les parlementaires, au premier rang desquels, mais j’y reviendrai, leur chef : Jean-Paul Matteï ; et les anciens parlementaires, je salue évidemment Patrick, j’y reviendrai aussi tout à l’heure.
Je voudrais saluer les présidents et délégués départementaux, vous tous et toutes militants.
Et je voudrais saluer François, notre président.
Hier, en ouverture de ce congrès, je vous parlais de mes propres racines dans ce département non loin d’ici, dans une ville célèbre, désormais, un village célèbre : la commune de Marchenoir. Et je pense que dans la vie tout court comme dans la vie politique, c’est une chance d’avoir des racines, de savoir d’où l’on vient, de savoir qui l’on est et de porter, même si parfois la charge est lourde, la flamme de ceux qui vous ont précédés. Pour mieux pouvoir la transmettre ou la démultiplier, un jour. Et au fond la démultiplier chaque jour.
Nous avons célébré et revisité ce week-end non pas nos racines terriennes, familiales ou géographiques seulement, mais d’autres racines. Nous avons célébré notre permanence au cours du siècle écoulé et ce qui fait notre identité :
- La constance de nos idées,
- La modernité de nos combats,
- Et la continuité de notre engagement.
C’est ce qui fait, je le crois, la force de notre famille de pensée. Parce que le Mouvement Démocrate, ce n’est pas un épisode fugitif, c’est une permanence. Ce n’est pas une parenthèse, c’est une continuité. Ce n’est pas un combat sur une cause, c’est un combat de toutes les causes, et ce sont tous les combats qui font un projet de société qui met l’Homme au centre de tout. Ce n’est pas la culture de l’immobilité ou celle de la préservation des situations acquises. C’est tout le contraire : c’est un idéal qui vit et qui va, se transforme et perdure. Et nous portons toutes et tous une part de cela. Et dont vous êtes, ici, les infatigables défenseurs de cette cause-là ! Mes racines et nos racines ne sont pas que familiales, personnelles, ou géographiques je le disais. Elles sont aussi ici, parmi vous, au MoDem, au Centre. Alors, je n’ai pas la capacité d’endurance de Jean-Paul, ce n’est pas un demi-siècle mais c’est un peu plus d’un quart de siècle pour ce qui me concerne. Et si j’évoque donc un quart de siècle, c’est que je parle aussi à l’échelle du siècle d’existence du Parti Démocrate Populaire. C’est une grande et belle page que nous avons participé à écrire, pour ma part depuis 1997, et que nous avons, pour beaucoup, menés ensemble. Je veux, en particulier, remercier mes compagnons de route : ceux du national et du Loir-et-Cher, au premier rang duquel Jacqueline Gourault et Marie-Hélène Millet, qui garde son esprit militant intact avec tous ceux qui ont travaillé ces jours-ci avec elle !
1997 donc, une dissolution que l’on peut qualifier de ratée, parce que perçue par les Français comme une manœuvre de confort. Mais c’est pour moi les premiers congrès, ma première participation à des combats électoraux, les premières rencontres. Et je le disais à l’instant avec Jacqueline Gourault ! Avec Jacqueline, j’ai commencé d’une certaine façon par LE combat, celui des valeurs et de l’éthique. Celui de 1998, quand entre les deux tours des élections régionales, une partie de la droite républicaine et, disons-le, une partie de ce qui était notre famille politique à l’époque, se perd dans une compromission indigne avec le Front National. Pour eux, il y avait mille et une raison d’accepter l’inacceptable. Au fond, quand on cherche une excuse, il y en a toujours une bonne. Il y a toujours un bon motif à trouver pour ses lâchetés et pour ses renoncements. Et, dans cette région, c’est Jacqueline qui a dit haut et fort, sans hésitation, avec une clarté absolue que nous n’accepterons pas de nous renier, en nous alliant avec l’extrême droite. C’est cela, cette rencontre et bien d’autres choses avec Jacqueline Gourault et ces convictions affirmées envers et contre tout, et parfois contre tous, le fondement profond de mon engagement ! J’ai acquis dès cette époque une certitude : celle que, dans les moments qui comptent vraiment, et nous y sommes, les démocrates authentiques n’étaient pas si nombreux et ce, quels que soient leurs camps. Que malgré les apparences, il fallait d’abord et avant tout compter sur soi-même. Qu’il ne fallait pas d’abord compter sur les autres, mais les entraîner. C’est notre responsabilité singulière, ici, au MoDem : celle tracer ce sillon ! Et la conviction que je me suis faite en ces instants graves n’a, depuis, jamais varié : les valeurs valent plus que les victoires. Et qu’au fond, défendre des valeurs, c’est cela la vraie victoire ! Et je sais que c’est ce qui nous unit, ce que nous avons de plus précieux, ici, entre nous, dans cette salle, c’est cela ! Nous avons été capables, François, toi, en premier chef, de dire « non » quand l’essentiel était en jeu. Parce que si la victoire électorale est une fin en soi, alors il ne faut pas faire de politique. Parce que si nous menons uniquement les batailles que nous sommes sûrs de gagner, alors il ne faut pas faire de politique. Parce que si nous sommes prêts à ne plus être libres, à renoncer à tout pour « avoir » et ne plus « être », alors il ne faut pas faire de politique. Parce que si nous pensons que le rôle d’un responsable politique, c’est seulement d’humer l’air du temps et de suivre les pentes faciles et les pulsions les plus basses, alors il ne faut pas faire de politique. Et je vais vous dire un secret, c’est inutile surtout parce que, sans aller chercher bien longtemps, des démagogues, des lâches, des populistes, des diviseurs, des aventuriers, des opportunistes, des inutiles, des invertébrés de la pensée politique et des invertébrés tout court, il y en a suffisamment dans la faune politique pour que nous ne venions pas ajouter ! Pour que nous ne venions pas ajouter nos aboiements à la meute, l’inutilité à l’inutilité, et l’indignité à l’indignité ! Et ces gens-là, mes chers amis, ils ne rendent jamais de compte ! Alors, en quelques mots, devant vous je vais leur en demander quelques-uns !
Des comptes, j’en demande à Jean-Luc Mélenchon, qui expliquait, en janvier 2022, lorsque les Russes mobilisaient à leurs frontières : « Qui ne ferait pas la même chose avec un voisin pareil. Pourquoi devrions-nous garantir les frontières physiques de l’Ukraine ? ». Et qui nous disait, à la veille de la guerre que « la menace russe n'existe pas ». Ou qui nous promettait un plan B en 2005 sur le traité constitutionnel ou qui célébrait Chavez. Des comptes, j’en demande aussi à Marine Le Pen, la complice de monsieur Poutine, pour qui monsieur Trump est un modèle, et dont les partisans ont encouragé et se sont réjouis des émeutes du Capitole. Des comptes, j’en demande à Madame Le Pen, l’amie de Boris Johnson, qui jugeait que la « liberté irait mieux aux Britanniques que la prison de l'Union européenne ». Voilà où ils en sont aujourd’hui !
Et, je vais vous dire, ce qui m’inquiète le plus, c’est que je suis maintenant obligé d’en demander au PS et aux LR des comptes. Je ne citerai qu’un seul exemple : celui de la réforme des retraites. Là où j’ai vu une majorité solide, un groupe MoDem solide, j’ai vu le PS refuser l’accélération d’une réforme qu’ils avaient eux-mêmes votée avec Marisol Touraine et j’ai vu les LR refuser de voter pour une mesure inscrite dans leur propre programme présidentiel !
Chers amis, faisons-en sorte de faire de la politique avec enthousiasme, avec sincérité, avec lucidité et courage et je vais oser le mot… avec désintéressement. Ne cédons rien à ces gens-là, ne doutez pas, battez-vous, battons-nous, lancez-vous dans toutes les batailles électorales les plus belles, celles pour nos idées !
Je voudrais partager juste avec vous un souvenir de l’une de ces batailles. François s’en souvient bien, c’était en 2010, la bataille des régionales, j’avais atteint le score formidable de 5,08 %. Lors de la soirée électorale, Stéphane Baudu qui n’est pas là mais Marie-Hélène s’en souvient, je croise Michel Sapin à Orléans lors de la proclamation des résultats et il me regarde, avec une commisération, comment dirais-je, distante, condescendante, moqueuse, que souvant avaient l’UMP et le PS, me demander si j’avais « bon moral ». Et ma réponse l’a un peu décontenancé. Je lui ai dit : « Oh, tu sais, moi j’avais hypothéqué ma maison sans le dire à ma femme… Je dépasse 5 %, je garde ma maison, ça va suffire à faire mon bonheur ce soir ». J’ai vu à sa mine, et je me suis dit qu’il se disait qu’au MoDem, nous avions décidément une définition de la notion de combat qui n’était pas tout à fait la sienne. Je sais d’ailleurs que certains d’entre vous, dans cette salle, pourraient aussi partager des anecdotes de ce type, car c’est ensemble que nous avons mené ces combats pour l’indépendance de notre parti, afin qu’il ne soit le vassal ou qu’il ne dépende d’aucune autre force politique.
De tout cela, nous avons fait une force. Celle, au fond, d’être plutôt sereins face aux avis de tempête, sans crainte de remettre tout en cause parce que nous n’avons pas une âme de bourgeois de la vie politique. Et je nous dis, je vous le dis : gardez cet état d’esprit, parce que vous devez en être fiers, bien sûr, mais aussi parce que les défis devant nous sont colossaux. Dans ces combats, François, tu as été le premier d’entre nous, et je voudrais te dire, en notre nom à tous, notre reconnaissance pour les avoir portés si haut. Tu as su dire non, c’était en 1999, aux compromissions sur les idées, c’était aux européennes. Non, en 2002, pour refuser le parti unique. Non, en 2007 ou en 2012 pour faire valoir ce que nous pensions être juste pour le pays. Et en notre nom à tous, je voudrais vraiment, sincèrement, te dire merci.
Mais, tu le sais comme moi, la vie politique ce n’est pas seulement dire non. La vie politique, c’est aussi la capacité à savoir dire oui. Et c’est le sens de l’alliance que tu as nouée avec Emmanuel Macron en 2017 pour bâtir l’espace central dont la France avait besoin et en être le point d’ancrage.
À tes côtés, François, j’ai été, comme Secrétaire général, comme Président de groupe, l’artisan et le témoin d’une unité et d’une force collective qui s’est forgée dans ces épreuves et qui s’éprouve aujourd’hui dans l’exercice des responsabilités. L’un comme l’autre sont compliqués. Peut-être est-ce plus difficile de gouverner que de commenter, de faire que de dire… mais il y a un honneur à prendre le risque de décider, de vouloir réussir… et parfois d’échouer. De tracer son sillon… plutôt que d’être dans la situation de ceux qui, comme certains supporters, vous savez, du tour de France, dans une ascension du col du Lautaret s’aventurent à dire au cycliste « accélère et avance, feignasse ! »
Mais je voudrais aussi, et peut-être surtout, saluer toutes celles et ceux qui ont été au centre de cette aventure humaine. Je veux penser à Marielle : elle nous manque. Pas seulement au parti, mais aussi à la vie politique française.
Vous me permettrez, je veux penser à ceux à qui l’ont doit beaucoup dans leur engagement pour le parti : je pense à Michel Mercier, à Jean-Jacques Jégou, à Bernard Lehideux, Alexandre Bardella et dont je suis certain que l’honneur sera un jour lavé. Et tous ceux d’ailleurs dans cet épisode qui ont été salis.
Je veux saluer ceux qui, aujourd’hui, font vivre le parti. Et je voudrais d’abord remercier Maud Gatel, notre Secrétaire générale. Je sais ce que c’est, je sais ce que tu vis, et je voudrais te remercier de la capacité que tu as de toujours de dénouer les situations les plus compliquées et à faire vivre cela dans cet esprit collectif, ainsi que l’équipe du siège ! Et puis remercier évidemment pour ce congrès, mais ça je l’ai dit hier, qui est une réussite, c’était d’abord une réussite de vous voir si nombreux et d’avoir ces échanges de cette qualité. Vous pouvez les applaudir, vous avez raison !
Je voudrais saluer celles et ceux qui font corps, et dieu sait s’il y a besoin de faire corps, à l’Assemblée nationale pour faire vivre nos idées et nos valeurs, et de nouveau leur chef Jean-Paul Matteï. Nous sommes au moins 3 ou 4 dans cette salle à savoir ce que c’est d’être le chef d’un groupe politique. Je salue Patrick qui a œuvré avant Jean-Paul. Et je sais comme il est difficile de conjuguer politique, diplomatie, respect de chacune des diversités d’un groupe. Et je voudrais vraiment saluer le travail que tu fais, la force de conviction que tu y mets chaque jour pour faire en sorte que nos valeurs soient défendues à l’Assemblée nationale. Et saluer au passage d’ailleurs ceux qui n’ont pas été réélu, je connais la plupart d’entre vous, pour avoir, d’abord avec François, avec Patrick, et bien d’autres, défendu des investitures. Vous savez, les investitures, c’est le moment le plus sympathique et délicieux de la vie politique. Pour un secrétaire général ou pour un négociateur, mais je suis heureux qu’on ait pu, dans ces négociations, n’est-ce pas Stéphane, faire en sorte que nous trouvions des points d’équilibre qui soient des points de respect entre nos différentes familles politiques. Ce sont parfois des nuits longues et des journées complexes, mais nous y sommes arrivés et c’est bien ça le plus important. Et dire comme frère d’armes, dans de prochains combats électoraux, je reste un militant parmi les militants.
Je voudrais enfin saluer nos jeunes et leur président Auguste Ott qui, ont pris part à ces combats. Et leur dire, et là c’est le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire qui vous parle, vous êtes les graines semées pour le prochain centenaire de notre mouvement. Et que nous comptons sur vous ! Il n’y a pas, ici comme en Europe, de jachère à laisser. Il faut semer partout, travailler partout, batailler pied à terre partout pour que demain, nous redonnions partout de la perspective aux français !
Je voudrais saluer, enfin, celles et ceux qui font vivre le MoDem : vous, fidèles de la première heure, compagnons de routes retrouvés au détour des chemins ou nouveaux venus. Vous êtes, quel que soit le bastion que vous tenez, l’endroit d’où vous venez, les maillons de cette même chaîne de l’unité et du collectif.
Ensemble, forts de ces atouts, nous avons des défis immenses à relever. Le premier d’entre eux, c’est celui de lutter contre la démagogie ambiante. Et je voudrais vous dire un mot du vote sur le CETA qui, cette semaine, a parfaitement illustré la dérive démagogique à laquelle nous assistons. Quelle alliance improbable, cher Hervé, et chers amis sénateurs ! Que les communistes dénoncent la nécessité de faire du commerce, pas seulement pour notre agriculture, mais par principe, pourquoi pas… à la rigueur, ce sont des communistes… Mais que les LR, par facilité, dans un contexte d’élections européennes, nous disent que le libéralisme économique est un poison, qu’il ne faut pas faire du commerce avec des partenaires, avec un pays qui a été un frère d’armes dont nous allons commémorer dans quelques semaines le combat eux, qu’ils ont mené, pour notre vie sur le sol de France, c’est une hérésie ! Ce serait sans doute risible, si tout cela n’était pas mortifère pour notre agriculture, et je leur dis donc : qu’ils assument ! Qu’ils assument, devant nos filières d’excellence, devant nos agriculteurs que nous allons nous priver, que nous pourrions nous priver, de 250 millions d’euros d’échanges sur le lait, sur les fromages ou sur les vins et les spiritueux et sur bien d’autres domaines, ce sont des revenus en moins pour nos agriculteurs qu’ils ont voté ! Et Hervé, je veux te le dire : vous avez eu raison de dénoncer cette mascarade et de porter la voix de la responsabilité et je t’en remercie au nom de tous !
C’est pour cela que nous avons besoin d’un espace central qui refuse de se vautrer dans le confort de la démagogie. Qui refuse de faire de l’inconséquence, une ligne politique. Qui refuse de faire de l’irresponsabilité, un mode de fonctionnement. Qui refuse de faire de la compromission, une ligne de conduite. Ne cédons jamais à la facilité des temps et la facilité de la pensée.
« Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée », disait Péguy, « c'est d'avoir une pensée toute faite ». Et vous me permettrez de le dire à propos des sujets démocratiques. Je pense à ce que j’ai encore lu ces derniers jours sur la proportionnelle. La proportionnelle ce n’est pas une question de calcul électoral, c’est une question de pluralisme et de respiration démocratique ! C’est une question de changement de culture politique, pour sortir des logiques d’affrontements et faire travailler des élus qui ne se vivent pas comme des adversaires, mais comme de potentiels partenaires. Tu l’as très bien dit Yaël et merci à toi, et merci Stéphane pour ce que tu as dit devant nous ce matin ! Et je vais vous dire le dernier point : si vous voulez que les électeurs nous rendent crédibles, c’est quand vous avez annoncé en 2017, confirmé en 2022, que c’était votre programme, le meilleur conseil que je puisse vous donner, le plus crédible, c’est d’appliquer le programme.
Et le second défi, c’est de lutter contre l’esprit de défaite, le dénigrement et le déclassement… Il y a besoin d’un espace central qui se refuse, je vous le disais, à céder face aux coups de boutoir des extrêmes car c’est bien la capitulation intellectuelle et morale des démocrates et des républicains de tous les horizons qui est le ferment du risque d’affaissement vers les extrêmes. Il y a besoin d’un espace central qui, de toutes ses forces, appelle l’ensemble des démocrates et des républicains à faire leur examen de conscience, et nous aussi sans doute, à dépasser leurs différences pour s’unir sur l’essentiel. À leur proposer les voies d’un dialogue pour faire revivre dans l’esprit des Français la conviction que : « non, décidément non, les extrêmes ne défendent pas un projet politique comme les autres ». Mais ce ne sont pas les seulement extrêmes qu’il faut interpeller, c’est aussi et surtout ceux qui ont décidé de renoncer, qui ont décidé de faire primer l’esprit boutiquier sur le collectif, de sacrifier le long terme sur le court terme.
Car, comme le disait Péguy, deux, on aura peut-être trois mais j’aurais presque fini François je te rassure. Mais dans cette région, on ne peut pas ne pas citer Péguy ! « Car il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme, même perverse. C'est d'avoir une âme habituée ».
Et donc nous devons et devrons parler à tous ceux qui n’ont pas renoncé. Parce que nous sommes le point médian de l’échiquier politique, nous pouvons être ce pôle de stabilité et de dialogue. Parce que nous sommes ceux qui peuvent fédérer et rassembler dans cette optique.
Et c’est notre responsabilité, c’est notre devoir, et nous seuls pouvons le faire ! Et cela, mes chers amis, nous ne pouvons y parvenir qu’à certaines conditions. La première, c’est celle de notre unité et de notre solidarité.
Et l’année qui s’ouvre devra être marquée par la volonté réaffirmée de travailler et d’avancer les uns avec les autres, comme avance la tortue romaine : Terrain, mouvements départementaux, élus locaux, parlementaires, ministres : chacun doit être le bouclier de l’autre et devra veiller, dans ses mouvements, à toujours maintenir la cohésion, épaule contre épaule. Et c’est ainsi que nous serons plus forts, au sein de la majorité, mais surtout au-delà !
La deuxième condition, c’est celle de ne jamais craindre, en aucune circonstance ni sous aucun prétexte, de confronter nos idéaux et nos valeurs à l’exercice du pouvoir, à la réalité des temps. Nous pourrions faire partie de ceux qui, comme Charles Péguy l’écrivait, Péguy un jour, Péguy toujours, ont les mains pures, parce qu’ils n’ont plus de mains. Dans mes fonctions de ministre, je les vois si nombreux, ces tenants du « YaKaFoKon », ces détenteurs de solutions toutes faites, ces gens bardés de certitudes, nous dire que nous avons tout faux. Mais soyons fiers de ce que nous avons apporté au MoDem, à la majorité, depuis 2017. Soyons fiers d’avoir été les premiers à tirer la sonnette d’alarme sur la taxe carbone et les gilets jaunes, et à avoir demandé plus d’équité et de renouer le dialogue avec les classes moyennes. Soyons fiers de nous être opposés à la hausse trop forte de la CSG pour les petites retraites. Soyons fiers d’être les tenants de la responsabilité budgétaire, tout en défendant la justice sociale, cher Jean-Paul !
Enfin, la dernière des conditions pour rassembler et élargir l’espace de la majorité, c’est la fidélité à ce que nous sommes, et c’est avant tout une affaire d’attitude. La première des attitudes, c’est de respecter les autres. Ne tombons jamais, et ne laissons jamais, la place aux petites phrases, aux petites vilénies, aux petites jalousies, aux petites querelles qui peuplent la vie politique. Les défis sont suffisamment immenses pour qu’on puisse les dépasser.
La deuxième fidélité, c’est la fidélité à notre indépendance d’esprit, que nous ne confondons pas avec l’isolement. C’est notre liberté de ton, d’esprit et de proposition, et notre conviction qu’il n’y a aucune réconciliation impossible. C’est notre capacité à ouvrir la voie, à tenir la distance et donc à entraîner les autres dans notre sillon. Le sillon, encore, vous le voyez : comme vous, j’ai de la suite dans les idées…
Mes chers amis,
Ces orientations doivent se traduire de manière immédiate dans la perspective, tous l’ont dit, des élections européennes de juin.
Unité et solidarité : je voudrais remercier en notre nom à tous, devant vous, Stéphane Séjourné pour son engagement comme président de la délégation qu’il a eue, son engagement global au niveau national. Je voudrais saluer nos députés européens, dont Marie-Pierre Vedrenne que je n’ai plus sous mes yeux… si, je la vois ! Pour son engagement et aussi le fait qu’elle soit le porte-voix de la délégation française désormais. Et puis je voudrais évidemment saluer Valérie Hayer, pour lui dire que notre mobilisation derrière elle est totale, elle sera totale. Je sais l’importance du combat, ton combat, notre combat pour lequel nous allons démultiplier dans les semaines et les mois qui viennent !
Ouverture aux autres et dans l’attitude, aussi : je voudrais saluer Hervé Marseille une nouvelle fois, qui a dit avec force la nécessité de se rassembler, face à la montée des périls, et en particulier du péril du Rassemblement National. Et l’Europe nous rassemble, nous centristes, depuis longtemps, cher Hervé. Et je sais qu’en y travaillant ensemble, nous pouvons bâtir des ponts sur des sujets autres, tout aussi fondamentaux que le sujet européen. Nous avons besoin que les centristes s’unissent. Je m’y engage dès à présent, et vous pouvez compter sur ma détermination pour le faire.
Enfin, la fidélité à nos valeurs. Nous sommes le courant de pensée qui, de manière invariable, a toujours défendu le sens du projet européen. Nous devons demain continuer d’être des pionniers dans ce domaine et penser une Europe géopolitique, une Europe plus agile, dans un monde qui évolue à toute vitesse. J’en vois la nécessité chaque jour, comme ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Cette volonté de défendre et transformer l’Europe, sans naïveté mais avec ambition, nous devons l’affirmer de manière claire et je voudrais, à cet égard, souligner combien, malgré les commentaires ou les postures, le président de la République a eu raison de s’exprimer ainsi sur le conflit Ukrainien. Parce que poser des limites à un soutien à l’Ukraine, c’est dire à l’agresseur qu’il est libre de mettre en cause tout ce pourquoi nous nous sommes battus depuis 80 ans et, en particulier, notre liberté et, dans ce contexte géopolitique, aussi notre souveraineté. C’est dire que nous ne sommes pas conscients, comme Français, Européens et Occidentaux, de ce qui se joue à nos portes.
C’est accepter la logique de l’oppresseur, de la loi du plus fort et de l’effondrement des règles du droit international, et renier les idéaux que nous défendons.
Poser des principes forts, c’est au contraire adresser un signal de détermination auquel, d’ailleurs, commencent à se joindre d’autres dirigeants internationaux et européens. C’est ce que nous devons faire, comme Européens, comme porteurs d’un idéal de paix et de progrès et comme centristes. Mes chers amis, et c’est cette même détermination de tracer la voie qui doit nous animer, alors qu’après un siècle d’existence du parti centriste, il nous appartient d’écrire une nouvelle page d’histoire. J’y appose, avec vous, dès ce jour, les mots fidélité, mais aussi collectif et ouverture.
Et c’est avec vous, chers amis – militants, sympathisants, élus, engagés, et partenaires – que nous allons, avec fierté, tracer notre sillon pour ce nouveau siècle ! Je vous remercie, et je compte sur vous !