Jean-Noël Barrot : « La diplomatie française, il faut bien que tout le monde en ait conscience, est l'une des plus dures du monde »
Invité des 4 Vérités ce mardi 15 avril, Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a abordé la dégradation des relations avec l’Algérie, la situation en Ukraine ainsi que le conflit au Soudan. Le vice-président du MoDem a insisté sur l’importance de maintenir le dialogue tout en assumant une fermeté diplomatique.
Algérie : « Si les autorités algériennes persistent, nous répondrons avec la plus grande fermeté »
La tension entre la France et l’Algérie s’est brutalement ravivée avec l’expulsion de 12 fonctionnaires français par Alger. Une mesure prise, selon le gouvernement Algérien, en réaction à une procédure judiciaire visant trois ressortissants algériens, actuellement sous enquête en France. Jean-Noël Barrot a tenu à rappeler que cette affaire relève strictement de l’indépendance de la justice française et qu’elle n’a aucun lien avec le dialogue diplomatique engagé récemment.
D'abord, quelle est la situation ? D'une part, il y a le dialogue qu'on a voulu réinitier avec l'Algérie. On a mis tous les sujets sur la table, y compris les plus irritants. Et puis de l'autre, il y a une procédure judiciaire indépendante, une enquête qui vise trois ressortissants algériens qui sont soupçonnés de faits graves sur le territoire national.
« C’est une décision très regrettable, qui ne sera pas sans conséquences », a-t-il prévenu. Et si l’Algérie persiste dans cette voie, la France envisage « des mesures similaires ». Le ministre a assuré que « le contact n’est pas rompu » et que sa responsabilité est de « maintenir le dialogue », tout en avertissant que si Alger « fait le choix de l’escalade, nous répondrons avec la plus grande fermeté ».
Sur la question migratoire, Jean-Noël Barrot a regretté que cette crise vienne compromettre les efforts réalisés, alors que la France avait obtenu des « résultats record » en matière de réadmission d’Algériens en situation irrégulière. Il a aussi tenu à dissocier le sort de l’écrivain Boualem Sansal de cette brouille diplomatique :
Boualem Sansal n’a pas à faire les frais de problèmes entre les gouvernements. J’ose croire, étant donné son état de santé et sa situation, à un geste d’humanité de la part des autorités algériennes.
De manière plus générale, le ministre des Affaires étrangères a tenu à souligner le principe numéro de la diplomatie : « toujours laisser sa chance au dialogue » car c'est ainsi qu'on résout les tensions, tout en fustigeant que ceux « qui vous disent le contraire sont des irresponsables ». Il assume quand même de durcir le ton quand cela est nécessaire, mais appelle à « utiliser la fermeté à bon escient ».
La diplomatie française, il faut bien que tout le monde en ait conscience, est l'une des plus dures du monde.
Ukraine : « Il faut contraindre la Russie à cesser le feu »
La situation sur le front ukrainien demeure dramatique, malgré la proposition de cessez-le-feu acceptée unilatéralement par Kyiv il y a plus d’un mois. Jean-Noël Barrot a dénoncé la poursuite des exactions russes, citant notamment le massacre de Soumy, ville dans laquelle il s’était rendu il y a peu de temps :
Ce massacre du dimanche des Rameaux à Soumy, où je me suis rendu il y a quelques mois, démontre, s'il en était besoin, que la cruauté de Vladimir Poutine n'a pas de limite.
Alors que les efforts diplomatiques américains se poursuivent, le ministre juge qu’« il faut passer à une autre méthode », celle des sanctions. « Il faut contraindre la Russie à cesser le feu en asphyxiant son économie de guerre », a-t-il martelé, appelant à faire preuve de fermeté pour obtenir des résultats.
Et malgré tous les efforts des Américains, malgré toutes les promesses de Vladimir Poutine, la Russie continue ses crimes de guerre et ses agressions.
Soudan : « La crise humanitaire la plus grave du monde »
Enfin, Jean-Noël Barrot a évoqué le conflit au Soudan, qui entre dans sa deuxième année et provoque selon lui « la crise humanitaire la plus grave du monde ». À la veille d’une conférence internationale organisée à Londres, le ministre a réaffirmé l’engagement de la France pour mobiliser la communauté internationale et appeler à un cessez-le-feu.
On en parle moins, et pourtant, ça fait deux ans maintenant que cette guerre a provoqué au Soudan la crise humanitaire la plus grave du monde.
« Nous apporterons un soutien financier à hauteur de 50 millions d’euros », a-t-il annoncé, saluant l’aide humanitaire indispensable pour les millions de déplacés. Il a également appelé les puissances extérieures à « cesser d’alimenter ce conflit ».