Congrès 2024 : Discours de François Bayrou
Retrouvez ci-dessous le discours de François Bayrou lors de la première journée de notre Congrès 2024.
Seul le prononcé fait foi.
Mes chers amis, je m'attendais à ce qu'il y ait des plaisanteries sur le suspens de cette élection, sur le score. S'il n'y avait pas les événements en Russie que nous savons, j'aurais naturellement plaisanté sur l'élection du président russe. Je crois que j'ai fait 1% de mieux que lui !Je suis très heureux de ce résultat parce que c'est un témoignage de confiance, et c'est un témoignage de foi dans notre avenir. Et c'est de ça que je voudrais naturellement vous dire un mot.
Mais la première chose c'est vous dire le bonheur que j'ai à être à Blois, parce que ici, dans le Loir-et-Cher, il y a une partie de notre histoire. On ne remonte pas jusqu'à François Ier, Marc ! Et Henri IV, et tout ce qui est en effet advenu à la suite de cet événement dans lequel le duc de Guise s'est retrouvé plus mort que vivant. Au château de Blois, c'était déjà un extrême. C'était déjà une tentative de s'opposer à la réconciliation, mais elle a été tranchée un peu sommairement. Et quand je dis « tranchée », le verbe n'est pas totalement mal choisi.
Et donc je suis très heureux d'être ici à Blois. Peut-être, si quelques-uns d'entre vous croisent Jacqueline Gourault, vous pourrez lui dire notre amitié, notre affection, notre admiration pour le parcours qui est le sien. Nous nous sommes rencontrés ici, il y a quelques années et nous avons avec Marie-Hélène Millet, qui a tant fait pour l'organisation du Congrès et que je vous demande d'applaudir, nous avons beaucoup bâti, et beaucoup ri aussi ! Et que Marc Fesneau ait été élu aujourd'hui président de la fédération du Loir-et-Cher du Mouvement Démocrate qui occupe les fonctions qu'il occupe, et qu'il soit à mes côtés aussi engagé, aussi important pour notre avenir, ça a évidemment une signification que je veux relever.
Je veux vous dire que, peut-être à l'intention des observateurs qui sont très nombreux dans cette rencontre, c'est un congrès. Pas un meeting. Ici, il n'y aura pas pendant ce weekend, de calico, de drapeau, de slogans et d'applaudissements multipliés. C'est un congrès, c'est-à-dire, dans la tradition de notre famille, un moment où on s'écoute, où on réfléchit ensemble et où on construit ensemble. Vous avez sur la table les contributions qui ont été apportées, très sérieuses, avec beaucoup de soirées passées dans des commissions thématiques que nous appelons les villages, et je veux les saluer, et je vous demande d'applaudir les animateurs des villages.
Cette notion de "village", elle est partie d'une réflexion que j'avais faite autrefois. Au début des campagnes présidentielles, cette réflexion, c'était que dans une circonscription de députés, la mienne à l'époque, avait 92 communes. Il y avait une ville et 91 villages. Et j'avais fait la réflexion que les médecins, les agriculteurs, les chefs d'entreprise, petites et moyennes, tout cela, ça constituait en fait des villages et qu'il était bien que la voix de ces communautés, qui sont si importantes dans notre vision de l'avenir et que Delphine a évoqué tout à l'heure à la tribune, la voix de ces communautés puisse se faire entendre dans le débat. Et donc c'est une mobilisation autour de convictions profondes et d'idées nouvelles. Alors on a la chance de pouvoir célébrer une histoire à laquelle nous sommes - je suis - profondément attachés et dans laquelle nous sommes - et je suis - profondément enracinés. Cette histoire, c'est celle de l'humanisme démocratique, c'est-à-dire de femmes et d'hommes, de familles, qui s'engagent en politique par idéal. Et cet idéal, c'est la construction d'une société, d'un projet de société qui est aujourd'hui tellement indispensable dans le monde effrayant dans lequel nous vivons et dans lequel nous sommes entrés, en vérité, le 24 février 2022, au moment où Poutine a lancé son armée, si puissante, appuyée sur des forces si impressionnantes, sur l'Ukraine qui, c'est le moins que l'on puisse dire, ne demandait rien à personne. Sur l'Ukraine, c'est un pays grand comme la France quand même, et qui n'avait pas, elle, ce niveau d'équipement, d'entraînement. Et dont tout le monde imaginait qu'elle allait être emportée en quelques heures, en quelques jours. Je me souviens encore d'un leader politique, c'est de Jean Luc Mélenchon qu'il s'agit mais il n'était pas tout seul à penser la même chose mais il a dit à la télé : "mais qui peut imaginer que l'Ukraine résiste à l'armée russe ?" Et puis l'Ukraine, par un sursaut héroïque, a résisté. Cet événement-là, dont on aura l'occasion de parler ce weekend, a été un détonateur, et un détonateur pour des explosions en chaîne dont, hélas, nous vérifions chaque jour à quel point elle déstabilise le monde.
Et ça ne nous empêche pas de dire que, précisément, nous avons une pensée bouleversée pour la centaine de jeunes Russes qui ont été tués à Moscou, dans la banlieue de Moscou. Parce que nous ne séparons pas les victimes. Que nous sommes de la même indignation et de la même révolte à l'égard de ceux qui ont été frappés hier soir, comme nous l'étions à l'égard de ceux qui ont été frappés au Bataclan.
Nous sommes réunis ici avec des alliés que nous avons déjà vus, par l'intermédiaire de leurs responsables des jeunes, qui sont les membres de Renaissance, les membres d'Horizons et tous les mouvements européens qui les incarnent. Et ces mouvements alliés, que nous allons voir pendant tout le weekend, ils sont pour nous infiniment précieux et peut-être on peut les applaudir pour leur souhaiter la bienvenue.
Mais nous avons aussi des partenaires dans la société civile, tous ceux qui réfléchissent aux enjeux démocratiques. Et nous en verrons quelques-uns tout à l'heure sur la scène, je fais un clin d'œil à Jean Garrigues qui est là. Nous avons des partenaires dans la vie politique française qui sont parfois en déshérence, en recherche, d'un côté et de l'autre, comme on dit, par exemple, dans les partis du gouvernement qui sont, qui traversent, qui sont moins bien qu'ils n'ont été, mais qui ne sont pas des adversaires pour nous, nous avons des partenaires.
Et puis nous avons des ennemis. Et je voudrais dire qui sont les ennemis : notre ennemi principal, c'est la résignation et le défaitisme. C'est l'idée qu'on se décourage et qu'on ne croit plus en rien. Et cet ennemi-là, il est en effet puissant dans l'état de la société française aujourd'hui. Et cette cet ennemi-là, il sert les autres ennemis, tous ceux qui veulent transformer cette insatisfaction en détestation et en haine. Tous ceux qui veulent trouver dans notre pays, dans notre communauté nationale, dans le peuple qui vit dans notre pays, des boucs émissaires en faisant porter sur eux toute la responsabilité et toutes les difficultés.
C'est pourquoi nous avons dans ce week-end une mission : c'est de porter un projet d'espoir pour la France. J'ai employé le mot espoir et pas le mot espérance. C'est pourtant espérance, le plus joli mot de la langue française. Parce que l'espérance, c'est de tous les temps, et c'est envers et contre tout. C'est pourquoi Péguy, dans cette région, on peut citer son nom, regardait l'espérance dans les 3 vertus : l'espérance, la charité et la foi. Péguy disait : la foi, je comprends parce que c'est tellement évident, il suffit d'ouvrir les yeux sur le monde. La charité, je comprends, faut bien qu'on s'entraide. La seule qui m'étonne, c'est l'espérance. L'espérance, elle est de tous les temps. L'espoir, ce n’est pas la même chose parce que l'espoir c'est concret.
L'espoir, c'est un chemin qu'on définit. C'est un but qu'on se fixe et ce sont des étapes qu'on précise. C'est cela le but de ce Congrès. Quelques projets d'espoir portés vers l'avenir que nous pouvons proposer aujourd'hui à la France, avec nos partenaires, avec nos alliés. Y compris même avec nos concurrents. Mais contre ces ennemis, qui signifie qu'on baisse les bras et qu'on se met à détester les autres. Nous, nous voulons construire et c'est ça la mission et l'ordre du jour du Congrès !
Merci d'être là, merci de votre confiance, merci aux parlementaires qui sont là, députés, sénateurs, parlementaires européens. Merci aux membres du gouvernement actuel, passés et futurs qui sont avec nous. C'est précieux qu'on soit ensemble ! Merci.