Congrès 2024 : Discours de Gabriel Attal, Premier ministre
Retrouvez le discours de Gabriel Attal, Premier ministre, au Congrès 2024 du Mouvement Démocrate.
Merci cher François.
Bonjour à toutes et à tous, je suis très heureux d'être parmi vous ici ce soir parce que pour le Premier ministre que je suis, retrouver le MoDem, ses militants, ses élus, ce n'est pas aller intervenir en périphérie de la majorité. Ce sont des partenaires, comme on dit. C'est se plonger au cœur de la majorité présidentielle. Vous êtes le cœur de la majorité présidentielle. C'est une grande fierté pour moi d'être votre Premier ministre.
Une grande fierté pour moi parce que cette majorité présidentielle, elle a un cap, elle a des valeurs et elle a une ligne directrice. Et ce cap, ces valeurs, cette ligne directrice, doivent beaucoup à l'engagement constant et historique du modem. Notre ligne directrice, c'est bien celle du dépassement politique, de la capacité à échanger avec des personnalités politiques issues de la société civile. Pas forcément d'accord sur tout, mais en tout cas d'accord sur la nécessité d'agir au service du pays et de l'intérêt général. Nos valeurs se sont évidemment celles de notre devise républicaine, la liberté, l'égalité, la fraternité. C'est aussi évidemment les valeurs de l'Europe qui, je le sais, est un élément fondamental de l'engagement au MoDem. Et j'y reviendrai dans un instant, évidemment, que nous aurons besoin de tout l'engagement du MoDem pour ces élections européennes qui sont absolument, absolument majeures.
La ligne du MoDem, son engagement historique, c'est évidemment aussi celui de la responsabilité et notamment de la responsabilité budgétaire qui là aussi est un enjeu absolument majeur, non pas comme une fin en soi, mais comme le moyen d'investir davantage pour le progrès et pour les générations à venir. Et donc le premier message que je veux vous passer ce soir, c'est vraiment un message de remerciement. Merci d'abord à toi François d'être évidemment un pilier majeur de cette majorité, une vigie absolument essentielle des engagements que nous avons pris devant les Français, et des valeurs qui nous tiennent toutes et tous ensemble. Merci d’éclairer comme tu le fais le débat politique national. Merci de nous guider aussi dans la bonne direction pour agir toujours davantage au service des Français. Merci à toi pour ton implication au sein de la majorité.
Je veux évidemment remercier aussi mes ministres et au premier rang desquels mes ministres issus du MoDem. Je vois ici Jean Noël Barrot, Sarah El Haïry, Marina Ferrari, évidemment Marc Fesneau, dont je dois dire que depuis ma nomination à Matignon, je le vois plus que ma famille puisque nous avons été mobilisés ensemble sur un dossier absolument majeur sur lequel je reviendrai dans un instant. Merci Marc pour ton implication au sein du gouvernement. Nous avons de la chance de t'avoir aujourd'hui à la tête du ministère de l'Agriculture. Je le salue également puisque je le vois ici devant moi, Éric Dupont-Moretti, dont je ne savais pas encore qu'il avait rejoint le MoDem, mais il y a des transferts qui se font ! (Rires)
Je veux remercier aussi les parlementaires du MoDem, à l'Assemblée nationale, au Sénat, au Parlement européen. On a de la chance de vous avoir particulièrement investis autour à l'Assemblée nationale de Jean-Paul Mattei qui fait un travail absolument formidable à la tête de ce groupe, je le dis. Là aussi, c'est une chance pour le Premier ministre que je suis d'avoir avec Jean-Paul, avec d'autres, des interlocuteurs d'une très grande confiance, très grande franchise aussi et d'une très grande loyauté au président de la République.
Saluer aussi parce que je sais que ce sont les plus nombreux ici, nos élus locaux, les élus locaux. Je suis l'un des vôtres, je suis conseiller municipal dans ma commune depuis 10 ans maintenant. Je sais l'implication qui est la vôtre au quotidien. Je sais combien vous êtes en première ligne, je sais combien les Français attendent de vous et combien vous vous donnez corps et âme pour les Français. Je sais aussi que dans notre majorité, nous devons notre enracinement, notre connexion avec le terrain et avec les Français, à notre réseau d'élus locaux toujours en capacité de nous faire remonter ce qui va, ce qui ne va pas, et de nous guider dans la bonne direction. Merci, on ne vous le dit pas assez souvent, merci pour votre implication quotidienne.
Alors je vais pas être trop long. D'abord, parce que François me l'a dit en arrivant, ce n'est pas ici un meeting, c'est un moment de travail, c'est un congrès où on réfléchit et j'essaierai dans un instant d'apporter ma pierre à la réflexion. Ensuite, parce que quand on m'a dit que je venais intervenir lors de votre congrès, on m'a dit que je venais le samedi soir et non pas le dimanche matin. Et on m'a dit « alors le samedi soir, c'est pas les discours du dimanche matin de clôture, mais tu vas voir, c'est très sympa parce que le samedi soir c'est l'apéro ». Et donc je comprends qu'il y a un apéro qui nous attend après, et c'est pour moi le plus important de pouvoir échanger très directement avec vous, sans filtre, sans être sur une tribune derrière un pupitre, mais très directement avec vous.
Je veux peut être pour alimenter la réflexion qui est la vôtre, qui vous a conduit à avoir des tables rondes absolument essentielles sur des sujets majeurs, vous dire comment je perçois le moment et la responsabilité qui, je crois, est la nôtre s’agissant de la majorité présidentielle.
Je crois que nous sommes à la croisée des chemins, à la croisée des chemins en France, en Europe et dans le monde. On voit le chemin qui a été parcouru depuis 2017 et l'élection du président de la République grâce à notre majorité. On le voit sur le front de l'emploi, avec un taux de chômage au plus bas depuis 25 ans, un taux de chômage des jeunes au plus bas depuis 40 ans, un taux d'emploi au plus haut depuis qu'il est mesuré. On voit que nous avons inversé la courbe de la désindustrialisation. Il y a enfin davantage d'usines qui rouvrent que d'usines qui ferment dans notre pays, davantage d'emplois industriels qui sont créés que d'emplois industriels qui sont détruits. Ça n'était pas arrivé depuis plusieurs décennies. Nous le devons à l'action de cette majorité et dans le même temps, dans le même temps, oui, on peut applaudir ce bilan économique et social qui est majeur.
Et dans le même temps, on voit que cette baisse inédite du chômage s'accompagne de nouveaux défis, de nouveaux enjeux évidemment, une attente très forte des Français qui travaillent, une attente d'avoir un modèle social davantage tourné vers l'incitation à l'activité quand beaucoup de nos concitoyens, ils nous le disent au quotidien, ont le sentiment de travailler pour financer un modèle qui parfois permet à certains de ne pas travailler. Il faut entendre ce cri des classes moyennes françaises qui attendent de nous une action résolue en la matière. Une attente aussi des jeunes générations pour un nouveau rapport au travail qui tient mieux en compte de leurs aspirations, de leur vie personnelle, de la réorganisation de la société, des mutations de la société.
Nous avons beaucoup agi s'agissant de l'environnement. Nous avons un bilan en la matière et ne laissez jamais personne vous faire la leçon et vous expliquer que d'autres faisaient mieux que nous avant, ça n'est pas vrai. Nous avons agi massivement depuis 2017. Avant l'élection du président de la République en 2017, nos émissions de gaz à effet de serre baissaient d'environ 1% par an en moyenne. Dans le premier quinquennat du président de la République, nous avons doublé le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre. On est passé de 1% à 2% par an. Nous avons continué à agir méthodiquement, pragmatiquement, massivement. Et l'année dernière, nous venons d'avoir les chiffres. Cette semaine, les émissions de gaz à effet de serre en France ont baissé de près de 5% sur une année. C'est inédit dans l'histoire de notre pays. Et nous le devons à notre action. Nous le devons à ce que nous avons construit. C'est une écologie à la française, une écologie qui assume de ne pas chercher à brutaliser les Français, à les punir, à les sanctionner en permanence. On a vu ce que ça donnait au début du précédent quinquennat avec la taxe carbone et le mouvement des gilets jaunes. Non, nous assumons de vouloir investir, accompagner et planifier, cher François. C'est ce que nous avons fait avec la planification écologique et nous avons des résultats. Ne laissez personne vous faire la leçon en la matière, ceux qui sont véritablement efficaces et engagés pour la transition écologique, la lutte contre le réchauffement climatique, c'est notre majorité, c'est le président de la République. C'est nous qui assumons de prendre toutes les décisions, y compris quand elles sont difficiles. J'entends régulièrement les Verts nous faire la leçon en la matière, ceux-là même qui nous ont expliqué pendant des décennies que le combat écolo en France se résumait à des grands projets d'artificialisation des sols contre lesquels il fallait lutter. Ils ont été au gouvernement à l'époque de François Hollande. Est-ce qu'ils ont réglé ces dossiers ? Est-ce qu'ils ont agi pour avancer sur ces questions-là ? Non. Qui a assumé et qui a eu le courage de prendre ses responsabilités ? Pour décider de mettre fin au chantier de Notre-Dame-des-Landes ? Et évidemment que c'était difficile. Europa City dans le Val d'Oise ? La montagne d'or en Guyane ? Ces grands projets d'artificialisation des sols qui étaient dénoncés par les écologistes depuis des décennies ? C’est cette majorité présidentielle et ce président de la République. C'est nous qui avons assumé d'aller plus loin que tous les autres avant nous et que tous les pays européens sur la lutte contre le gaspillage, contre l'utilisation du plastique à usage unique. Nous sommes beaucoup plus efficaces et beaucoup plus ambitieux que ceux qui nous donnent des leçons en la matière.
Nous sommes à la croisée des chemins aussi s'agissant de nos finances. Et je sais combien cet enjeu, évidemment, vous tient à cœur. Il est au cœur de l'engagement de François Bayrou et je le dis ici et nous partageons cette conviction. Le redressement de nos finances publiques, ça n'est pas une fin en soi, c'est un moyen, un moyen qui doit nous permettre d'investir au service des générations futures. On le voit dans le débat public aujourd'hui, il y a ceux qui veulent léguer aux générations futures de la dette, des déficits et donc des impôts supplémentaires. Il y a ceux qui veulent léguer aux générations futures un pays qui a investi massivement dans la transition écologique, pour le renouvellement des services publics, l'école et la santé, pour le redressement évidemment de nos services publics régaliens, notre armée et notre police. Nous sommes dans le 2ème camp, nous sommes dans ceux qui sommes responsables, au service des générations à venir.
Alors, face à ces défis majeurs, face à cette croisée des chemins, je vais vous dire ce que je crois être absolument fondamental pour nous, pour continuer à avancer. D'abord, je crois qu'on doit toujours réaffirmer qui nous sommes. Nous sommes une majorité issue de divers horizons politiques et nous croyons profondément au dépassement politique. Nous devons réaffirmer que le dépassement politique, ça n'est pas la recherche de l'eau tiède. C'est au contraire assumer une radicalité, aller plus loin que la gauche ne l'a été sur certains sujets quand elle était aux responsabilités, aller plus loin que la droite ne l'a été sur certains sujets quand elle était aux responsabilités. Le dépassement politique, ça n'est pas une synthèse molle, ça n'est pas faire du surplace, c'est au contraire assumer d'avancer radicalement sur un certain nombre d'enjeux. Je viens de donner certains exemples.
Oui, nous allons devoir avancer radicalement dans les semaines et les mois qui viennent. Sur la question du travail, nous sommes très attendus par nos concitoyens, nous devrons aller plus loin dans la réforme de notre modèle social. Nous avons un modèle social qui peut être moins coûteux et plus efficace. Inciter davantage à la reprise d'emploi. Nous assumerons d'avancer sur la réforme de l'assurance chômage et dans le même temps, nous assumerons aussi de tenir compte des aspirations des jeunes générations et plus largement des Français dans le renouvellement du rapport au travail. On le voit, beaucoup de français nous le disent. On veut que notre vie personnelle, notre vie familiale, nos projets soient davantage pris en compte et davantage de place dans nos vies à côté du travail. Je ne crois pas du tout que ces Français aspirent au droit, à la paresse ou à une forme de conviction qu'on pourrait ne plus travailler et que la société pourrait fonctionner toute seule sans travail. Je crois que les Français aspirent à davantage de souplesse, davantage de liberté dans leur organisation du travail. Et je le dis ici avec mon gouvernement, l'État sera exemplaire en la matière. Nous assumerons d'ouvrir dans tous les ministères l'expérimentation de la semaine en 4 jours, qui n'est pas la semaine de 4 jours avec réduction du temps de travail, mais qui est tout simplement la possibilité donnée à ceux qui le souhaitent d'arriver un peu plus tôt le matin, de partir un peu plus tard le soir, mais de travailler un jour de moins dans la semaine. C'est aussi la marque de notre majorité d'être capable d'ouvrir de nouveaux droits, nous assumerons. De tenir compte de l'évolution des familles, oui, des familles qui sont divorcées, qui veulent pouvoir travailler différemment. Quelqu'un qui est divorcé, qui a ses enfants un jour sur deux, s'il veut pouvoir travailler deux fois plus quand il n'a pas ses enfants et deux fois moins quand il a ses enfants, si c'est compatible avec les attentes de l'administration ou de l'entreprise, on doit lui donner ce ce droit et on doit lui ouvrir cette possibilité.
Nous nous battrons aussi pour ce beau projet que nous avons porté dans la campagne présidentielle du compte épargne temps universel, ce véritable sac à dos social qui doit permettre à des jeunes générations de travailler davantage s'ils le souhaitent et s'ils en ont le temps, pour pouvoir, à d'autres moments de leur vie, travailler un peu moins, parce qu'ils ont un enfant, parce qu'ils doivent accompagner un proche en perte d'autonomie, parce que tout simplement, ils ont envie de développer des projets à côté de leur travail. Nous sommes la majorité en capacité d'entendre ces nouvelles aspirations sociétales et ce nouveau rapport au travail. Nous ne sommes pas dans les vieilles solutions, les vieux logiciels qui sont souvent avancés à gauche ou à droite. Nous assumons une marque de de fabrique qui est celle du progrès social et sociétal. Ces beaux chantiers, nous les porterons ensemble dans les mois à venir.
De la même manière, nous continuerons à assumer le réinvestissement massif dans nos services publics clés et la transformation de ces services publics. Je prends un exemple ici et vous savez combien il nous tient à cœur, combien il me tient à cœur : l’école de la République. Nous avons assumé de réinvestir massivement pour l'école, avec une revalorisation importante, historique, même si, évidemment, qu'elle se traduisait par une forme de rattrapage de sous-investissement des dernières décennies, mais une revalorisation inédite de nos enseignants.
Nous continuerons à avancer pour répondre à un phénomène que nous voyons partout et en tant qu'élus locaux, vous le voyez, qui est une perte de confiance de beaucoup de familles vis-à-vis de l'école publique et le sentiment qu'elles ont parfois le devoir de se tourner vers l'école privée pour faire réussir leurs enfants. Nous n'accepterons jamais qu'en France, des familles se considèrent obligées de devoir mettre leurs enfants dans l'école privée si elles veulent qu'ils réussissent. C'est à l'école publique qu'on doit toujours pouvoir réussir et s'élever. Et nous continuerons à avancer avec le choc des savoirs pour redonner confiance dans l'école de la République.
Sur la santé, évidemment, nous continuerons aussi à avancer pour permettre aux Français d'accéder davantage aux soins. Nous savons, et vous le savez, vous venez de tous les territoires, combien il est difficile dans beaucoup de territoires de pouvoir se soigner, combien il est difficile de pouvoir trouver un médecin. Nous avons pris des décisions inédites en mettant fin au numerus clausus, en le transformant en numerus apertus au début du précédent mandat. Nous savons que nous aurons davantage de médecins dans les années à venir, ils sont en formation. Je crois que nous devons aller plus loin. Nous devons aller plus loin avec les universités pour qu'elles ouvrent davantage de places de formation en médecine. Je ne me résous pas à ce que nous ayons des jeunes de très grande qualité, qui ont beaucoup travaillé, qui soient condamnés à les faire leurs études de médecine en Roumanie, dans des pays à l'est de l'Europe, pour ensuite revenir en France quand ils peuvent revenir. Nous devons former encore davantage de médecins. Et nous devons continuer, continuer à agir massivement pour libérer du temps médical à nos professionnels de santé au service des Français ; en continuant à déléguer un certain nombre d'actes et de taches des médecins vers d'autres professionnels médicaux ; en continuant aussi à accompagner davantage les médecins. C'est très concret. Nous avons aujourd'hui 6 000 assistants médicaux dans notre pays. Nous passerons à 8 000 cet été, 10 000 à la fin de l'année. Ce sont 2 500 000 consultations médicales en plus pour les Français grâce à l'allégement des contraintes administratives qui pèsent sur les médecins. De la même manière, nous assumerons et là aussi, c'est notre marque de fabrique, nous assumerons de mettre en place à l'été un système pour inciter les Français qui ont un rendez-vous chez le médecin à honorer leur rendez-vous chez le médecin. On ne peut plus accepter qu'il y ait 15 millions de rendez-vous médicaux perdus chaque année parce que des Français ont rendez-vous chez le médecin et n'y vont pas sans prévenir. Quand on a rendez-vous chez le médecin et qu'on ne s'y présente pas, on doit payer. C'est le seul moyen d'inciter les Français à honorer leurs rendez-vous et à libérer des créneaux pour les Français qui en ont besoin.
Enfin, nous assumerons de continuer à agir massivement pour la sécurité et pour l'autorité dans notre pays. Ce qui se joue aujourd'hui et les Français nous le disent, c'est ce sentiment d'impuissance des pouvoirs publics face à la délinquance, face à une perte de civisme. Là aussi, nous n'avons pas de leçon à recevoir. Nous avons créé plus de postes de policiers et de gendarmes que toutes les majorités qui nous ont précédé. Nous avons assumé, cher Éric, d'accroître comme jamais le budget du ministère de la Justice, quasiment 50% de hausse depuis 2017. Mais on le voit, ce qui se joue, c'est la question du respect des droits et devoirs dans la société, du civisme, du respect de l'autorité. L'école, là aussi, a un rôle absolument majeur. Au printemps prochain, nous présenterons avec Éric Dupond-Moretti, avec Gérald Darmanin, avec Nicole Belloubet, nous présenterons des mesures sur cette question de l'autorité et de la justice des mineurs. Les Français ont été très marqués, je le crois, par les émeutes qui se sont tenues il y a près d'un an. Nous devons être capables de répondre à ce qui s'est joué à ce moment-là, être capables de construire des politiques publiques à même de montrer aux plus jeunes ce que sont les droits et devoirs, ce qu'on doit respecter quand on est dans la République. Et évidemment en premier lieu, l'autorité est une valeur absolument fondamentale.
Enfin, nous sommes à la croisée des chemins, et je terminerai par-là, évidemment, en Europe et dans le monde. Ma génération a grandi en considérant que la paix en Europe était un acquis intangible. Et si elle a grandi avec cette conviction, c'est précisément grâce à l'Union européenne qui nous permet de vivre, d'avoir vécu, la période la plus longue en paix sur le continent européen grâce à l'Union européenne. Or, on le voit : la guerre est revenue au cœur de l'Europe, aux portes de l'Union européenne.
Évidemment que le rendez-vous du 9 juin prochain est absolument fondamental. Ce qui se joue le 9 juin, ça n'est pas seulement une question de politique nationale, de rapport de force entre la majorité et ses oppositions. Ça, c'est ce que souhaiteraient les oppositions. Ce qui se joue le 9 juin, ce n'est pas, comme je l'entends parfois dans les oppositions elles-mêmes, une forme de primaire de la présidentielle de 2027 qui permettrait aux différents partis de la Nupes de savoir qui est en position de force pour 2027 et aux différents partis de droite et d'extrême droite de savoir qui est en position de force pour 2027. Ça, c'est ce que pensent les oppositions. Nous, nous avons une conviction : c'est que ce qui se joue le 9 juin prochain, c'est l'Europe, c'est l'Europe et son avenir qui se joue le 9 juin prochain. Et je reprendrai la très belle, le très beau slogan ou la très belle phrase de Jean Louis Bourlanges qui a dit : « l'Europe nous protège. Aujourd'hui, l'Europe a besoin que nous la protégions ». Et c'est ce qui se joue le 9 juin prochain.
Là aussi, nous avons un bilan. Et ne laissez personne, personne, vous faire la leçon en la matière. Depuis 2017, depuis le discours de la Sorbonne du président de la République, l'Europe a fait des pas de géant. On nous disait que c'était impossible d'avoir un mécanisme budgétaire commun en Europe pour investir sur des grands enjeux, sur la transition écologique, pour répondre aux vulnérabilités de l'Europe en termes de souveraineté stratégique sur les semi-conducteurs, sur un certain nombre d'enjeux… Nous avons démontré le contraire avec le président de la République. On nous disait que c'était impossible de parler de défense européenne. Nous avons démontré le contraire avec le président de la République. On nous a dit que c'était impossible de faire plier les géants du numérique. Nous avons démontré le contraire avec le président de la République. Nous avons montré qu'il était possible de faire bouger l'Europe sur des enjeux absolument fondamentaux.
Ce qui se joue le 9 juin, et ce que nous devons montrer d'ici au 9 juin aux Français, c'est que nous n'arriverons pas à répondre à ces grands défis que je viens d'évoquer : le réchauffement climatique, l'émergence des grandes puissances américaines et chinoises, la guerre aux portes de l'Union européenne, l'intelligence artificielle qui va profondément bouleverser notre économie et notre rapport au travail. Qui peut croire que nous arriverons à répondre à ces grands défis en Franco français ? Qui peut croire que nous pourrions répondre à ces défis sans investir au niveau européen, sans peser en Europe face aux grandes puissances et aux géants du numérique ? Personne ne peut y croire. Et je vais vous le dire, je suis convaincu, les Français sont intelligents et ils le savent. À nous d'aller leur dire, à nous d'aller leur rappeler. À nous de leur rappeler que c'est ça qui se joue le 9 juin prochain.
À nous de leur rappeler aussi que ce qui se joue le 9 juin prochain, c'est la capacité des Ukrainiens à continuer à tenir face à l'agression russe. Au moment où je parle de la guerre en Ukraine, je veux évidemment avoir une pensée et dire ma solidarité au peuple russe qui a subi une attaque terroriste atroce revendiquée par l'État islamique hier à Moscou. Je veux apporter, au nom de mon gouvernement, mon soutien aux familles, aux blessés et au peuple russe. Nous n'avons jamais confondu le peuple russe avec ses dirigeants.
Et ce qui se joue le 9 juin prochain, c'est notre capacité à continuer à soutenir les Ukrainiens. Les Ukrainiens résistent de façon héroïque. Souvenez-vous il y a 2 ans au début de la guerre, ce qu'on entendait : du côté du Rassemblement National, il ne fallait pas les soutenir. Du côté de la France Insoumise et de Jean Luc Mélenchon, souvenez-vous de cette phrase : « les Ukrainiens ne tiendront pas deux mois face à la Russie ». Ça fait deux ans que les Ukrainiens tiennent et résistent face à la Russie, qu'ils se battent pour leur liberté et leur souveraineté, mais pour des valeurs qui sont celles qui nous rassemblent : celle de la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes et celle de la souveraineté. Alors que l'offensive russe se durcit, alors qu'il y a des doutes sur la poursuite du soutien américain à l'Ukraine, si l'Europe se désunit le 9 juin prochain, les Ukrainiens auront le plus grand de mal à continuer à tenir et à résister pour être en position de négocier une solution politique à ce conflit. Ce qui se joue donc le 9 juin prochain, c'est notre capacité à continuer à soutenir les Ukrainiens et pour eux à continuer de résister.
Et d'ici là, nous devons aussi rappeler aux Français ce qu'entrainerait une victoire de la Russie en Ukraine. D'abord, ce serait toutes nos valeurs qui seraient qui seraient bafouées. Je les évoquais il y a un instant : la liberté des peuples, la souveraineté. Ce serait finalement un nouvel ordre mondial, celui de la loi du plus fort, celui de la possibilité pour une puissance d'asservir une autre puissance démocratique par la force. Mais cela aurait aussi des conséquences bien concrètes dans la vie des Français. Et ça, je crois que c'est notre responsabilité de leur dire. Parce que la réalité, c'est que cette guerre, évidemment qu'elle a un coût. Évidemment qu'elle entraîne une forme d'insécurité, qu'elle entraîne une inflation que subissent les Français au quotidien. Mais ce coût n'est rien comparé au prix que nous payerions si la Russie devait gagner sur l'Ukraine. La réalité, c'est que si la Russie gagnait sur l'Ukraine, ce serait le premier producteur de blé au niveau mondial qui gagnerait sur le 2e plus grand producteur de blé au niveau mondial. Ce serait une profonde déstabilisation du marché des céréales au niveau mondial, plus forte encore que celle que nous connaissons aujourd'hui, et donc une inflation alimentaire massive que subiraient les Français.
Si la Russie devait gagner sur l'Ukraine, ce serait une déstabilisation énergétique encore plus forte que celle que nous connaissons aujourd'hui. Au total, je le dis, ce serait un cataclysme pour le pouvoir d'achat des Français et des Européens. Si la Russie devait gagner sur l'Ukraine, ce serait l'un des mouvements migratoires les plus vastes que nous aurions connu dans l'histoire de l'Union européenne. Tout ça, il nous faut l'expliquer aux Français, le dire aux Français. La réalité, c'est que défendre les Ukrainiens, défendre la capacité de l'Ukraine à rester une nation qui défend ses frontières, c'est défendre les intérêts des Français et de tous les Européens.
Chers amis, dans cette campagne européenne, n'ayons pas peur d'affirmer notre conviction, d'affirmer une phrase qui, pour certains, a l'air de ressembler à un gros mot : nous sommes pro-européens ! Nous soutenons l'Union européenne. Et dans le même temps que nous soutenons l'Union européenne, nous sommes conscients que nous devons la faire évoluer. C'est ce que nous avons fait avec Marc ces derniers mois sur les questions agricoles. L’Europe a bougé à l'initiative de la France parce que nous nous sommes mobilisés. Nous soutenons l'Union européenne, nous sommes pro-européens et je le dis ici devant vous, j'ai une conviction qui se renforce jour après jour dans cette campagne européenne : je crois que nous avons gagné une bataille idéologique en France. Souvenez-vous, en 2017. À l'extrême gauche comme à l'extrême droite, on avait que le Frexit à la bouche. La sortie de l'Union européenne était un objectif assumé, affirmé dans les programmes politiques et dans les discours politiques. Aujourd'hui, que voit-on ? On voit que ces partis ont toujours un programme qui correspond à une sortie de l'Union européenne. Méthodiquement, ce qu'ils organiseraient, s'ils étaient majoritaires, c'est la sortie de l'Union européenne. Mais aujourd'hui, ils se cachent, ils n'osent plus assumer qu'ils veulent sortir de l'Union européenne, ils démentent vouloir sortir la France de l'Union. Mais quelle victoire idéologique pour nous qui avons toujours affirmé qu'il n'était pas dans l'intérêt de la France de sortir de l'Union européenne ? S'il se cache, s’ils mentent aujourd'hui aux Français en faisant croire qu'ils n'ont pas pour projet de sortir de l'Union européenne, c'est parce que nous avons gagné une bataille idéologique qui est celle de montrer aux Français qu'ils ont besoin d'Europe et un intérêt concret à rester dans l'Union européenne.
Alors nous allons nous battre. Nous allons nous battre dans les semaines et les mois à venir. Nous allons nous battre évidemment pour faire valoir les convictions qui sont les nôtres, faire valoir le projet qui est le nôtre pour l'Europe. Nous allons nous battre pour faire valoir aux Français leur intérêt, l'intérêt qui est le leur, celui d'avoir une Europe forte en capacité de les protéger. Nous allons nous battre pour montrer que la ligne qui est la nôtre, celle du progrès au service des Français, celle du travail au cœur de la société pour financer des progrès pour les Français et le renouvellement des services publics. Nous allons nous battre pour montrer aux Français quelle est la seule ligne qui permet de donner à leurs enfants et à leurs petits enfants à l'avenir. Nous allons nous battre pour la France, nous battre pour l'Europe, nous battre pour nos valeurs, nous battre pour l'Union européenne que nous avons construite. Ils veulent que nous ayons l'Europe honteuse. Nous aurons l'Europe heureuse et quand je vous vois, je le sais, nous aurons l'Europe victorieuse. Je vous remercie.