Daphné Ract-Madoux : "La gravité des émeutes urbaines ne doit être ni ignorée ni minimisée"
Daphné Ract-Madoux, Sénatrice de l'Essonne, s'est exprimée au Sénat lors de la discussion générale du projet de loi de reconstruction des bâtiments dégradés au cours des violences urbaines. Revoir son intervention.
Arpajon, Athis-Mons, Bondoufle, Chilly-Mazarin, Corbeil-Essonnes, Dourdan, Draveil, Épinay-Sous-Sénart, Étampes, Évry-Courcouronnes, Fleury-Mérogis, Gif-sur-Yvette, Grigny, Juvisy-sur-Orge, Les Ulis, Lisses, Massy, Saint-Germain-lès-Corbeil, Saint-Michel-sur-Orge, Sainte-Geneviève-des-Bois, Savigny-sur-Orge, Vigneux ou Viry-Châtillon.
Ceci n'est malheureusement pas un cours de géographie essonnienne, mais la liste non-exhaustive des communes de mon département qui ont été touchées par les émeutes.
Derrière le drame du décès de Nahel Merzouk et la nécessaire enquête qui doit s'en suivre, rien n'excuse les violences, les dégradations et les pillages qui ont eu lieu dans toute la France. Rien n'excuse les dégâts humains, moraux, matériels et financiers. Rien n'excuse enfin les attaques répétées contre des institutions qui sont le ciment de notre République.
J'ai en effet une pensée toute particulière pour les élus locaux et les agents publics sur le pont, jour et nuit, qui ont vu leur Mairie être endommagée comme celle de Dourdan, pour les enfants qui ont vu leurs écoles être saccagées comme celle de Viry-Châtillon, pour les habitants d'Évry-Courcouronnes et leurs maisons de quartiers, et pour l'ensemble de nos concitoyens qui ont vu leurs équipements, leurs services de transports et leurs commerces du quotidien être dégradés et détruits.
Nous avons vu des pompiers encerclés avoir peur, des policiers municipaux assiégés, certains élus être agressés et d'autres éteindre les incendies extincteurs toujours à portée de main dans le coffre.
A l'aune de ces réalités, il nous faut nous poser les bonnes questions et tirer de ces événements tragiques des enseignements pour nos territoires et notre jeunesse.
Il est de notre responsabilité de prendre le temps du débat démocratique, d'échanger avec l'ensemble des acteurs de nos quartiers afin d'éviter tout aveuglement malheureux. La gravité de ces événements ne doit être ni ignorée ni minimisée.
Le coût inédit de ces dégradations, parfaitement mis en lumière par ma collègue Françoise Férat, rendait nécessaire le dépôt rapide d'un projet de loi. Je salue à ce titre le recours aux ordonnances qui, plutôt qu'une rédaction prise dans l'urgence, laissera le temps à l'État de mettre en œuvre un plan adéquat et permettra de consulter largement les représentants des principales victimes.
L'accompagnement de chacun doit être notre priorité. Ce projet de loi répond à cet impératif.
J'appelle de mes voeux une mobilisation forte de notre institution sur cette question, mes chers collègues. Les causes et les conséquences de ce déchaînement de violence dans nos territoires devront être étudiées et questionnées, tout comme le plan de reconstruction. Une mission sénatoriale d'enquête ou d'information me semblerait ainsi tout à fait approprié.
Plus qu'une reconstruction matérielle et financière, certes éminemment nécessaire et urgente, j'espère que notre démocratie transformera la conflictualité brûlante de ces émeutes en un puissant ferment permettant de rebâtir des fondations solides et républicaines dans nos communes, des fondations où le dialogue apaisé trouvera toute sa place et où les symboles de notre République continueront d'être des lieux de rassemblement plutôt que de destruction.