Démocrate Hebdo - Ruralités : territoires d’avenir ? avec Michèle Crouzet et Bernard Delcros
Mercredi 22 février, nous recevions l’ancienne députée de l’Yonne Michèle Crouzet (commission des affaires économiques) et le sénateur du Cantal Bernard Delcros (vice-président de la commission des finances) pour réfléchir ensemble à l’avenir de nos ruralités, dans toutes leurs diversités.
Il n’existe pas une seule ruralité homogène. Comme l’avait préconisé Jacqueline Gourault, alors ministre de la cohésion des Territoires, il est souvent nécessaire de faire du « cousu-main » territoire par territoire. Et pour cela, affirme le sénateur Bernard Delcros, "il faut avoir une vision, un véritable projet de société".
Dans les zones dites d’hyper ruralité, le vieillissement de la population constitue un problème criant. Comment revitaliser nos campagnes, comment les rendre attirantes pour les jeunes ?
Michèle Crouzet et Bernard Delcros ont leurs racines dans leur village natal, la Nièvre pour elle, au pied des montagnes du Cantal pour lui. C’est avec le cœur qu’ils nous parlent de l’avenir de ces campagnes, envers lesquelles l’État a une responsabilité à assumer. Il faut accompagner ces territoires dans leur transition, dans leur réindustrialisation, dans leur adaptation à la révolution numérique.
Que manque-t-il, concrètement, à la campagne ? Du réseau que ce soit Internet en haut débit ou mobile, que les jeunes réclament comme un service indispensable et qui impacte tous les secteurs désormais. Des services essentiels, vitaux, comme la médecine. Les déserts médicaux sont une réalité tragique. L’éducation doit se déployer sur l’ensemble des territoires, pour que chaque enfant puisse trouver sa voie, quel que soit son lieu d’habitation.
Le sénateur Bernard Delcros a effectué des missions gouvernementales sur l’évaluation des programmes « Action cœur de ville », « Petites villes de demain », ainsi que sur les ZRR (Zones de Revitalisation Rurales). Depuis juin 2022, il est également président du Parlement rural français, qui permet de faire dialoguer ensemble différents acteurs de la ruralité
Si le public était présent dans l’amphithéâtre, un zoom nous a permis de dialoguer avec les très nombreuses personnes connectées dans les autres régions, notamment notre ancien député Bruno Duvergé ou encore notre sénatrice Denise Saint-Pé. Les sujets de préoccupations ont été variés : la fracture numérique, les déserts médicaux, la situation des personnes âgées et dépendantes, le lien social à retisser, l’agriculture, l’activité économique.
Un sujet essentiel, Bernard Delcros le souligne, est celui de l’habitat. Dans des campagnes que la période post-Covid a rendu plus attractives, comment construire ? Cécile Gallien revient, à bon escient, sur la question des espaces : bien commun, l’air, la terre, l’eau, nous relient, et l’Etat, les villes doivent être, avec les campagnes, dans une situation de réciprocité. Il faut avoir conscience de tout ce que les zones rurales nous apportent.
Michèle Crouzet souligne à quel point il importe de maintenir du lien social, des campagnes vivantes. C’est le sentiment d’abandon, d’absence de considération qui entraîne, trop souvent, l’attirance de ces citoyens pour la rhétorique séduisante du Rassemblement national. Michèle Crouzet en a fait les frais, malgré un excellent bilan.
Comment restaurer de la confiance au sein des zones rurales ? Il faut que l’Etat prenne la mesure de ce que ces territoires, où près d’un tiers des Français vivent, représentent pour notre pays. Comme le souligne Bernard Delcros :
Le rôle de l'État est de soutenir les initiatives locales, et d'avoir une politique sur la santé, l'éducation, les infrastructures. Bâtir la ruralité de demain implique que l'État soit au rdv pour donner des perspectives aux jeunes.
De son côté, Michèle Crouzet insiste également sur la nécessité que les habitants des ruralités ne tombent pas dans des formes de fatalités, surtout dans les territoires ruraux où la dimension de lien social est essentielle :
Dans la population aussi, chacun à son rôle à jouer pour les ruralités. Il faut sensibiliser la population comme quoi il n'y a pas de fatalité et qu'on doit aussi être acteurs de notre avenir.