Discours de François Bayrou au Campus Renaissance à Bordeaux
Retrouvez ci-dessous le discours de François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, au Campus Renaissance à Bordeaux ce dimanche 8 octobre.
Seul le prononcé fait foi.
C'est une fête ce campus, c'est une occasion annuelle et c'est bien que s'instaurent ainsi des traditions, marquées du plaisir de se retrouver ! Mais il y a des moments où le monde ne nous laisse pas le choix des sujets que nous devons traiter. Et comme Ambroise Méjean l'a dit naturellement, au moment où nous sommes engagés avec le président de la République, avec la Première ministre, chère Élisabeth, dans une action gouvernementale, dans l'application d'un projet pour la France, à ce moment précis, le monde bouge, les continents sont en train d'entrer ou de s'enfoncer dans un tohu-bohu qui nous met en face non seulement de nos responsabilités, mais de nos raisons d'exister.
Ce qui se passe depuis hier matin en Israël, naturellement, pour nous, a la signification première du refus et de la lutte contre le terrorisme, contre les malheurs et les déchaînements dont tant de victimes et tant de familles de victimes sont depuis hier atteintes. Puis, ce qui atteint, c'est l'idée même de l'existence d'Israël et des puissances qui se déchaînent autour de cet État si symbolique du XXᵉ siècle et des 20 siècles et 30 siècles précédents.
Ceci, naturellement, ajoute une vague de plus à la tempête qui s'est déchaînée depuis que M. Poutine a attaqué l'Ukraine portant atteinte au principe même sur lequel s'était fondée la paix européenne et la paix du monde depuis 1945, et qui était le principe de l'intangibilité des frontières. On ne touche pas aux frontières, on ne va pas attaquer les Etats voisins. Les forts n'ont pas le droit d'attaquer les plus petits ou les plus faibles. C'est sur ça que s'est construite la paix du monde et c'est ce que Poutine a décidé de renverser. Et derrière, ces vagues ont eu des conséquences que nous pressentions que nous connaissions avec la remise en cause des circuits de distribution de l'énergie, avec le lancement d'une puissante tempête d'inflation.
Et tout cela, nous en sommes directement les victimes et instantanément, les regards se sont tournés vers la Chine et vers les menaces que Taïwan pourrait ressentir. Et les sociétés, notamment les sociétés occidentales, connaissent et ont connu des déchirements. Je pense à la société américaine. Si quelqu'un dans le monde veut défendre la bipolarisation, je l'invite à aller voir ce qui se passe aux États-Unis et à regarder ce que donnent deux partis, tous tenus, chacun par leur noyau dur et qui déchirent la société, les consciences personnelles et chacune des familles.
C'était une parenthèse pour nous faire plaisir, mais pour faire plaisir à ceux qui, depuis longtemps, comme Ambroise l’a dit, se battent autour de cette idée que la démocratie, c'est le pluralisme. Et ce n'est pas l'affrontement d'un noir et d'un blanc, d'un clan contre un autre clan. Mais le sujet par lequel nous sommes aujourd'hui naturellement mobilisés, c'est cette remise en cause puissante de tout ce qui a fait le développement du monde depuis des années et depuis des décennies.
Alors, devant cette débâcle au sens de ce terme qu'on emploie pour les glaciers, lorsque ils fondent et que tout d'un coup l'ordre n'existe plus. Devant cette débâcle, nous, nous avons des responsabilités sans précédent. Nous avons des responsabilités sans précédent parce que nous sommes les voix ou les représentants ou des voix et des représentants de la France et de l'Europe.
La grande question qui se pose au fond - la grande question à laquelle Emmanuel Macron a apporté une réponse ou un espoir de réponse en 2017 - c'est est-ce que le modèle français a un avenir ou bien est ce qu'il est destiné à s'éroder et à s'effacer comme tant d'intervenants dans le monde, l'affirmaient. Nous, nous pensons que cette société unique, parce qu'elle est fondée sur le principe de la solidarité à tous les âges de la vie, depuis la maternité au système de santé, en passant par l'école maternelle en passant par l'école primaire, le collège, le lycée et jusque à ceux qui s'intéressent au Collège de France.
Éducation entièrement prise en charge, santé entièrement prise en charge, retraite garantie à tous, assurance chômage garantie à tous : ce système qui fait que tous, dans la société française, nous avons décidé d'être solidaires, tous pour un et pas comme les autres pays dans le monde, un système où c'est chacun pour soi, chacun qui paie son éducation, chacun qui paie sa retraite, chacun qui paie sa sécurité sociale ! Et on vous demande votre carte bleue, votre carte de crédit lorsque vous entrez à l'hôpital.
Nous avons construit un système unique dans le monde. Nous, nous croyons et affirmons que ce système a de l'avenir et qu'il est pour nous le principe d'organisation. Et nous devons l'affirmer contre tous ceux de tous les bords et notamment des extrêmes qui plaident pour que ce système soit renversé ou en tout cas suffisamment changé pour qu'on ne le reconnaisse plus.
Et nous avons, pour défendre ce système et dans le moment politique que nous vivons, une certitude, c'est que jamais dans l'histoire et jamais dans le monde, jamais dans l'histoire et jamais dans le monde, les extrêmes n'ont apporté au peuple quelque chose qui ressemble à la sécurité de l'avenir et à la sérénité de l'envie de vivre ensemble.
Et nous savons que pour porter l'idéal français, le projet français, nous n'avons pas d'autre arme que la construction d'une Union européenne solide, inventive, déterminée, qu'il n'existe aucun autre chemin pour un peuple comme le nôtre. Dans le tohu-bohu, dans la tempête du monde, que de faire front ensemble. Et c'est bien ce que nous allons montrer.
Nous sommes les seuls à pouvoir le montrer au moment des élections européennes qui viennent et dans lesquelles nous porterons ce message qui n'a aucun équivalent ! Merci d'être ensemble !