François Bayrou : "Il n'est pas négociable qu'on défende l'ordre républicain !"
François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité de Gilles Bouleau dans le 20h de TF1.
Seul le prononcé fait foi.
Gilles Bouleau : Bonsoir François Bayrou.
François Bayrou : Bonsoir.
Gilles Bouleau : Vous êtes président du MoDem, proche du président de la République. Le Premier ministre, aujourd'hui, a présenté sa démission. Emmanuel Macron lui a demandé de rester. Est-ce que ça peut durer longtemps ?
François Bayrou : Ça durera, votre reportage l’a dit, aussi longtemps que le président de la République n'aura pas pris de décision. Et je pense qu'il observe le paysage comme vous. J'espère que des décisions seront prises. Mais encore une fois, c'est le président de la République et le Premier ministre qui sont maîtres du jeu. Pourquoi ? Parce qu'il n’y a pas de majorité. On est dans une situation dans laquelle il n’y a pas de vainqueur. Il y a des gens qui se proclament vainqueurs, mais il n’y a pas de vainqueur. Cette élection répondait à une question qui était simplissime, « Après le premier tour et l'expression de leur mécontentement, est-ce que les Français voulaient que le Rassemblement national ait la majorité absolue ? ». Vous vous souvenez que c'était la question qui leur avait été posée et ils ont répondu « Non, non, et non ». Et donc cette situation a fait que les forces qui avaient décidé d'être du côté de la résistance à cette dérive ont créé une entente et ont voté les unes pour les autres.
Gilles Bouleau : Vous parlez d'entente Monsieur Bayrou, est-ce qu’avec l'accord du président de la République aujourd'hui, vous êtes déjà en train de tenter de monter une coalition, une entente, appelez ça comme vous voulez ?
François Bayrou : Pour l'instant on n'en est pas du tout là. Par une sorte de déviation de cette élection, un certain nombre de forces prétendent que les Français auraient voulu leur donner la prééminence sur l'autre. C'est ce que le rassemblement de gauche fait.
Gilles Bouleau : Mais, vous aussi, vous dites…si on trouvait une centaine d'alliés ou d'amis de circonstance ?
François Bayrou : Non, ça n'est pas du tout ce que je dis. Je dis que les Français ont envoyé dans cette élection 2 messages. Le premier message c'est « Non, nous ne voulons pas donner la majorité absolue à l'extrême droite » et je suis persuadé qu'ils n'auraient pas voulu non plus donner la majorité à l'extrême gauche. Le 2e message c'est, « Entendez-vous ! Nous vous donnons, nous Français, la mission, l'ordre de vous entendre. Vous vous êtes rassemblés pour nous, pour choisir avec nous le refus de l'extrémisme. Maintenant il va bien falloir que vous sortiez de vos affrontements un peu puérils pour dire la vérité et que vous décidiez de travailler ensemble pour le bien du pays ».
Gilles Bouleau : Mais votre coalition, celle que vous appelez de vos vœux, il y aurait qui dedans ?
François Bayrou : Sur ce point, c’est très simple. Elle va de la gauche hors LFI jusque à la droite, hors Front national, hors Rassemblement national.
Gilles Bouleau : Est-ce qu’il y a des points pour vous négociables ou non-négociables ? Des points de programme qui concernent les Français, les impôts, l'ISF, les retraites...
François Bayrou : Je pense qu'il n'est pas négociable, qu’on défende un ordre républicain, y compris avec des décisions que les Français demandent sur des sujets essentiels. Il n’est pas négociable qu'on choisisse le destin européen de la France parce que c'est le seul moyen d’avoir un niveau de vie et de la croissance pour l'avenir. Il n'est pas négociable, qu’on puisse chercher des institutions qui nous feront mieux vivre ensemble. Et vous savez que je défends depuis longtemps l'idée qu'une proportionnelle permettrait de vivre ensemble au lieu d'être dans le perpétuel affrontement.
Gilles Bouleau : Vous n’avez pas répondu sur le point précis des retraites. Vous pourriez renoncer à cette réforme des retraites ?
François Bayrou : Renoncer, non. Mais amender, corriger, on peut réfléchir. Je m'exprime là à titre strictement personnel. Mais moi je pense qu'on peut réfléchir à des améliorations éventuelles. Mais on ne peut pas accepter l'idée qu'on n'aura pas de réforme des retraites parce qu’il suffit de lire les chiffres pour savoir que ça n'est pas viable ni défendable.
Gilles Bouleau : Merci beaucoup François Bayrou.