François Bayrou, invité d'Anna Cabana sur i24News
François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité d'Anna Cabana sur i24news ce mardi 19 avril à 18h.
Bonsoir François Bayrou.
Bonsoir.
Ravie de vous accueillir sur ce plateau. Il y a une dizaine de jours sur ce plateau une de nos décrypteuses Tristane Banon vous rendait cet hommage. On le regarde ensemble.
« Je trouve que le parcours de cet homme est en tout plein exemplaire. C'est un homme politique qui a été troisième homme, il ne faut pas l'oublier, qui, derrière, a voulu refondre son parti qui était plutôt un parti centre-droite et qui est devenu un parti centre-centre et qui a laissé ses ambitions personnelles, ses ambitions de chef d'État de côté pour, peut-être, se rendre indispensable par ailleurs. »
Est-ce satisfaisant cher François Bayrou de s'être rendu indispensable ?
Franchement, si vous considérez le sens de l'engagement, il n'y a aucun doute pour moi que la réponse est oui.
Ce n'est pas d'être indispensable, on n'est jamais indispensable. Comme l’on dit, les cimetières sont remplis de gens indispensables. Non, c’est de faire se réaliser quelque chose qui était une recherche, peut-être un rêve dont personnes ne croyaient qu'il était possible.
Nous, oui, nous étions une petite poignée.
Vous, les centristes, l'UDF, le MoDem.
Oui, une petite poignée qui m'a suivi et qui a cru avec moi à cette utopie pour eux, mais qui était en réalité un diagnostic absolument juste. Nous avions vu très tôt que les deux tours jumelles autour desquelles s'organisait la vie politique française, le PS d'un côté et LR de l'autre, étaient vidées de l'intérieur.
Et qu’elles allaient s'effondrer.
J’avais vu cela très tôt, on en a parlé souvent dans ces époques-là.
C'était pour moi une certitude parce que, quand vous n'avez plus rien à croire, comme parti politique vous ne pouvez pas exister. Un parti politique, c'est un ensemble, une organisation, une amitié, cela compte énormément, qui croit quelque chose en commun et, le jour où ces deux mastodontes qui avaient tous les deux des talons d’Achille, ont cessé de croire, et de croire ensemble, je savais, moi, que leur destin était scellé.
Comment vous avez su que cela allait se cristalliser sur la personne d’Emmanuel Macron ?
C’était simple. Au début, Emmanuel Macron, quand il est arrivé, j'ai vu cela d'un œil un peu suspicieux, on avait construit une aventure politique, je dis souvent on avait planté la vigne, préparé le sol, défriché, tailler la vigne, laisser grandir la vigne et voilà que quelqu'un que vous ne connaissez pas, un jeune aventurier semblait-il, arrive et va vendanger votre vigne. Mais je me suis dit, et pour des raisons qui étaient extrêmement précises que je vais vous rappeler en une phrase, que ce n'était pas le plus important le fait de se retrouver à devoir tendre la main et, au fond, que cette aventure soit portée à son terme par quelqu'un d'autre.
Pour une raison précise, comme vous vous souvenez, j'avais été assez près du deuxième tour en 2007, très près même, comme Tristane Banon le rappelait et, simplement, on a failli gagner parce que Michel Rocard a failli basculer et nous rejoindre, et puis il ne l'a pas fait.
Et donc, vous, vous l’avez fait pour être le Michel Rocard qui vous a manqué ?
Non, je l'ai fait pour être ce cohérent avec ma vie, car, quand on donne sa vie à quelque chose, on doit considérer que l'idéal pour lequel on se bat est plus important que l'avantage personnel ou que la satisfaction personnelle ou qu'enfin quoi ce soit de personnel.
Comment vous avez fait pour qu’Emmanuel Macron au fond ait de la reconnaissance pour vous pendant des années ?
En fait, vous êtes aujourd'hui encore un de ceux qui arrivent à lui parler.
Je ne suis pas sûr que l'on soit limité à la reconnaissance.
Cela peut s'appeler de l'amitié, de l'affection, tout ce que vous voulez.
Je vais vous dire un secret. Très souvent, dans la relation que nous avons avec le Président de la République, il y a une phrase qui revient parce qu'il me dit merci d'avoir fait ceci ou cela et je lui dis : il n'y a pas de merci entre nous parce que ce n'est pas un service de François Bayrou à Emmanuel Macron.
Il n'y a rien de tout cela.
C'est quoi ?
C'est une aventure partagée, c'est un combat partagé.
Très souvent on me dit : quelle est votre relation avec lui ? Est-ce paternel ? Je ris parce que, et vous allez sourire aussi, pendant très longtemps, on m’a dit, « avec Giscard, vous avez une relation filiale ». J'ai dit : Je n'ai pas besoin de relations filiales avec le président Giscard d'Estaing parce que j'avais un père formidable » qui est parti hélas très tôt et quand on me dit : « est-ce paternel avec lui ? » Je dis « non parce que j'ai des fils formidables je n'ai pas besoin de substitut ».
Mais c'est une amitié de combattants qui savent ce qu'il faut traverser pour exercer ces responsabilités, qui sont capables de décrypter les enjeux et de traduire pour leurs concitoyens quelque chose qui ressemble à une espérance.
C'est exactement cela le sujet.
Quels conseils vous lui avez donnés pour le débat de demain soir ?
Je n'ai aucune mémoire quand il s'agit de nos conversations. C'est une amnésie bizarre mais quand il s'agit de mes conversations avec lui, aucune mémoire.
Est-ce que vous faites partie de ceux qui considèrent que le sujet de Marine Le Pen, c’est la crédibilité et son sujet à lui c'est l'arrogance ? C’est cela que l’on l'entend partout.
Je sais bien que cela se dit tout le temps ou souvent.
Partout.
Mais un peu moins aujourd'hui parce qu'il est allé au contact direct se faire engueuler par des gens.
Je vais vous dire, et si ce n'était pas vrai je vous dirais le contraire, je ne l’ai jamais vu arrogant, spécialement pas avec les gens du bas de la pyramide, ceux qui ont le pied dans le réel.
Ceux qui travaillent…
Vous ne l'avez jamais vu arrogant. Même quand on lui fait ce reproche vous trouvez qu'il ne l'est pas, ce reproche vous paraît infondé ?
Oui.
Vous l’aimez vraiment beaucoup.
C'est un témoignage personnel. Ce n'est pas en termes d'affection.
Cela peut être aussi.
J'ai de l'affection pour lui, mais il n'est pas vrai que, moi en tout cas et qui suis assez sensible à cela parce que vous savez les milieux d'où je viens et que je représente, et ce n'est pas les milieux privilégiés, assez loin d'être des milieux privilégiés, je n'ai jamais ressenti cela.
J'ai passé des heures et des heures dans des endroits absolument improbables sans aucune caméra de télévision où je me souviens de soirées à la belle étoile en été avec des bergers, des maires de toutes petites communes.
C'était tellement naturel et tellement fluide.
Qu'est-ce il va falloir qu'il montre demain ?
Il faut qu'il montre le caractère crucial du choix entre les deux projets, entre les deux personnalités, le caractère, excusez-moi, vital, vital, du choix que la France doit faire.
Ce choix-là, il est probablement le plus brûlant que jamais un deuxième tour d'élection présidentielle n'ait offert.
Pourquoi vous dites plus que jamais ?
Je voudrais juste faire une comparaison avec 2002. Elle n’est pas terrible cette comparaison car le 1er mai 2002, vous vous en souvenez, on était à 4 jours de ce deuxième tour, Jean-Marie Le Pen-Jacques Chirac, il y avait deux millions de Français dans la rue, une mobilisation incroyable et, là, maintenant c'est comme si le levier était cassé.
C'est exactement pour cela que je vous dis que jamais le choix n’a été aussi crucial.
Jamais dans l'histoire, on ne s'est trouvé aussi près, et de manière aussi éclatante, car maintenant on voit. Hélas, le drame ukrainien fait que l'on voit très bien les menaces qui pèsent sur l'Europe, on voit très bien ce que Poutine porte et on n'oublie pas que Madame Le Pen, tout le temps, a dit : « Ma politique, c’est Trump et Poutine ».
Oui sauf que l’on a tout de même tendance à l'oublier un peu. En tout cas certains Français et beaucoup même, beaucoup doutent du danger que représenterait véritablement Marine Le Pen pour la démocratie.
Je ne sais pas si vous avez écouté Michel Onfray ce matin sur BFM TV. On va l’écouter ensemble.
« Elle a quand même beaucoup changé, il me semble. Je trouve étonnant que l'on puisse faire porter les péchés du père sur la fille du père sur la fille. Je pense qu'il y a une espèce d’extra territorialité. Tous les partis politiques ont changé, sauf lui celui de Marine Le Pen.
Marine Le Pen a quand même dit que la Shoah, c'était la grande catastrophe du XXème siècle, ce n'est pas la même chose que le père qui parlait du four crématoire, du détail, qui parlait même de la fournée en parlant de Patrick Bruel.
J'écoute ce que les gens disent et je regarde ce qu'ils font, je me dis que l'on n'est pas sur les mêmes terrains. »
On n'est pas sur les mêmes terrains, François Bayrou, quand on écoute Michel Onfray ?
Cela nous énerve ?
Pas du tout. Pendant longtemps j'ai écouté Michel Onfray et je trouvais que c’était pas mal, mais qu'un philosophe, ou se présentant comme tel, soit capable de dire que ce n'est pas du tout la même chose, alors que vous vous trouvez dans une situation où vous avez, pour la première fois dans l'histoire depuis trois-quarts de siècle ou depuis 80 ans, l'agression délibérée d'un pays puissamment armé contre son voisin qui n'avait jamais présenté ni la moindre menace ni le moindre accroc ni la moindre phrase, rien, comment est-ce possible d'être aveugle à ce point ?
Quand Marine Le Pen dit récemment, le 31 mars je crois, il faudra que Poutine soit notre allié et, quand elle esquisse l'idée qu'il faut sortir du commandement de l'OTAN pour se rapprocher de Poutine, alors de quoi un philosophe peut-il considérer qu'il n'y a eu sur ce point évolution favorable, évolution positive ?
Alors disons que je ne suis pas du tout philosophe, mais qu'en tout cas, je crois que l'on devrait tous savoir repérer les signes de ce qui est le plus dangereux pour un ensemble démocratique comme le nôtre, pour un pays démocratique comme le nôtre et pour un ensemble démocratique comme le nôtre.
Cet entre-deux tour consacre le succès du troisième homme de cette élection.
Il sera d'ailleurs en majesté tout à l'heure sur BFM TV, il n'a pas pris la parole depuis le soir du premier tour. Je veux bien sûr parler de Jean-Luc Mélenchon. Ce qui est frappant c'est que comme Marine Le Pen, comme Emmanuel Macron, ils font mouvement pour essayer de séduire ses électeurs notamment, sur le voile, vous les avez entendus l'un comme l'autre ; Marine Le Pen a dit qu'elle ciblait l'uniforme islamiste, mais sans viser celles qui le portaient, Emmanuel Macron a fait carrément une opération séduction devant une femme voilée féministe la semaine dernière à Strasbourg. Au fond c’est une forme de danse des 7 voiles.
Est-ce que cela ne vous inquiète pas ?
C'est une blague ?
Qu’est-ce qui est une blague ?
Marine Le Pen il y a 5 jours, je crois que c’était chez Apolline de Malherbe, a dit textuellement que l'interdiction de ce qu'elle appelle le voile, ce n'est pas un voile, c'est un foulard, cela n’a rien à voir. Le voile est interdit en France depuis presque 20 ans, elle dit : « c'est absolument essentiel ».
Je crois que c'est l'adjectif qu'elle a utilisé.
Et ensuite elle rétropédale.
Non, cela, c'était il y a 5 jours. Je ne peux pas considérer qu'il y ait des rétropédalages si, dans une émission de grande écoute, elle dit cela.
Ensuite elle a dit il ne fallait pas être obtus sur ce sujet, elle a dit cela devant des micros samedi ou dimanche.
On voit qu’il y a des mouvements en tout cas.
Je n'excuse pas l'intention initiale parce qu'il y a des rétropédalages.
Encore une fois, c'est une question de civilisation.
Cela veut dire que Mélenchon est au cœur de cet entre-deux tour.
Moi, je ne crois pas
Vous ne croyez pas cela ?
Je ne crois pas à la segmentation de l'électorat. Je crois que l'on s'adresse aux Français dans leur ensemble.
Ce n'est pas aux mélenchonistes ?
Beaucoup d'électeurs ont voté Mélenchon et dans un élan remarquable les derniers jours beaucoup d'électeurs ont voté Mélenchon parce qu’ils estimaient que c'était le seul moyen d'avoir une présence de gauche avec des guillemets comme l'on dit dans cette élection et peut-être au deuxième tour de l'élection.
Donc, simplement, toute opération séduction ne me paraît pas, au moins efficace, je pense qu'il faut s'adresser aux citoyens.
Est-ce que, cela, vous le dites à Emmanuel Macron, car, lui, les opérations séduction, on le voit, il en fait.
Je ne sais pas ce que je dis au Président de la république, j'ai une amnésie.
Car, des opérations séduction, notamment à l’intention des écolos, il en fait Emmanuel Macron. Il y a consacré carrément l'intégralité de son discours samedi à Marseille.
Ce n'est pas la même chose. L'écologie, ce n'est pas les écolos.
Il n'a jamais été tête aussi écolo que samedi dernier.
Il a tout de même fait beaucoup de choses sur ce sujet. Les écolos, comme vous dites, c'est un courant d'opinion, l'écologie c'est un grand problème pour le monde, pour beaucoup de consciences. Le choix qui a été fait sur l'énergie, de produire de l'électricité sans émettre de carbone, ce n'est pas un choix pour les écolos, d'ailleurs je ne suis pas sûr que cela les aurait attirés.
Cela peut attirer quelques électeurs de Mélenchon qui ne se trouvent pas représentés.
Non, je ne veux pas mettre sur le même plan l'accessoire et l'essentiel, le badin et le réel.
On a besoin de prendre la mesure de cette question dont les scientifiques disent et répètent qu'elle est absolument essentielle. L'humanité a besoin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et singulièrement de gaz carbonique.
C'est un devoir d'humain.
Cela, c'est une prise de conscience, François Bayrou, elle aurait pu être faites politiquement il y a déjà 5 ans et pendant les 5 années qui viennent de s'écouler.
Elle a été faite.
Pas à ce niveau-là.
Je suis bien placé pour en parler. La relance du projet électronucléaire de la France, c'est la réponse et en même temps les renouvelables.
Et en même temps !
On peut s'arrêter une minute, deux phrases ?
Oui.
Vous ne pouvez pas développer le renouvelable, qui est par nature une énergie intermittente - il n'y a pas toujours du vent, il n'y a pas toujours du soleil - si vous n'avez pas à côté une source d'énergie stable que l'on appelle pilotable. Vous pouvez en ajouter ou en enlever. La seule source d'énergie pilotable qui n'émette pas de gaz à effets de serre, c'est le nucléaire et c'est pourquoi le nucléaire va se développer dans tous les pays du monde dans les années qui viennent, de manière à peu à peu près immanquable, et, de surcroît, c'est un secteur dans lequel nous avons une capacité, une technicité.
C'est un atout pour la France.
Alors, au moins, considérons que ce n'est pas par opportunité qu'il traite ce genre de sujet.
Est-ce que cela montre quand même que Mélenchon a un peu gagné ce premier tour ?
Il a fait une bonne performance. Après, je suis bien placé pour savoir que les troisièmes hommes, ils marquent des points, on les cultive pendant l'entre-deux tour et, après, c'est moins facile qu'on ne croit.
La recomposition de la majorité macroniste.
Est-ce que vous y comprenez quelque chose vous, François Bayrou. Je ne sais pas si vous avez regardé ce qu'a déclaré Édouard Philippe ce matin dans Le Figaro.
Il a rappelé qu'en 2002 il avait été l'un des artisans de la création de l'UMP et il vous a cité. Il a dit : François Bayrou disait, si nous pensons tous la même chose, c'est que nous ne pensons rien. Il est, a-t-il précisé, toujours important d'avoir en tête les grands auteurs.
Au-delà du persiflage, cela vous inspire quoi ? Le persiflage, c'est le sien à Édouard Philippe, à votre endroit ?
Je pense qu'il a raison, non pas sur les grands auteurs. On peut être des auteurs respectables sans être cités parmi les grands auteurs, mais je suis absolument sûr que cette phrase qui a marqué un tournant, vous vous en souvenez, était juste.
Cela veut dire qu'il ne faut donc pas une majorité d'un seul bloc ?
Il faut deux choses, il faut de l'unité, il faut que l'on travaille ensemble il faut que l'on se respecte, il faut que l'on puisse même avoir un sourire les uns à l'égard des autres, comme il l'a fait.
Il faut que l'on parle ensemble, mais il faut accepter ou protéger la diversité parce que je ne crois pas qu'un seul bloc, un seul groupe central opposé aux deux extrêmes, ce soit quelque chose de sain.
Vous allez finir par être d'accord Édouard Philippe et vous. Cela a mal commencé le quinquennat.
Peut-être sera-t-il d'accord avec moi comme ce que vous avez décrit et cité.
Emmanuel Macron, lui, vous bichonne, y compris publiquement. On va regarder ce qu'il a dit dans son seul meeting d’avant le premier tour, le 3 avril à l'Arena :
« Nos gouvernements se sont nourris de talents venant de tous horizons et nous avons continué de dépasser, et je sais combien cher Richard, cher François, cher Stanislas, cher Christophe, vous, tant d'autres, soldats de la première heure, vous avez considéré que ce dépassement était important. Je veux de manière trans partisane que nous puissions conduire ensemble dans les 5 ans qui viennent une réforme institutionnelle qui s’impose, laquelle donnera justement une plus grande place à toutes les sensibilités politiques, à tous les courants philosophiques dans notre assemblée.
Je sais, cher François, que c'est le combat d'une vie et donc je ne l'abandonnerai pas. »
Il ne pouvait pas vous faire plus plaisir.
Ce n'est pas de l'ordre du plaisir.
Disons vous satisfaire politiquement.
Ce n'est pas là que je mets le plaisir.
Vous mettez le plaisir où vous voulez, mais c'est une satisfaction politique.
Non, c'est l'aboutissement d'une réflexion logique et d'un engagement déterminé.
En ce qui vous concerne.
Oui.
En ce qui le concerne, moins ?
Mais, c'est un aboutissement, au moins pour lui et j'espère que nous pourrons aller plus loin.
Qu'est-ce cela veut dire ? Vous voyez la société française aujourd'hui ? Elle est explosée en préférences différentes, en mouvements différents, en blocs différents, en philosophies différentes et opposées entre elles.
On a connu les gilets jaunes, c'était une manifestation incroyable. Pour moi, la fracture la plus importante c'est la fracture entre la base de notre pyramide sociale et le prétendu sommet où sont les politiques, où vous êtes, les médias, et tant d'autres ; maintenant il y a aussi les scientifiques et les médecins. Tout le monde est dans le même bain.
Moi, ce qui m'intéresse, c'est ceux qui sont en bas.
Comment peut-on faire pour réparer, pour cicatriser ? Il faut respecter les sensibilités différentes et garantir que chacune peut être représentée.
Nos institutions sont rejetées parce qu'elles sont coupées de ces sensibilités-là et de l'expression des Français.
Il faut donc le refaire et, aujourd'hui, je ne connais personne qui soit contre ce grand mouvement.
Le seul mouvement politique qui était contre, c'était LR, mais je vous assure, comprenez-moi sans que j'aille plus loin, qu'aujourd'hui ils signeraient volontiers pour que l'on ait fait cela au moment où il s'y opposaient.
Nicolas Domenach, bonsoir.
J’ai été ému par l'hommage que vous a rendu Emmanuel Macron et exaspéré ; exaspéré car il pas fait la proportionnelle pendant les 5 ans quand il le pouvait, il y a 6 mois encore quand je le voyais, que je discutais avec lui sur ce sujet, il me disait : « je ne suis pas favorable ».
Bon, alors comment on va prendre cet engagement cette fois ?
C'est très simple.
J'avais adressé il y a plus d'un an une lettre que j'avais faite co-signer par quasiment tous les responsables de tous les mouvements politiques de l'extrême-gauche, Jean-Luc Mélenchon à l'extrême-droite et à toutes les sensibilités du centre et aux écologistes, et même vous vous en souvenez, des socialistes majeurs comme François Rebsamen et même des LR majeurs, comme Gérard Longuet. Ils avaient tous signé ce mouvement-là.
À l'époque, on n'en a pas suffisamment tenu compte, on n'est pas allé au bout de cet appel, mais aujourd'hui comment vous voulez faire autrement ? Et donc ce qu’a annoncé le Président de la République, c'est très simple c'est une grande réflexion trans partisane, on va pouvoir traiter cette question et une autre et, après, soit les assemblées tranchent, soit le peuple tranche et, pour ma part, j'ai toujours pensé, à tort ou à raison, que c'était une question qui ne serait définitivement et justement tranchée que par le choix des Français.
C'est-à-dire un référendum ?
Oui.
Vous avez évoqué tout à l'heure la possibilité de vous retrouver tous, de travailler ensemble et même de se sourire les uns les autres. J'ai cru voir un demi-sourire avec Édouard Philippe.
Mais alors, si Sarkozy venait en plus, le sourire serait épanoui ou non ?
Honnêtement, je n’ai jamais discuté avec Nicolas Sarkozy de ce sujet, car, pendant longtemps, on n'a pas abordé de sujet politique comme cela. Je ne sais pas si Nicolas Sarkozy veut faire partie de la majorité ou si ses amis veulent faire partie de la majorité, mais disons, si l’on prend aujourd'hui le périmètre de la majorité comme elle est, vous voyez bien que cela va du centre-gauche au centre-droit assez à droite, on peut avoir une organisation qui soit une organisation souple, unitaire mais souple - j'ai été secrétaire général de l'UDF et président de l'UDF dans ma vie donc j'ai une petite expérience de tout cela. Je sais que cela peut marcher si l'on est déterminé à ne pas se servir de cette organisation pour des avantages personnels, pour préparer des avantages personnels, pour éviter les guerres de clans et si j'ai mon mot à dire sur cette histoire, on ne sait jamais, je prendrai toutes les précautions nécessaires pour que l'on accepte la diversité des sensibilités et que l'on écarte les guerres de clans.
J’ai trouvé ces compagnons d'aventure trop optimistes à quelques jours, dire : cela y est, on a été bon et là on va gagner ?
Non tout optimisme dans cette période est déplacé.
Dans une élection présidentielle jusqu'à la dernière minute, les choses peuvent basculer parce que c'est comme cela, au moment dramatique où le peuple choisit son destin on ne sait jamais ce qui peut se produire.
Merci.