François Bayrou, invité de Caroline Roux sur France 2 dans les 4V

Le Président du Mouvement Démocrate était l'invité de Caroline Roux dans Les 4 V ce mardi 26 avril 2022 à 7h40.

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Le Président a été réélu. Êtes-vous de ceux qui disent que le plus dur commence ?

Oui, il n'y a pas de doute que la séquence qui s'ouvre, la nouvelle ère comme le Président de la République l’a appelée dans son discours de remerciements, c'est évidemment le défi le plus important, l'exigence la plus haute.

La question est : comment répondre à cette élection ? On s'imagine que les 19 millions de Français qui ont voté Emmanuel Macron ne lui ont juste pas dit : On continue comme avant.

Quelle est la réponse qu'il faut apporter ?

D'abord, il faut identifier les problèmes les plus importants.

Le problème le plus important pour moi, c'est cette rupture que l'on ressent entre une grande partie de la population et généralement ceux qui travaillent, ceux dont le revenu est plus faible, ceux qui habitent en province, le sentiment qu'ils ont que la société française comme elle est organisée avec ses pouvoirs, avec ses puissants ou en tout cas ceux qui font semblant d'être puissants, les médias, le monde politique, le monde intellectuel - je mets de gros guillemets à intellectuel - que tout ce monde-là ne reconnaît pas la société française comme elle est, et les femmes et les hommes et les familles comme ils vivent.

Cela veut dire que la priorité, c'est d'abord la réconciliation…

Oui.

… Trouver un moyen de leur parler à eux, ceux qui ne se sentent pas représentés ?

Oui, la réconciliation à la fois civique, le Président a dit : il y a ceux qui ont voté pour moi et naturellement ils ont une place ou une reconnaissance, ceux qui se sont abstenus, qui n’ont pas voulu choisir et ceux qui ont voté pour son adversaire Marine Le Pen, et tout cela forme une seule France.

Ce dont on ne se rend plus compte et donc je ne sais pas si le verbe réconcilier est le meilleur, "les souder", proposer à nouveau à tous ceux qui sont si divers d'avoir un projet en commun, de le partager et de trouver les méthodes pour que ce projet aboutisse.

Cela fait longtemps…

Cela fait longtemps que je le plaide.

Cela fait longtemps que vous le défendez en effet.

Est-ce un message social qui a été envoyé au Président de la République ? Est-ce une demande d’ordre, de fermeté ? En gros, est-ce une réponse de droite ou une réponse de gauche qu'il faut donner aujourd'hui ?

Je suis le plus mal placé pour répondre à votre question car depuis le temps que nous faisons des émissions ensemble, j'ai toujours plaidé que c'était une absurdité de découper les réponses entre droite et gauche.

Que l'on avait besoin au contraire d'une aspiration qui fédère, qui rassemble. C'est pourquoi j'ai toujours été un militant, un défenseur de l'idée d'un centre puissant parce que c'est là que l'on se retrouve et se réconcilie. Il y a des gens qui ont fait des carrières d'un côté et de l'autre et qui s'aperçoivent le moment venu que, dans les moments graves, ils sont ensemble.

Un message social ?

Social et civique. L'idée que nous ne vivons pas dans des mondes séparés et que la société avec ce qu'elle a, pour certains, de privilégié et pour d'autres d'efforts et de difficultés, cette société-là elle est une et notre projet français c'est même la marque spécifique dans l'histoire au travers des siècles du projet français. C'est cette unité-là qui nous permettra, dans les moments exigeants de dépasser les choses...

Comment ?

Un exemple...

...un exemple sur quoi ? Sur l'écologie ?

Sur l'écologie. Ce qui a été présenté, c'est en effet un défi technique et écologique d'inventer de nouveaux modes de déplacement et de polluer moins, en tout cas d'émettre moins de gaz à effet de serre. Mais si on y réfléchit bien, cela devrait aussi permettre à la société française de produire en industrie, en agriculture mieux qu'aucune des sociétés qui nous entourent et, si nous savons relever ce défi-là, alors nous serons devant, nous serons un pays qui sera à l’avant-garde.

Tout le monde a envie que cela se passe comme cela. La question, c’est : Quels sont les leviers ?

C'est déjà bien !

On en fait du chemin, cela veut dire.

Si une journaliste comme vous dans une émission comme celle-ci dit : tout le monde a envie que cela se passe comme cela, alors cela signifie que cela a bougé dans la société française.

Sur l’écologie, sur le nombre de morts, 48 000 victimes sur les émissions de gaz à effet de serre, je pense qu'il y a un consensus.

En revanche, sur la méthode. Comment est-ce qu’on arrive à faire pays, à faire Nation. C’est ce que vous expliquiez à l'instant. On entend beaucoup parler d'une nouvelle ère, d'une nouvelle méthode, de la concertation et, dans le même temps, on entend Bruno Le Maire qui dit qu'il n'exclut pas de prendre le 49.3 pour faire la réforme des retraites.

C'est quoi, la nouvelle méthode ?

Je vais défendre mes positions parce que je ne parle pas à la place des autres. Je pense que pendant très longtemps on a cru que la politique se résumait au passage en force, y compris au passage en force annoncé.

L'autorité.

« Je suis venu, dans mon programme il était écrit que j'allais faire ceci et donc j'ai désormais la liberté, l'autorité nécessaire, la légitimité de passer en force. »

Moi, je crois que ce temps est derrière nous.

Je pense que la société, ou enfin tous ceux qui vous écoutent et qui forment la France, ceux-là ont besoin d'être associés, convaincus, entraînés, que l'on ne considère pas qu'il faut au fond dépasser les oppositions des uns et des autres, que cela n'a aucune importance.

Vous savez, la méthode que Mme Thatcher utilisait et qui a fait beaucoup rêver un certain nombre de responsables politiques, ces méthodes-là...

C'est fini.

C’est fini, pour moi en tout cas.

Cela veut dire que les réformes difficiles, c’est fini ?

Pas du tout, c'est absolument le contraire. Si vous prenez le temps de poser le problème en termes compréhensibles, le problème du langage politique c'est que la plupart du temps il est incompréhensible pour ceux qui vivent avec nous parce qu'il est fait de statistiques et de mots tellement spécialisés.

Que l'on ne comprend plus rien.

Que personne ne les comprend.

Si vous prenez le temps en langage simple, en langage de tous les jours, d'expliquer les problèmes que l'on va avoir à résoudre, les solutions disponibles, de discuter ou de dialoguer avec…

J’entends ce que vous dites.

… l'ensemble des forces du pays et, au bout du compte, de trancher.

Cela veut dire que cette réforme des retraites qui va être un gros sujet du début du quinquennat, cela veut dire qu'il ne faut pas se dire que c'est une urgence, cela veut dire qu'il faut dire aux Français : On va se laisser le temps de la faire quand vous serez prêts ?

C'est une urgence, mais ce n'est pas une urgence en termes de jours.

C'est une urgence. On peut tout à fait prendre les quelques mois nécessaires pour que chacun des Français à sa place, au fond, fasse son choix, mesure ce qu'il en est.

Exemple très simple : si l’on ne fait pas la réforme des retraites, alors il y a deux options, ou bien on augmente les cotisations, cela veut dire que l'on baisse les salaires ou bien on baisse les pensions, cela veut dire que l'on baisse les retraites.

Est-ce un choix que les Français souhaitent ou acceptent ?

Je suis persuadé que non, à condition que tout le monde comprenne que l'on va traiter différemment ceux qui ont commencé à travailler très tôt, qu'ils vont avoir la possibilité de partir plus tôt, que l’on va traiter différemment tous ceux dont les métiers sont difficiles, physiquement difficiles parce que cela casse le dos, cela casse les reins ou bien simplement c'est tellement fatigant nerveusement, et qu'après on va faire de l'incitation.

Et si on a tout cela, on y arrive.

François Bayrou il faut une harmonie, une stéréophonie entre les deux figures de l'Exécutif. C'est ce que vous dites ce matin dans Le Figaro.

Il faut un clone d’Emmanuel Macron à Matignon ?

Non, sûrement pas ! Heureusement, l'harmonie, vous savez bien cela dans votre famille, ce n'est pas entre semblables. L'harmonie, c'est entre des personnalités dont la marque de fabrique personnelle est différente, mais qui simplement souhaitent, ont envie, rêvent, vibrent aux mêmes choses, et si l’on a cela, alors c'est à la fois du respect mutuel et de la complicité.

Quand on vous entend parler, on sait que vous avez cela avec Emmanuel Macron. Pourquoi ce ne serait pas le moment aujourd'hui, pour vous, d'aller à Matignon ?

Je ne parle jamais de ces sujets à la première personne parce que vous voyez bien que cela fausse complètement le jugement si celui que vous interrogez vient et, en fait, s'il a derrière la tête…

Non, mais vous pourriez dire : je suis prêt.

…Que c'est pour lui qu'il parle, cela fausse complètement la discussion.

Vous voyez par exemple, Ségolène Royal, on lui pose la question, elle dit : « Si la question m'était posée, je réfléchirais. »

Eh bien, si j'étais Ségolène Royal, vous le sauriez !

Cela ne nous aurait pas échappé, vous avez raison.

La République en Marche, le MoDem, Horizons, les arrivants de gauche, les futurs entrants de droite, à quoi doit rassembler la majorité ?

C'est très simple. Il y a deux enjeux, je ne dis pas qu'ils sont si faciles parce que rien n'est facile dans la vie comme vous savez.

Le premier, c'est l'unité. On ne peut pas se lancer dans une période aussi difficile que celle-là avec des gens qui travaillent, agissent en fait les uns contre les autres, pour eux, pour leurs propres objectifs et, la deuxième chose, c'est le respect de la diversité, des différences. On n'est pas tous pareils, on ne pense pas tous de la même manière, j'ai déjà dit cela autrefois dans une autre histoire.

À l'UMP.

Mais on peut travailler et agir et réfléchir ensemble.

Merci beaucoup.

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