François Bayrou, invité de France Info 

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François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité de la matinale de France Info ce lundi 29 novembre à 8h30.

📺▶️ https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/8h30-fauvelle-dely/crise-migratoire-lancement-du-mouvement-ensemble-citoyens-obligation-vaccinale-le-8h30-franceinfo-de-francois-bayrou_4844915.html

François Bayrou, bonjour.

Bonjour.

Nous ne savons pas grand-chose du nouveau variant du coronavirus baptisé Omicron, mais plusieurs pays ont déjà renforcé les mesures de restriction à leurs frontières. Le Japon et Israël ferment notamment entièrement leurs frontières aux étrangers jusqu'à nouvel ordre.

Faut-il faire la même chose en France ou est-il déjà trop tard ?

J'espère que ce n'est pas trop tard. Vous avez vu le nombre de cas repérés. Tous les laboratoires séquencent aujourd'hui les virus repérés. Il est à craindre que ce virus se soit déjà répandu.

Pour ce que nous en savons, sa dangerosité tient essentiellement pour l'instant au fait qu'il est beaucoup plus contagieux que tous les autres. Cela signifie également qu'il fait courir des risques plus importants, car une nouvelle mutation peut être une mutation gravissime.

Je vais vous dire ma crainte, je l'ai déjà dite à votre micro, c'est qu'un jour, ce virus connaisse une mutation qui lui permette de s'attaquer aux jeunes enfants. Ce jour-là, nos sociétés se trouveront dans un danger extrême de déstabilisation.

Alors, certains ont l'impression que ce n'est pas possible, mais, si nous réfléchissons, au fond, l'assez grand calme que nous avons aujourd'hui en face du virus vient de ce que ce que nous avons de plus précieux, les bébés, sont, pour l'instant, à l'abri.

Il touche les plus fragiles, ce qui le rend plus "acceptable" ?

On dit cela. Ce que vous dites, la plupart des personnes le croit, la plupart des personnes croit que le virus, au fond, ce n'est pas grave, il ne s'attaque qu'aux personnes qui allaient être en situation de santé très grave dans quelques mois.

Ce n'est pas vrai.

Une étude épidémiologique de l'Institut de Marseille, l'IUH Méditerranée dont on a tellement parlé, montre que ce virus n'a pas du tout cet effet de moisson - harvesting en anglais -, c'est-à-dire de faucher ceux qui allaient être, hélas, en situation de santé grave.

Ce virus-là prive les personnes qui en sont victimes de 10 ans de vie. Je parle en chiffre "gros". 

De ce point de vue, il n'y a qu'une défense, c'est la vaccination pour ralentir le virus et diminuer sa gravité.

Nous attendons les résultats des laboratoires qui vont vérifier si les vaccins peuvent agir efficacement contre le nouveau variant.

Je repose la question de Marc Fauvelle : faut-il fermer les frontières, puisque nos voisins européens aussi sont touchés ?

Les voisins européens, c'est nous. Il n'y a pas de frontières pour le virus.

Ce grand ensemble européen…

Comment nous protégeons-nous ?

… Doit prendre des décisions ensemble.

Nous protéger, nous sommes en train de le faire. Nous avons fermé tous les vols en provenance de l'Afrique australe, nous avons fermé les vols en provenance de cette partie du monde où le virus a explosé.

Nous sommes en train de le faire.

Ne faut-il pas faire plus ?

Le fond de ce que je pense est que le jour viendra où c'est la vaccination obligatoire qui s'imposera.

Vous pensez que nous y allons ?

J'ai toujours pensé cela, depuis le début, car, concernant cette épidémie, nous avons cru pendant très longtemps qu'elle était une flambée et qu'elle passerait, que, comme bien d'autres épidémies, nous connaîtrions d'abord un répit et ensuite sa fin, qu'elle disparaîtrait.

Or, ce n'est pas vrai. Peut-être vous souviendrez-vous qu'il y a plus d'un an, j'ai publié au plan la première étude européenne qui envisageait la question sous cet angle. Le titre était : "Et si le Covid-19 durait ?".

Dites-vous que c'est le moment de le faire ?

Certains disent qu'il faut y réfléchir. Yannick Jadot le dit depuis des mois et des mois. Hier, sur ce même plateau, Anne Hidalgo a dit : "Oui, il faut ouvrir ce débat".

Je dis cela depuis le mois de janvier, y compris à ce micro.

Au départ, on craignait que le vaccin ait des effets secondaires. Certaines personnes disaient que cela allait être une hécatombe. Nous nous apercevons aujourd'hui que c'est absolument faux et que les premières doses et celles de rappel ne font absolument pas encourir des risques d'effets secondaires.

Je rencontrais encore hier des personnes qui me disaient : "Je me vaccinerai le jour où ce sera obligatoire", comme si elles voulaient attendre que les autorités prennent leurs responsabilités.

Vous dites que c'est le moment pour Emmanuel Macron et qu'il faut rendre obligatoire le vaccin ?

Il sait bien ce que j'en pense. Je l'ai toujours pensé. Il me semble qu'il faut réfléchir à l'obligation vaccinale.

Nous le faisons pour onze vaccins. Vous avez des enfants, ils reçoivent onze ou quatorze vaccins, je ne me souviens plus.

Onze, de mémoire.

Ils reçoivent onze vaccins obligatoires.

Lorsque vous voulez aller en Afrique ou en Guyane, c'est la fièvre jaune et vous êtes obligés de vous vacciner.

Je ne comprends pas la réticence, maintenant que nous savons que les effets secondaires ne sont pas là.

Vous voyez ce qui se passe aux Antilles. La situation tendue aujourd'hui est due au refus de l'obligation vaccinale des soignants, mais également au refus du passe sanitaire.

Vous, vous voulez rendre obligatoire le vaccin, mais que faisons-nous pour les Antillais, les Martiniquais, les Guadeloupéens ?

C'est une question différente.

Ils sont Français.

Je ne crois pas que la situation aux Antilles soit uniquement due à la question de la vaccination.

Cela a été un déclencheur.

D'ailleurs, je crois qu'un grand nombre de ceux qui manifestent sont eux-mêmes vaccinés. Ce n'est donc pas la question.

Il me semble que la question des Antilles est une de ces questions obsédantes depuis longtemps, la question de l'Outre-mer.

En fait, mon sentiment, et ce n'est pas seulement sur ce sujet, est que ce Gouvernement, ce Président de la République ont à traiter des questions qui sont en dégradation constante depuis 30 ans. 

Vous prenez l'industrie, la perte des parts de marché industrielles, des emplois industriels et des savoir-faire industriels. Cela fait 30 ans que cela dure.

Vous prenez la situation de l'agriculture. Cela fait 30 ans que cela dure.

Vous prenez l'Éducation nationale, cela fait au moins 25 ans que cela dure.

Que faisons-nous pour les Antilles où cela explose ?

Proposons-nous l'autonomie comme le propose le Ministre des Outre-mer ?

Prenez un exemple et, ensuite, je vous proposerai une stratégie.

Un exemple : c'est simple, à la Guadeloupe, un des problèmes principaux, ce sont les réseaux d'eau qui sont totalement explosés.

Toute une partie de la population qui n'a tout simplement pas d'eau potable.

Elle n'a pas d'eau potable plusieurs heures par jour et nous sommes obligés de rationner.

Cette question des réseaux d'eau, cela fait des décennies qu'elle dure. Pour y faire face, il n'y a qu'une réponse possible, c'est la proposition et l'adoption d'un plan pour la Guadeloupe, pour la Martinique, pour les territoires d'Outre-mer, d'un plan adapté.

Cela peut-il aller de pair avec plus d'autonomie ? À savoir un plan aujourd'hui pour aider les Guadeloupéens à avoir de l'eau potable et plus d'autonomie, donc couper un peu le cordon avec la métropole…

Le cordon, à supposer qu'il soit actif… Je ne sais pas exactement ce qu'autonomie veut dire.

Je vois bien l'attente, la revendication que, sur un territoire, les élus aient davantage de responsabilités, qu'ils puissent prendre des décisions et les orienter.

Le mot autonomie peut vouloir dire des milliers de choses.

Ce n'est pas l'indépendance ?

Les fonctionnaires sont-ils payés par de l'argent prélevé sur place ? Par des impôts locaux ? L'autonomie, c'est cela en principe.

Évidemment, ce n'est pas possible ou accessible.

Je vois bien qu'il y a une réflexion autour de la prise de responsabilité des élus sur le territoire qui est le leur. C'est une réflexion bienvenue, juste.

Quant à savoir ce que nous mettons sous le mot autonomie, j'ai beaucoup de points d'interrogation.

Fil info…

Encore un mot de la crise sanitaire, François Bayrou.

À la mi-octobre a été prise une décision pour convaincre les non-vaccinés d'aller se faire vacciner : rendre payants les tests PCR pour tous ceux qui ne sont pas vaccinés.

Étant donné ce qui se passe aujourd'hui et l'inquiétude sur ce nouveau variant, faut-il renoncer et rendre à nouveau ces tests gratuits ?

Je ne crois pas que les tests permettent de lutter efficacement contre l'épidémie…

Cela permet tout de même le dépistage.

… Car il y a un délai de plusieurs jours, qui peut exposer à la contamination.

Mon intuition, ma vision des choses est que seule la vaccination est efficace en face de l'épidémie et, d'ailleurs, vous le voyez bien : aujourd'hui, beaucoup de Français sont vaccinés et quelle est l'allure de l'épidémie ?

Elle est très simple : il y a beaucoup de contaminations, mais les hôpitaux sont, pour l'instant, eux, relativement préservés des cas les plus graves. Pourquoi ? Car nous avons vacciné.

Cette idée-là de trouver une stratégie générale permettant de résister à la contamination massive et donc d'empêcher ou de ralentir les variations du virus me semble la seule efficace.

Pour le reste, j'imagine que le Gouvernement prendra des décisions sur ce sujet.

François Bayrou, Nicolas Hulot est désormais accusé par six femmes d'agression sexuelle et de viol. Le Parquet a ouvert une enquête préliminaire après la diffusion du reportage d'Envoyé spécial la semaine dernière.

Vous étiez au gouvernement avec Nicolas Hulot, brièvement Ministre de la Justice. Aviez-vous eu vent de rumeurs, d'informations sur ce sujet ?

Jamais.

Comment auriez-vous réagi si des rumeurs étaient arrivées jusqu'à vous ?

Honnêtement, je ne connais pas cette affaire. 

Aujourd'hui, tout le monde s'empare de déclarations et d'affaires. Vous êtes un spectateur, si j'ose dire, de l'autre côté de l'écran. Vous entendez ces témoignages, pour certains en effet très bouleversants, mais vous n'avez aucun moyen de savoir ce qui s'est passé.

Cela devrait être le travail de la justice, mais, en France, comme vous le savez, la justice vient après les vagues de rumeur. C'est comme cela.

Quoi qu'il en soit, je ne sais rien de cette affaire. Je n'en ai jamais entendu parler.

J'ai trouvé très bouleversant le témoignage de la petite-fille de François Mitterrand, mais, pour le reste, je n'ai aucun élément d'aucune sorte.

Le témoignage de Pascale Mitterrand, la petite fille de François Mitterrand, a été dévoilé indirectement il y a trois ans, en 2018, dans un journal qui s'appelait l'Hebdo, qui avait révélé que, dix ans plus tôt, une plainte avait été déposée par cette jeune femme, mais qu'elle avait été classée sans suite, car les faits étaient notamment prescrits.

À l'époque, nous avions vu une partie du Gouvernement monter au front pour soutenir Nicolas Hulot. Nous avions même vu Marlène Schiappa, chargée de l'Égalité entre les hommes et les femmes, venir défendre Nicolas Hulot à l'Assemblée nationale.

Vous semble-t-il qu'à l'époque, le Gouvernement a fait preuve de légèreté en soutenant Nicolas Hulot face à ce qui était, encore une fois, une accusation et une plainte classée sans suite ?

Je ne peux pas dire cela, car je ne sais pas ce qui s'est passé. 

Évidemment, vous êtes dans un Gouvernement, des effets de solidarité peuvent parfois conduire à des prises de position ou des imprudences. Tout cela, c'est hélas la vie de tous les jours.

Cependant, sur ces affaires, y compris dans les semaines où j'ai été Garde des Sceaux, je n'ai eu aucun élément particulier.

Une dernière question sur le sujet… Comme Marc l'a dit, la plainte date de 2008.

Lorsque l'on nomme un Gouvernement, un Ministre, faut-il faire les vérifications en ce sens, comme on le fait pour la fiscalité ou le patrimoine ?

Nous devrions et nous nous apercevons que ce n'est pas très bien fait et que, dans la précipitation de la formation d'un Gouvernement, une mission est mise en place et elle regarde parfois des choses secondaires au lieu de regarder des choses essentielles.

Tout cela n'est pas très bien fait.

Si la vérification avait été faite, Nicolas Hulot n'aurait donc peut-être pas dû être Ministre ?

Je n'en sais rien. Vous essayez de me tirer sur un terrain où je n'irai pas, car je ne sais pas.

Peut-être y a-t-il un problème de précipitation lorsque les Gouvernements se forment. On est dans une ambiance effervescente, celle de l'alternance, où tout le monde veut monter dans le train, lequel a envie de partir.

Il suffit parfois de décrocher son téléphone pour dire oui ou non au Président de la République et une décision peut se prendre en 24 ou 48 heures, sans les vérifications nécessaires.

Il y a des vérifications, mais pas celles sérieuses dont on devrait avoir besoin.

Nous allons essayer de comprendre ce qui se passe ce soir à Paris, avec vous, François Bayrou, puisque vous allez participer au meeting de lancement de la maison commune de la majorité qui va réunir sous le thème toit votre mouvement, le MoDem, mais aussi le nouveau parti d'Édouard Philippe, également le petit parti de centre droit Agir, le petit parti de centre gauche Territoire de progrès.

J'en oublie je crois, pardon.

Oui, En marche !

On nous dit que cela ne sera pas un parti politique, mais un mouvement.

Pouvez-vous, pour les profanes politiques qui nous écoutent, nous expliquer en trente secondes ce que c'est que cet Ensemble citoyens ! qui va voir le jour tout à l'heure ?

Ensemble citoyens !, c'est le rassemblement de tous les courants qui soutiennent l'action du Président de la République et, pour moi, c'est la préfiguration ou le début de réalisation d'un grand courant politique dont la France a besoin, qui est au centre de la vie politique française, qui est démocrate et républicain.

Or, le mot que nous avons trouvé, qui rassemble démocrates et républicains, c'est "citoyen".

Citoyen, cela veut dire, dans l'état du pays et l'état du monde comme ils sont, moi, électeur, moi, engagé, je suis responsable. Je ne suis pas devant les événements du monde en pensant que c'est toujours la faute des autres, toujours la faute des gouvernants, la faute des précédents, la faute des suivants ou de l'étranger.

La responsabilité civique - j'ai été responsable de l'éducation civique à l'époque - commence par cette déclaration de responsabilité-là : "Je suis, vous êtes, nous sommes citoyens, car nous nous proclamons responsables d'une partie de l'état de la société, de l'état du pays et des décisions à prendre".

C'est une très grande différence.

Fil info …

Nous parlions juste à l'instant du grand mouvement que vous allez créer ce soir avec les autres partis de la majorité.

Pourquoi n'est-ce pas un grand parti central ?

C'est ce que vous souhaitiez… 

C'est ce que je souhaitais.

… Et Édouard Philippe s'y est opposé.

C'est ce je souhaite toujours et, en effet, certains n'ont pas voulu aller dans ce sens.

Un certain nombre ou une certaine personne ?

Sans doute étaient-elles plusieurs et je ne veux pas faire de polémique à l'intérieur.

Je pense que tout le monde ira et tout le monde comprendra que c'est ce grand mouvement dont nous avons besoin pour deux raisons extrêmement pertinentes l'une et l'autre.

Vous voyez bien, car vous recevez dans ce studio absolument tous ceux qui participent à la vie publique, les dérives, les expressions, les remises en cause de tout ce que l'on a cru établi, solide pendant longtemps et qui, tout d'un coup, toutes les questions sur l'origine, la détestation, la religion, la couleur de peau reviennent dans le débat public, alors qu'on les croyait disparues depuis extrêmement longtemps, avec des inquiétudes qui les sous-tendent et qui méritent que l'on s'y arrête.

C'est pourquoi on a besoin d'un grand mouvement.

Au fond, un bateau a besoin d'une quille, et, une quille, qu'est-ce que c'est ? C'est un équipement permettant au bateau de ne pas chavirer d'un côté ou de l'autre. C'est exactement ce dont on a besoin avec aussi une philosophie, une manière de voir le monde. 

Je dis que la philosophie de cet ensemble est humaniste.

En lançant ce grand mouvement à cinq mois de la présidentielle, quel est l'objectif ? Donner une impulsion supplémentaire à Emmanuel Macron ?

C'est pour donner une possibilité d'engagement à tous ceux qui le souhaitent ou le veulent.

Est-ce aussi, François Bayrou, pour se distribuer les circonscriptions législatives ?

Oublions cela. Les circonscriptions législatives… 

Il avait été question que ce mouvement soit doté d'une Commission d'investiture.

Il y aura forcément une investiture de ce mouvement.

Ce n'est pas ce que dit…

Oui, mais c'est ce que je dis. 

Qu'avez-vous mis dans les statuts ?

Chaque candidat aura-t-il, sur ses affiches de campagne et ses bulletins, un tampon Ensemble citoyens ! ou pourrait-il y avoir, dans certaines circonscriptions, un candidat Agir, un deuxième du MoDem et un troisième En marche.

Non.

Il y a donc une Commission d'investiture unique.

Ce n'est pas ce que dit Édouard Philippe.

Permettez-moi, c'est moi qui ai travaillé à l'écriture des engagements.

C'est l'un des dirigeants également du mouvement.

Le premier de ces engagements est que nous soutiendrons le même candidat à l'élection présidentielle, qu'il n'y aura pas de candidat des uns contre les autres et c'est la moindre des choses, sinon vous ne faites pas un mouvement.

Cela a les conséquences que vous dites.

Le deuxième engagement est le suivant : aucun des membres de cette famille qui se constitue ne pourra empêcher d'autres membres d'avancer ensemble pour aller plus loin dans le rapprochement, pour aller plus loin dans la constitution.

En interne, il y aura donc des tensions avec Édouard Philippe, car vous allez batailler pour les élections législatives ?

J'espère qu'il n'y aura pas de tensions.

Chaque partie a envie d'avoir le plus de candidats possible.

Vous ne vous rendez pas compte que l'élection qui vient est celle du Président de la République et toute tension gênerait cette élection.

La bataille est pour après…

Le travail à faire est pour après.

Il faudra clarifier la question de la Commission d'investiture, car, si je peux me permettre, ce que vous dites est différent de ce que dit Édouard Philippe.

Vous dites : "C'est moi qui ai rédigé les statuts".

Il y a un loup, comme le disait la grand-mère de Martine Aubry.

Nous aurons une investiture unique dans les circonscriptions et c'est bien la moindre des choses.

Nous avons repris ce principe des institutions européennes, à savoir que tout le monde a des engagements de base, des engagements élémentaires et ceux qui veulent aller plus loin - on appelle cela les coopérations renforcées et j'ai proposé avancées - peuvent le faire, aucun des autres ne les gênera pour avancer en ce sens.

Pour ce grand courant démocrate, le travail de rapprochement, le travail en commun, la mise en place de réseaux d'engagements en commun, nous allons le faire.

Xavier Bertrand, le Président de la région Hauts de France, qui était ce matin l'invité de France Info, a fait une proposition pour tenter de régler le bras de fer sur les migrants en ce moment avec le Premier Ministre britannique Boris Johnson. Il dit : "Arrêtons avec les accords du Touquet qui font que ce sont les Français qui surveillent aujourd'hui avec l'aide des Anglais la frontière", frontière qui est de notre côté de la Manche.

Il dit qu'il faut arrêter, dénoncer l'accord du Touquet et autoriser les migrants à prendre le ferry. Ils achètent leur billet et nous les laissons partir, ce qui évitera des drames que nous avons connus ces derniers jours.

Est-ce une bonne idée ?

Vous voyez combien, dans les campagnes électorales, il y a des moments où cela dérape complètement.

L'idée qu'a avancée Xavier Bertrand est irresponsable.

Pourquoi ? Car, si tous les pays voisins choisissent la même attitude, alors ils poussent… Imaginez, nous avons eu cela avec la frontière italienne, nous sommes en train de vivre cela avec la Biélorussie et la Pologne. Nous avons vécu cela avec la Turquie.

On fait entrer des migrants… Quand on ne les invite pas à entrer, personne ne s'occupe d'eux et c'est une incroyable anarchie qui se passe entre les pays.

C'est un appel d'air, pour dire les choses autrement ? Est-ce cela ?

Vous dites en gros que, ce que propose Xavier Bertrand, c'est ce que fait la Biélorussie, mais ce n'est pas la même chose. La Biélorussie va chercher les migrants au Liban ou en Syrie.

Si vous dites : "Vous pouvez passer librement sur notre territoire pour gagner le pays voisin", imaginez ce que cela fait en Europe comme anarchie entre les pays européens ?

Vous vous souvenez que les accords du Touquet ont été signés à l'époque par un Gouvernement UMP.

2003/2004.

C'était Jacques Chirac qui était Président de la République. C'est donc le courant de Xavier Bertrand qui a signé ces accords.

De même, en 2013, ont été signés les accords de Dublin pour essayer de mettre un peu d'ordre et que chaque pays essaie de ne pas favoriser la circulation.

Le risque, c'est l'afflux de migrants venant d'autres pays européens vers la France pour pouvoir aller en Angleterre ?

C'est exactement ce que nous sommes en train de vivre et il n'est donc pas responsable de prétendre que nous allons faciliter leur passage, car, de l'autre côté de la frontière, nous, quand il s'agit de la frontière italienne, ou les Britanniques avec notre frontière, nous nous trouvons dans une situation totalement déstabilisée.

Merci beaucoup, François Bayrou.

Merci à vous.

 

Seul le prononcé fait foi.

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